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Gaza la florissante, des pharaons à l’Empire ottoman

samedi 28 avril 2007 - 07h:00

Lisbeth Koutchoumoff - Le Temps

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« Gaza à la croisée des civilisations », riche de plus de cinq cents pièces, est logée dans deux vastes salles du Musée d’art et d’histoire de Genève. Les immenses baies vitrées laissent passer la clarté blanche du printemps.

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Figurine : femme au tambourin -
Âge du Fer, VIIIe - VIIe siècle av. J.-C. -
Céramique -
Gaza, collection Samir Abu Salim -
© Département des Antiquités de Gaza
(Ph. Chaman atelier multimédia, S. Crettenand)

« C’est voulu. Pour que la lumière des plages de Gaza nous parvienne », explique Marc-André Haldimann, l’un des directeurs scientifiques de l’événement.

La visite commence par des amphores, symbole de Gaza la florissante, marque de son commerce incessant, plaque tournante entre l’Afrique, l’Asie et tout le bassin méditerranéen. 6000 ans d’histoire à fleur de sable, mille-feuille de civilisations : les dunes ont avalé les vestiges au fil des millénaires, doucement, préservant beaucoup plus que la terre. Aujourd’hui, 17 sites de fouilles sont ouverts sur les 362 kilomètres carrés de la bande.

Gaza est la porte d’entrée du Sinaï et l’Egypte prépharaonique s’active déjà pour contrôler ce poste névralgique, riche en matières premières (bitume, huile d’olive, vin). Les plus anciens objets exposés datent de cette période, 3500 ans avant notre ère, vases, manches de poignard.

Au IIe millénaire, les Hyksos, populations syro-palestiniennes, reprennent le pouvoir aux Egyptiens. Le récit de la reconquête de la ville par Thoutmosis III en 1468 av. J.-C. date la première mention du nom de Gaza. Sous les Assyriens puis sous les Perses, plus rien n’arrête l’expansion du commerce. La ville s’épanouit en deux pôles, le port d’Anthédon et Gaza elle-même, quatre kilomètres plus avant dans les terres.

La période hellénistique puis romaine est fastueuse. En témoignent les maquettes reconstituant les villas de riches commerçants, larges de plus de 300 mètres, décorées par les plus anciennes fresques du Moyen-Orient.

La période byzantine n’est pas moins belle. Gaza devient un pôle chrétien éminent avec son école de rhétorique et le monastère de Saint-Hilarion. Les moines de Gaza écrivaient un grec raffiné, loué loin à la ronde. Sarcophages, colonnes en marbre, mosaïques d’églises disparues témoignent de ce passé byzantin en Palestine jusqu’ici connu des seuls spécialistes. La conquête musulmane est rapide et pacifiste. La plus célèbre école de droit islamique est fondée à Gaza au VIIIe siècle. L’exposition se clôt avec des stèles ottomanes en forme de turban.

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Pavement de mosaïque
Byzantin, VIe siècle
(7 x 4 m) -
Deir el-Balah, église byzantine disparue -
© Département des Antiquités de Gaza
(Ph. Chaman atelier multimédia, S. Crettenand)

Gaza, Musée d’art et d’histoire, Genève. Jusqu’au 7 octobre. Fermé le lundi.


Saison Gaza : à l’affiche, les créateurs de la Palestine d’aujourd’hui.

En parallèle à l’exposition au Musée, Genève traque le regard des créateurs palestiniens actuels. Avec, notamment, une rétrospective consacrée à Elia Suleiman au Spoutnik.

Le cinéaste d’Intervention divine vit à Paris : « Je me souviens du Gaza de mon enfance. La plage où l’on dégustait du poisson avec les pêcheurs. Ensuite, j’y ai tourné un court-métrage. Nous avons dû demander à Yasser Arafat de nous faire escorter à toute vitesse dans les rues. Mon cinéma parle de cela, de la ghettoïsation des gens, de la violence intérieure, du silence avant l’orage. »

Pour Rashid Abdelhamid, designer de meubles en exil à Amman, Gaza évoque aussi l’enfermement : « C’est de pire en pire. Il n’y a plus d’argent. On a besoin de créer pour se prouver qu’on existe. C’est presque impossible à Gaza. » Ses meubles sont exposés à Prismart.

Lisbeth Koutchoumoff - Le Temps, le 27 avril 2007


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