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Le résistant Muataz Washaha est assassiné par Israël, alors que se poursuit la comédie des « pourparlers »

dimanche 2 mars 2014 - 19h:52

Shahd Abusalama

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Les mots me manquent. Rien de ce que nous pourrions dire ne rendra justice aux martyrs qui tombent chaque jour, à la douleur qui grandit dans nos cœurs, aux flots de larmes des opprimés.

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Une large foule a suivi participé à l’enterrement, à Bir Zeit, du martyr Moataz Washaha, assassiné de sang froid par « les forces spéciales » de l’occupation qui ont encerclé, détruit et brûlé sa maison alors qu’il refusait de se rendre

Les mots perdent leur force quand ils parlent du peuple palestinien qui fait face à une lutte quotidienne pour survivre une occupation brutale qui ne respecte aucun de leurs droits les plus fondamentaux.

Les mots perdent de leur force pour un peuple palestinien qui lutte quotidiennement pour survivre sous une occupation brutale qui ne reconnaît pas les plus élémentaires de ses droits humains. Le plus douloureux, le plus décevant, c’est que nos supposés « dirigeants » soient complices de ces crimes et fournissent sans vergogne la première ligne d’impunité et de défense à l’occupation israélienne pour qu’elle continue à nous attaquer et à nous terroriser.

Très consciente de la façon dont la situation se détériore à un point intolérable, la direction reste engagée dans des négociations dénuées de sens, qui n’apportent de justice ni à nous, ni à nos martyrs. Israël a tué 40 Palestiniens depuis le début des négociations organisées par les Etats-Unis entre l’Autorité palestinienne et Israël.

Chaque nuit, avant de nous endormir, nous continuons d’espérer un matin plus lumineux, avec davantage de sécurité, de liberté et de justice. Mais tous les jours, nous nous réveillons pour être les témoins de davantage d’obscurité, de brutalité et de violations de nos droits.

Attaque cruelle

Au matin du 27 février, nous nous sommes réveillés pour entendre que l’armée israélienne avait lancé un raid sur le village de Birzeit, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Le village est situé à côté de l’enceinte de la Muqataa, où vit l’Autorité palestinienne dans l’illusion qu’elle a de l’autorité, gardée par une « armée » incapable de fournir le moindre sentiment de sécurité à son peuple.

Les forces israéliennes ont assiégé une maison appartenant à la famille Washaha, ont évacué par la force ses habitants et ceux des maisons voisines, l’ont en partie détruite et mis le feu à ce qui restait.

Et plus cruel encore, l’armée a laissé les résidents regarder l’incendie de leurs biens et de leurs souvenirs, et l’attaque contre Muataz Washaha, membre actif du Front populaire de Libération de la Palestine.

Les forces israéliennes d’occupation ont donné l’assaut à la maison de la famille Washaha parce qu’elles recherchaient Muataz. Elles ont attaqué les membres de la famille et arrêté Ramiz, son frère, ainsi que ses amis Fadi Sedqi et Samir al-Qaisi.

A peine quelques mois s’étaient écoulés depuis la libération de Muataz Washaha, 24 ans, d’une prison israélienne. Il savait très bien ce que signifiait d’être emprisonné pour avoir refusé de se rendre à l’armée israélienne. Il a préféré se barricader dans un coin de sa maison et résister à l’arrestation. Il a choisi de mourir dans sa maison, où il avait passé son enfance et sa jeunesse.

« Ne t’inquiète pas »

« Je serai libre ici. Pars et ne t’inquiète pas pour moi. Je vais rester ici et pas me rendre. Je ne retournerai pas en prison. » Tels sont les derniers mots de Muataz Washaha à un agent de la défense civile, la dernière personne à avoir pu lui parler avant l’évacuation de la maison.

L’homme de la défense civile n’a pas eu d’autre choix que d’embrasser Muataz au front et de partir, respectant son choix.

Peu de temps après, avec sa technologie sophistiquée, l’armée israélienne localisait Muataz et commençait à lui tirer dessus à balles réelles et obus. Malgré les appels à se rendre, Muataz a refusé. Cette confrontation inégale a duré six heures, ce qui suffisait à tuer Muataz mille fois.

Après le retrait des forces israéliennes, le corps de Muataz a été trouvé, déchiqueté par des dizaines de balles. Il avait été touché à la tête par une balle de fusil d’assaut Energa.

D’après l’armée israélienne, Muataz Washaha a été tué parce qu’il était « soupçonné d’activités terroristes ». Quelle déclaration ridicule.

Après les innombrables actes de terrorisme que les forces d’occupation ont perpétré contre le peuple palestinien, elles devraient être les dernières à parler de terrorisme ou à définir ce qu’est le terrorisme.

Des injustices quotidiennes

L’observation des injustices quotidiennes que notre peuple doit endurer me met en colère -ou plutôt en rage- non pas contre l’occupation mais contre l’Autorité palestinienne. La question que je me pose, c’est : quelle sera la réaction de l’Autorité palestinienne après le meurtre de Muataz Washaha ?

N’est-il pas temps pour Mahmoud Abbas d’avoir honte de lui-même pour son engagement envers la « sécurité » d’Israël et pour ses déclarations que c’est « le défi le plus important qu’ont à relever les forces de la sécurité palestinienne » ?

Pourquoi le « processus de paix » continue-t-il, quand il est très clair qu’Israël n’est pas intéressé par la paix ?

Le processus de nettoyage ethnique systématique se poursuit contre notre peuple à Jérusalem, et les colonies continuent de s’étendre au fur et à mesure que d’autres discussions de « paix » sont organisées. Il est temps que l’AP se tourne vers le peuple palestinien et arrête de transiger sur nos droits.

L’Autorité palestinienne doit comprendre que nous combattons pour la libération et la justice, par pour un État et un drapeau, des ambassades luxueuses partout dans le monde, quelques privilèges ou un document de voyage. En 1993, Edward Saïd écrivait : « Nous devrions nous rappeler que beaucoup plus important qu’avoir un État, c’est quel genre d’État. »

Saïd répétait que « aucune négociation n’est préférable à des concessions sans fin qui ne font que prolonger l’occupation israélienne. »

C’est malheureusement ce que nous voyons sur le terrain. Davantage de négociations mènent à davantage de concessions.

* Shahd Abusalama est artiste, blogueuse et étudiante en littérature anglaise dans la bande de Gaza.
« Mes dessins ainsi que mes articles sont ma façon de transmettre un message, et le plus important pour moi est d’élever la conscience de la communauté internationale au sujet de la cause palestinienne. Je suis très intéressée à saisir les émotions des gens, les images de ma patrie, la force de mon peuple, de sa détermination, de sa lutte et de sa souffrance. »

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28 février 2014 - Palestine from my eyes - Vous pouvez consulter cet article à :
http://palestinefrommyeyes.wordpres...
Traduction : MR pour ISM


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