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Il est temps que cesse l’aide US à Israël

mardi 12 novembre 2013 - 07h:48

Steven Strauss

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« Je crois que nous pouvons dire à présent qu’Israël est arrivé à la fin de l’enfance, qu’il a suffisamment de maturité pour commencer à approcher un état de confiance en soi. Nous allons parfaire l’indépendance économique par rapport aux Etats-Unis ».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à une séance conjointe du Congrès US, à Washington le 10 juillet 1996. (Source : Ministère israélien des Affaires étrangères)

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Immeubles en construction dans la colonie juive de Har Homa près de Jérusalem, le 8 décembre 2010 - Photo : Reuters/B.Ratner - Selon John Kerry : les colonies israéliennes en Palestine " … sont illégitimes. Et nous croyons que le processus de paix dans son ensemble serait en fait facilité si ces implantations n’avaient pas lieu".

Quinze ans ont maintenant passé depuis le discours du PM Netanyahou à une séance conjointe du Congrès où il déclarait l’indépendance économique comme objectif d’Israël. En 1997 Israël recevait 3,1 milliard de dollars d’aide des Etats-Unis. En 2012, Israël recevait toujours 3,1 milliard de dollars chaque année. Nous n’avons pas beaucoup progressé en direction de l’objectif de Netanyahou.

Dans l’intérêt d’Israël tout autant que dans celui de l’Amérique, il est temps de réduire l’aide annuelle des Etats-Unis à Israël – à zéro – sur une période d’ajustement raisonnable (peut-être 5 à 10 ans), en laissant ouverte la possibilité d’une aide d’urgence, cela va de soi.

Je veux souligner que je n’appelle pas à mettre fin à la relation proche et particulière des Etats-Unis avec Israël. Israël n’est certainement pas une société parfaite. Mais ses idéaux de liberté d’expression, de liberté de religion et de tolérance sont plus proches des idéaux américains que ceux de tout autre pays dans la région.

Je n’appelle pas davantage les Etats-Unis à se désengager de la tâche vitale d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, dans l’intérêt commun des US et d’Israël. Israël, tout comme nos autres alliés proches (comme le Royaume-Uni), devrait toujours avoir accès à l’armement étatsunien. Mais il devrait payer pour cet armement, à des conditions commerciales normales, plutôt que les recevoir comme faisant partie de la panoplie de l’aide.

Les Etats-Unis devraient évoluer vers une relation plus normalisée avec Israël, pour les raisons suivantes :

1. : Israël est devenu un pays prospère et développé qui peut se permettre de payer pour sa propre défense. Le PIB israélien est d’environ 250 milliards de dollars par an et son revenu par tête d’environ 33.000 $ par an. En d’autres mots, remplacer toute l’aide étatsunienne coûterait à Israël environ 1 % de son revenu annuel, ce qui n’est pas une somme exorbitante. Abstraction faite des indicateurs financiers, Israël a une économie bien développée à d’autres titres. Par exemple, à l’indice de développement humain (IDH) du PNUD, Israël est au 16ème rang (entre le Danemark et la Belgique). L’espérance de vie à l’âge 0 est de 81 ans, comparé à 79 ans seulement pour les Etats-Unis.

Par ailleurs, en principe, les personnes et les institutions font de meilleurs choix quand ils doivent internaliser les coûts. Si les Etats-Unis cessent d’assister Israël, les Israéliens pourraient faire de meilleurs choix pour leur défense nationale et leur politique étrangère.

2. : D’autres pays/programmes pourraient faire meilleur usage de l’argent de cette aide. Même si elle est liée au premier point, cette question mérite d’être exposée séparément. Dans la mesure où les Etats-Unis ont vocation à aider d’autres pays, bien des nations dans le monde se trouvent dans des situations considérablement plus désespérées qu’Israël. Plus de 20 nations ont des espérances de vie inférieures à 60 ans, et beaucoup d’entre elles ont des taux de mortalité infantile effroyablement élevés.

Toutes ces nations pourraient bénéficier de l’assistance que les Etats-Unis destine à Israël.

Même sur le plan intérieur, l’aide qui va à Israël pourrait être utile. Detroit est en faillite, notre Congrès réduit l’aide alimentaire et procède à d’autres coupes budgétaires douloureuses.

3. : Israël et les Etats-Unis ont des visions de plus en plus divergentes sur l’avenir du Moyen-Orient. Nous ne devrions pas subventionner un pays (même allié) qui sape nos objectifs politiques. Les Etats-Unis poursuivent des objectifs à long terme au Moyen-Orient (notamment éviter la catastrophe humanitaire et financière que serait une autre guerre dans la région). Un objectif important (biparti) des Etats-Unis a été la solution à deux Etats pour le conflit israélo-palestinien. Israël a des préoccupations de sécurité légitimes, et une paix équitable ne sera pas facile à obtenir.

Toutefois il est clair que le gouvernement israélien actuel ne partage pas la vision étatsunienne et qu’il a tout fait pour saboter les efforts américains. Le fait qu’Israël continue de construire des implantations aléatoires sur tout le territoire censé devenir l’Etat palestinien – est en conflit direct avec les objectifs politiques étatsuniens.

Comme le commentait récemment le Secrétaire d’Etat John Kerry, les Etats-Unis croient que les colonies israéliennes en Palestine : « … sont illégitimes. Et nous croyons que le processus de paix dans son ensemble serait en fait facilité si ces implantations n’avaient pas lieu. ... si vous dites [qu’Israël] travaille pour la paix et veut la paix, et une Palestine qui est une Palestine entière qui appartient au peuple qui y vit, comment [Israël] peut-il dire ’nous allons construire dans un endroit qui finira par être la Palestine ?’ Cela envoie le message que peut-être [Israël] n’est pas vraiment sérieux ».

En échange de 3 milliards de dollars par an pour aider Israël, le moins que les Etats-Unis puissent attendre, c’est que le gouvernement israélien soit sérieux quand il négocie la paix avec les Palestiniens.

Si le gouvernement Netanyahou peut se permettre de construire de nouvelles colonies, il peut se permettre de le faire en se passant de l’aide US.

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* Steven Strauss enseigne les politiques publiques à la Kennedy School of Government de l’Université Harvard.

11 octobre 2013 - Huffington Post - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.huffingtonpost.com/steve...
Traduction : Info-Palestine.eu - Marie Meert


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