Qu’est-ce qui se cache derrière l’obsession anti-iranienne d’Israël ? Qu’est-ce qui amène Netanyahu à déclarer que les agences de renseignements américaines ne font pas correctement leur travail, et que le Mossad israélien est mieux informé sur les plans véritables des Iraniens ? Qu’est-ce qui le pousse à créer des tensions avec le seul véritable allié stratégique qu’Israël possède encore ?

Benjamin Netanyahu, au centre, et les membres du cabinet israélien réunis dans un kibboutz dans le désert du Néguev, s’alarment des négociations avec l’Iran.

Photo : Pool/Getty Images - 11 novembre 2013 - The Guardian

Les gouvernements occidentaux sont envahis des réactions de colère israéliennes après leur accord avec le gouvernement iranien. « C’est fait, et il n’y a pas moyen de faire marche arrière » : tel est le message qu’ils transmettent au gouvernement israélien, ajoutant que le mieux pour Israël aurait été de participer aux efforts internationaux pour un accord définitif sur les capacités nucléaires de l’Iran. Selon le journal Ha’aretz (du 26 novembre), Benjamin Netanyahu a tenté pendant trente minutes de convaincre Barack Obama qu’il s’était fait avoir par les Iraniens. L’unique objectif des Iraniens, selon Netanyahu, était de gagner du temps afin de développer leurs capacités nucléaires militaires, et de pouvoir détruire non seulement Israël mais aussi la civilisation occidentale tout entière.

Qu’est-ce qui se cache derrière l’obsession anti-iranienne d’Israël ? Qu’est-ce qui amène Netanyahu à déclarer que les agences de renseignements américaines ne font pas correctement leur travail, et que le Mossad israélien est mieux informé sur les plans véritables des Iraniens ? Qu’est-ce qui le pousse à créer des tensions avec le seul véritable allié stratégique qu’Israël possède encore ?

Le début du rapprochement entre l’Occident et l’Iran n’est pas préoccupant que pour l’État juif. L’Arabie saoudite est, elle aussi, extrêmement inquiète et par conséquent renforce ses liens avec Tel Aviv. Cependant, les motivations de Ryad et Tel Aviv ne sont pas les mêmes. Tandis que les Saoudiens se plaignent du fait qu’ils perdent leur place d’allié numéro un de l’Amérique dans la région du Golfe, et qu’ils sont préoccupés par le renforcement de ce que l’on appelle l’axe chiite aux dépens de l’axe sunnite, les dirigeants israéliens, eux, sont préoccupés par la possible disparition d’un ennemi mondial dans la région.

Le militarisme israélien a toujours justifié ses guerres et ses armements lourds par l’existence d’un ennemi mondial de la civilisation occidentale/du monde libre/des pays démocratiques, et par son rôle de défenseur actif de l’Occident contre quiconque le menacerait, que ce soit le communisme, le nationalisme arabe ou l’Islam. Depuis la chute du Shah – allié historique d’Israël -, l’Iran est devenu l’ennemi mondial et « Teheran Delenda Est  » (il faut détruire Téhéran), cri de guerre des gouvernements néoconservateurs israéliens. Perdre cet ennemi mondial pourrait remettre en question le rôle d’Israël dans la région et la raison d’une armée puissante de même que le soutien diplomatique apporté par Washington.

« Si nécessaire, nous attaquerons seuls les Iraniens » a déclaré Netanyahu. Comme de nombreux commentateurs israéliens l’ont écrit au cours des semaines passées, de telles déclarations arrogantes ne sont que des mots creux et menaces pathétiques. Cependant, les propos durs utilisés contre la Maison-Blanche par Netanyahu et son équipe expriment l’immense inquiétude de la direction israélienne devant des changements stratégiques au Moyen-Orient. Des changements qui pourraient bien provoquer une aventure militaire, au Liban ou en Syrie, afin de tenter d’empêcher ce qui semble être un nouveau printemps au Moyen-Orient.


Lire notamment :

 Collaboration : les ministres de pays arabes et musulmans applaudissent le criminel de guerre Shimon Péres - 3 décembre 2013 - Al Akhbar
 L’Iran oui, et Israël ? - 25 novembre 2013 - Hassan Moali - El Watan

De Michel Warschawski :

 Vingt ans après Oslo, regard rétrospectif
 Syrie : se méfier de la désinformation
 Une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle - Appel AIC
 Interview : Michel Warschawski : « Israël n’existe que par la guerre »
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 Israël/États-Unis : alliance stratégique mais tensions réelles
 Révolution égyptienne, l’exceptionnalisme israélien
 La maladie coloniale d’Israël : on s’est trompés, désolés...
 "Négociations" et "propagande" : deux nouvelles de l’autre front
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 La sauvagerie de Barak et les mensonges de Netanyahu - Israël gangster international

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28 novembre 2013 - Alternative Information Center - traduction : Info-Palestine/JPP