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Les pays arabes devraient suivre le modèle iranien

mardi 7 avril 2015 - 15h:27

Abdel Bari Atwan

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Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien à l’arrogance sans limites, a maintenant le toupet de contester l’accord conclu entre les Six et l’Iran sur son programme nucléaire, en disant qu’on n’a pas le droit de le signer tant qu’il n’inclut pas une reconnaissance claire et précise du droit d’Israël à exister.

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Le Président iranien Hassan Rouhani - Photo : Reuters/Jewel Samad

Heureusement cette demande saugrenue a été rejetée immédiatement par la porte-parole du Département d’Etat, Marie Harf, qui a déclaré, « Cet accord ne porte sur aucune autre question, et il ne le doit pas non plus. »

Cette réponse claire et nette indiquait sans équivoque à Netanyahu qu’il ferait mieux de cesser d’aboyer des ordres sur des questions qui n’avaient rien à voir avec lui, car il ne trouverait personne pour l’écouter – en tous cas pas pendant la mandature de l’Administration actuelle.

Netanyahu n’a pas cessé d’œuvrer non seulement pour que Washington continue de refuser à l’Iran le droit à l’énergie nucléaire, mais pour convaincre son allié de la Maison Blanche d’attaquer militairement l’ennemi juré de Tel Aviv.

L’attitude du Premier ministre israélien a trois principales raisons :

- Premièrement, il y a une demande internationale croissante pour qu’Israël mette de l’ordre dans sa propre maison en ce qui concerne l’énergie nucléaire et pour que Tel Aviv accepte de replacer l’usine de traitement nucléaire de Dimona dans le cadre du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Actuellement, Israël nie jusqu’à l’existence de Dimona !

- Deuxièmement, si Washington lève ses sanctions contre l’Iran, elle deviendra la plus grande puissance régionale du Moyen-Orient et un allié alternatif fiable et efficace pour Washington.

- Troisièmement, l’accord va encourager d’autres puissances régionales comme l’Égypte, la Turquie et l’Arabie saoudite à se doter de capacités nucléaires, ostensiblement à des fins pacifiques et pour une utilisation domestique, mais laissant la possibilité d’un enrichissement au degré nécessaire à leurs besoins militaires au cas où...

Si l’Iran, a réussi, malgré l’embargo américain qui dure depuis plus de 30 ans, à développer un programme nucléaire et à accumuler un arsenal de haut niveau technologique, on peut imaginer à quelle vitesse il progressera une fois les sanctions levées.

Netanyahu n’est pas seul à s’inquiéter du fait que l’Iran soit sur le point de bouleverser l’équilibre des pouvoirs et de devenir LA superpuissance régionale. Cela entrainera des conséquences sur la situation de ses propres alliés régionaux, en diminuant, par exemple, la pression sur la Syrie et l’Irak ainsi que sur les composantes chiites du Liban, du Yémen et du Bahreïn.

Malgré le rapprochement avec Washington, il y a peu de chances que Téhéran et Washington - même après la signature de cet accord historique – redeviennent les amis intimes qu’ils étaient à l’époque du Shah, lorsque l’Iran jouait le rôle de gendarme régional à la demande de l’Amérique. La direction actuelle possède un degré élevé de fierté nationale, et n’a pas l’ambition de rejoindre l’OTAN. En outre, elle a des liens étroits avec la Russie au moment où le vent glacé de la guerre froide se fait sentir une fois de plus.

Le président américain Barack Obama veut laisser une trace dans l’histoire au moment où son second et dernier mandat s’approche de la fin, et cet accord capital avec l’Iran est une grande réussite qui justifie probablement son Prix Nobel de la Paix.

Néanmoins, il ne veut pas s’aliéner ses anciens alliés, un peu négligés, comme l’Arabie saoudite et les États du Golfe et il les a invités à un sommet de printemps à Camp David pour apaiser leurs craintes d’être marginalisés.

Nous ne savons pas si Netanyahu sera lui aussi invité au sommet de Camp David ou s’il sera convié à une autre réunion, mais nous savons qu’Obama devra affronter la mauvaise humeur et la fébrilité des délégations arabes, ainsi que leur déception non dissimulée devant la perfidie de l’allié américain à qui on ne peut faire confiance.

L’accord irano-étasunien peut être considéré comme un revers pour certains pays arabes, mais il a pour avantage de diminuer l’influence régionale d’Israël et peut, par conséquent, conduire à un règlement honorable de la question palestinienne.

On peut aussi espérer que les gouvernements arabes apprennent de l’expérience iranienne qu’il est possible non seulement de survivre, mais de prospérer, sans la protection étasunienne. L’Iran ne s’est pas laissé intimider par les navires de guerre et les porte-avions américains ; il a défendu farouchement son indépendance et sa vaillance et son opiniâtreté ont finalement payé.

Peut-être que nous allons maintenant voir les pays arabes faire preuve du même cran et, pourquoi pas, assister à une renaissance arabe ?

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* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai Alyoum : Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan

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7 avril 2015 - Raï al-Yaoum - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.raialyoum.com/?p=240278
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet


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