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Égypte : sang et business

dimanche 15 mars 2015 - 06h:59

Amr Darrag

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Le régime d’Abdel Fattah Al-Sisi a misé tout son avenir sur une conférence d’investissement, grâce à laquelle il espère attirer des investissement directs de l’étranger.

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La répression en Égypte a, depuis le coup d’État, fait plusieurs milliers de victimes, et on estime qu’il y a aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers de prisonniers politiques, soumis à la torture et à des procès qui ne sont que de sinistres parodie de justice - Photo : Getty/Mahmoud Khaled

L’Égypte n’a pas besoin de foreign direct investment ou FDI. En Revanche, l’Égypte a besoin d’une véritable et cohérente stratégie économique et de développement dont les FDI ne sont qu’un des aspects.

Juste après la révolution du 25 janvier 2011, le parti de la Liberté et de la Justice, pour lequel j’étais membre du Conseil Exécutif, avait justement proposé ce type de stratégie économique et de développement, à la fois complète et intégrée, qui aurait pu tirer l’Égypte hors de son état chronique avec une économie fonctionnant en-dessous de ses capacités.

Nous avions compris qu’un certain nombre de réformes essentielles étaient nécessaires afin de disposer :
- d’une administration transparente et sans corruption,
- d’une fonction publique et d’une bureaucratie plus réduite et de service efficaces
- d’un soutien à la création d’un secteur actif d’entreprises petites et moyennes
- d’un système de subventions plus réduit, mais plus efficace et plus justement réparti
- de FDI.

Le régime de Sisi est corrompu. Les fuites récentes ont définitivement révélé le véritable objectif des forces armées : siphonner l’argent des coffres publics, tout en se prétendant responsables de la reprise économique du pays.

En outre, la nature répressive du régime (en termes de droits fondamentaux, l’Égypte se range aujourd’hui au rang 90 sur une liste de 99 de pays, selon le World Justice Project) coûte très cher à maintenir. Le régime achète l’influence populaire par les médias et achète la fidélité de l’armée et des policiers par de multiples avantages. Le résultat est que les dépenses sur la sécurité surpassent les dépenses combinées pour l’éducation et la santé.

Mais ce n’est pas tout. Le régime de Sisi dépend fortement des mêmes bureaucrates que sous l’ère Mubarak, lesquels sont responsables des politiques économiques et sociales qui ont poussé l’Égypte à la révolution. La politique fiscale a été décrétée sans le moindre soucis des segments les plus vulnérables de la société, et tandis que l’armée et les oligarchies qui la soutiennent pillent ce qu’il reste de ressources, les Égyptiens du peuple ont été abandonnés et livrés à eux-mêmes face à des prix en hausse, à l’inflation et à une épargne dévaluée.

Ainsi, alors que l’Égypte a besoin d’investissement direct étranger en tant qu’élément d’un plus large plan économique pour entamer une récupération et aller vers un ordre social plus stable et plus juste, avoir seulement recours aux FDI, sous un tel régime, ne permettra pas de réussir. Bien au contraire... Les FDI arrivant dans le pays dans ce contexte ne feront que soutenir les militaires qui sont responsables du régime le plus répressif de l’histoire moderne de l’Égypte.

Le catalogue des abus commis par ce régime est énorme. Non content d’être responsable de meurtres extrajudiciaires, de tortures, de viols et de détentions illégales et inhumaines à l’encontre des Égyptiens, le régime a récemment déployé son entreprise criminelle dans la Libye voisine. Deux organismes importants de défense des droits de l’homme (Amnesty International et Human Rights Watch) ont qualifié de crime de guerre l’assaut récent des militaires égyptiens sur la Libye au cours duquel des enfants et d’autres civils ont été tués.

Que les investisseurs soient prévenus

Aucun accord ou disposition écrite par ce régime ne sera automatiquement honoré par un gouvernement soucieux des intérêts nationaux dans l’avenir. Chaque cas sera évalué selon ses propres mérites pour s’assurer qu’il sert vraiment les intérêts et les besoins de l’Égypte et de tous les Égyptiens.

Toutes les dispositions ou accords seront examinés de façon approfondie afin de s’assurer qu’ils sont exempts d’arrangements et dessous de table. En outre, tout participant à cette prochaine conférence d’investissement, devrait se poser la question simple suivante : « Puis-je porter la responsabilité des massacres et d’autres violations des droits de l’homme que ce régime oppressif commet grâce à l’argent de mes investissements, lui permettant de perdurer et de commettre d’autres crimes ? »

L’opposition à ce régime corrompu, criminel, et meurtrier s’est manifestée et construite dès le début. Un très grand nombre d’Égyptiens veulent voir une Égypte libre, démocratique et plus juste, qui soit un membre respecté et responsable de la communauté internationale.

Les Égyptiens ont tracé une ligne dans le sable : nous ne permettrons pas à l’armée d’entraîner à nouveau l’Égypte dans l’abîme, comme elle l’a fait consciencieusement depuis 1952, et tous ceux qui souhaitent continuer à soutenir la véritable Égypte devraient comprendre qu’il ne s’agit pas simplement une fois de plus de faire du business as usual.

13 mars 2015 - Middle East Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
https://www.middleeastmonitor.com/a...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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