16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Un bouclier antimissile israélien plein de failles

vendredi 1er novembre 2013 - 07h:30

Mohamad Bdeir

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Depuis des années, Israël se prétend leader des systèmes d’interception de missiles. Peu de voix critiques réussissent à se faire entendre, mais elles existent bien et soutiennent que le système d’interception des Israéliens est loin d’être infaillible.

JPEG - 52.3 ko
Soldats israéliens près d’un « Iron Dome » [Dôme de fer]), système de défense anti-roquettes de courte portée, près de la ville de Haifa dans le nord d’Israël, le 28 janvier 2013. Un système dispendieux, plein de failles, et probablement une erreur stratégique majeure... - Photo : AFP - Jack Guez

Un expert israélien a exprimé son scepticisme au sujet du système de défense antimissile israélien dans une étude scientifique publiée sur le site Home-Front Shield [Bouclier du front intérieur].

Les autorités militaires israéliennes se sont employées à développer le système au cours de ces dernières années, et ont célébré ses prétendus exploits pendant leur dernière guerre contre la bande de Gaza.

Cette étude, écrite par l’expert en missiles balistiques Nathan Farber, de l’Institut Israélien de Technologie, a critiqué le concept d’interception comme protection, adopté en Israël depuis la guerre de 2006 contre le Liban. Il le considère comme impraticable, tant économiquement que technologiquement.

Au cours des années après la Seconde Guerre du Liban, Israël a commencé à adopter un nouveau concept pour la protection de son front de guerre intérieur, basé sur un système antimissile multi-étages. Il dépend de trois types de missiles intercepteurs, chacun ciblant un type particulier de missile hostile, en fonction de la portée et de l’altitude.

Le premier niveau est le missile Arrow 3 [Flèche], qui est encore en cours d’étude. Il est censé intercepter des missiles à longue portée, comme les missiles iraniens Shehab [Etoile filante] 3 et Sijjile [Argile cuite], dont la portée est entre 1.300 et 2.000 km, respectivement à une hauteur de 250 et 300 km. Ce niveau inclut aussi le missile Arrow 2, qui est censé intercepter des Scud [Course rapide] syriens, avec une portée de 300 à 700 km et une altitude de 30 à 100 km.

Le second niveau est le système Magic Wand [Baguette magique], qui est spécialisé dans l’interception de missiles tactiques, comme le Fateh 110 iranien et le M-600 syrien, d’une portée entre 200 et 300 km. Ce niveau inclut aussi le système de missiles US Patriot, qui ont lamentablement échoué à intercepter les missiles Scud irakiens au cours de la Première Guerre du Golfe en 1991. Ils devraient servir en dernier recours à une altitude de 10 à 12 km.

Le troisième niveau est destiné à des missiles de courte portée comme le Grad [Grêle], d’une portée de 40 km, et le Fajr [Aube], d’une portée de 70 km. Israël a développé le concept Iron Dome pour contrer la menace de tels missiles en les interceptant à une altitude de 2 à 3 km.

Farber concluait que le système d’interception multi-niveaux s’effondrerait si Israël subissait une guerre totale sur plusieurs fronts et recevait des centaines de missiles chaque jour.

Farber, un vétéran de 30 ans du complexe militaire israélien, calcule que dans la prochaine guerre, Israël pourrait faire face à la menace d’environ 800 missiles balistiques iraniens, 400 Scuds syriens, entre 500 et 1000 missiles tactiques (comme le Fatah et le Fajr) que possèdent le Hezbollah et le Hamas, et probablement plus de 100 000 roquettes à courte portée entre la Syrie, le Hezbollah et le Hamas.

Sur la base de ses calculs, Farber estime qu’environ un tiers des missiles lancés contre Israël seront détruits par l’armée de l’air israélienne. Un autre tiers ne sera pas lancé ou devra faire face à des difficultés techniques. Le tiers restant atteindra ses cibles en Israël.

En ce qui concerne les missiles balistiques à longue portée, Farber a déclaré que le bouclier de défense devrait ’intercepter un tiers des 1000 à 1300 fusées, ce qui signifie environ 400. La plupart des fusées tactiques « atteindront leur cible, car elles sont très précises », a-t-il expliqué. « Cela signifie que le système d’interception aurait besoin de faire face à la majeure partie du nombre total de cet arsenal. »

Sur ce point, Farber a expliqué ses calculs concernant l’ interception de ces missiles. « Combien de missiles d’interception devons-nous envoyer face à cette menace effrayante ? » a-t-il demandé. « En ce qui concerne les missiles balistiques , nous savons que deux roquettes sont nécessaires pour intercepter une fusée. Il est également clair qu’au milieu d’une confrontation militaire, les systèmes de protection vont commettre beaucoup d’erreur, risquant de perdre plusieurs des missiles intercepteurs. »

« Ainsi, pour faire face à 400 missiles balistiques, nous aurons besoin d’entre 800 et 1000 intercepteurs. Le coût de chaque missile d’interception, comme le modèle Arrow, est d’environ 3 millions de dollars », a-t-il ajouté. « Le coût total des opérations d’interception sera entre 2,4 et 3 milliards de dollars US. C’est la même situation pour faire face à des missiles tactiques, qui ont besoin de deux intercepteurs également. Comme le coût de chaque missile du Magic Wand est de 1 million de dollars, le montant alloué pour couvrir ce système sera d’environ 1 à 2 milliards de dollars. »

Israël aurait besoin d’environ 10 milliards de dollars pour couvrir les frais de lancement de missiles intercepteurs dans toute guerre à venir. Après la guerre, il aurait besoin d’un montant similaire pour remplir ses entrepôts avec ces fusées, le stocks étant épuisés au cours des combats. « Est-ce que quelqu’un pense qu’une aventure de cette ampleur est logique ? » écrit Farber.

« Israël aujourd’hui ne possède pas la protection dont il a besoin contre les missiles balistiques. La faisabilité d’une telle protection dans l’avenir est également à mettre en doute. »

Quant à l’ Iron Dome, Farber a estimé que son taux de réussite était inférieur à 66 pour cent, et non pas 85 pour cent, comme prétendu par les responsables de la sécurité.

« La principale revendication des partisans du dôme est : Très bien, 66 % est mieux que zéro % et chaque interception réussie est un bénéfice net, car il sauve la vie des gens. Mais est-ce vrai ? Voici quelque chose sur lequel réfléchir. Le Iron Dome ne sauve pas les gens. Ce qui sauve les gens sont des abris et des salles sûres, où l’on peut se précipiter quand son domaine est attaqué par des roquettes. »

29 octobre 2013 - Al-Akhbar
Vous pouvez consulter cet article à : http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu->/spip?article14139 - Claude Zurbach et Marie Meert


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.