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Les Palestiniens ont des options pour le changement et la résistance

mardi 8 octobre 2013 - 06h:50

Mazin Qumsiyeh
Popular Resistance/Ma’an

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Quelles sont nos options en dehors de cette pratique des slogans ou du défaitisme ? C’est-à-dire, en dehors de la politique actuelle de pourparlers ou négociations interminables en position de faiblesse ?

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Le 28 novembre 1947, la CIA prédisait exactement ce qu’impliquait la poussée de Truman pour la partition de la Palestine : « Des hostilités armées entre juifs et Arabes éclateront si l’Assemblée générale des Nations-Unies accepte le plan de partition de la Palestine… le conflit qui en résultera perturbera gravement la stabilité sociale, économique et politique du monde arabe, et les intérêts commerciaux et stratégiques des États-Unis seront dangereusement compromis… La pauvreté, les troubles et le désespoir sur lesquels prospère la propagande communiste se développeront dans tout le monde arabe.  »

Il s’est passé vingt ans depuis le processus d’Oslo et nous pouvons nous livrer à une analyse post-mortem des dizaines d’initiatives et projets ratés pour la « paix » ou la pacification.

Certains nous disent que nos choix sont, ou étaient, limités. Il y a dix ans, notre regretté ami, le professeur Edward Saïd, écrivait : « Qui aujourd’hui pose les questions existentielles sur notre avenir en tant que peuple ? La tâche ne peut être laissée à une cacophonie de fanatiques religieux et de moutons soumis et fanatiques… Nous sommes à la veille d’un bouleversement qui laissera peu de choses debout et qui, dangereusement, ne laissera même que peu de choses dont nous pourrons nous souvenir, excepté l’ultime injonction qui implorera l’extinction. Le temps n’est-il pas venu pour nous, collectivement, d’exiger et d’élaborer une alternative arabe sincère au naufrage qui est sur le point d’engloutir notre monde ?  »

Aujourd’hui, 7 millions sur les 12 millions de Palestiniens dans le monde sont des réfugiés ou des personnes déplacées. Il y a quelque 5,8 millions de juifs israéliens et près de 6 millions de Palestiniens vivant sous la domination de l’État d’apartheid israélien. La moitié des juifs qui vivent en Palestine/Israël sont des immigrants.

Israël a volé la plus grande partie de la terre et contrôle maintenant quelque 93 % de la terre de Palestine (avant l’invasion britannique et la Déclaration Balfour, les juifs natifs et les juifs sionistes représentaient étaient ensemble propriétaires de seulement 2 % de la Palestine).

Il est tentant pour certains de ne plus croire que la libération et la justice sont possibles, 132 ans après la première colonie sioniste, et 65 ans après la Nakba de 1948.

Il y avait une expression dans la lutte pour les droits civiques dans les années soixante, « Libérez votre esprit et votre cul suivra ». Sûrement que lorsque nous aurons libéré notre esprit, nous verrons qu’il existe de nombreuses options, en dépit des tentatives de nos oppresseurs de nous convaincre que nous n’avons plus de choix, sauf celui d’abandonner ou de lancer des slogans vides de sens.

Oui, en tant que peuple, nous pouvons et devons définir la voie à suivre.

Quelles sont nos options en dehors de cette pratique des slogans ou du défaitisme ? C’est-à-dire, en dehors de la politique actuelle de pourparlers ou négociations interminables en position de faiblesse ?

Les autres options ne sont pas magiques, ni nouvelles ; beaucoup déjà les ont exprimées avec des visions claires en d’innombrables études.

Pourquoi ne pas remettre à l’ordre du jour la charte de l’OLP pour la libération de toute la Palestine ? Pourquoi ne pas démocratiser l’OLP pour qu’elle représente les 12 millions de Palestiniens dans le monde ? Pourquoi ne pas refuser de réprimer la résistance et, à la place, nous engager dans une résistance populaire massive sur toute la Palestine historique ?

Pourquoi ne pas lancer la résistance dans des régions en dehors de la Palestine ? Pourquoi ne pas prendre pour cible les sociétés et les intérêts sionistes dans le monde entier avec des boycotts économiques, voire des sabotages ? Pourquoi ne pas dénoncer et combattre le réseau des lobbyistes sionistes qui soutiennent les crimes de guerre et le contrôle sioniste ? Pourquoi ne pas engager des campagnes de sensibilisation, et des campagnes de communication et de lobbying à travers le monde ?

Pourquoi ne pas construire des alliances avec des États puissants qui pourraient nous apporter une protection ou un soutien, comme la Chine, la Russie ou le Brésil ? Pourquoi ne pas promouvoir les boycotts, désinvestissements et sanctions ? Pourquoi ne pas agir par le biais des agences internationales, et notamment de la Cour international de Justice pour conduire les criminels de guerre israéliens devant la justice et remettre en cause l’adhésion d’Israël à l’ONU et à toutes ses agences ? Pourquoi ne pas faire tout ce qui vient d’être dit, et plus encore ?

Les politiciens rechignent à envisager un changement parce qu’ils se croient importants. Pour justifier leur inaction et leur manque de carrure, ils vont même jusqu’à mentir.

Mais le peuple peut et doit forcer les politiciens au changement. Peu importe la façon dont ils sont arrivés au pouvoir et la nature des systèmes de gouvernance, les dirigeant ne peuvent se permettre d’ignorer les exigences fortes du peuple. Mais si le peuple est trop confiant et ignorant, c’est le meilleur scénario pour les politiciens du statu quo.

Nous avons vu changer la politique de l’Empire ottoman, allant du soutien du sionisme à son rejet. Nous avons vu des changements dans la politique britannique en réaction à la révolution palestinienne de 1936 et à des pressions continues, récemment même quand le Parlement britannique a refusé de voter l’attaque de la Syrie comme le voulait Israël.

Et nous avons vu la puissance de la résistance en 1987-1991 dans la contestation de la complaisance des dirigeants tant de Tel Aviv que de la Tunisie. Sûrement que nous pouvons, nous aussi, tirer des leçons des limites de la puissance militaire, que ce soit au Vietnam dans les années soixante, ou en Irak en 2003, ou au Liban en 2006, ou à Gaza en 2008.

Plus récemment, nous avons pu voir des évolutions et des reculs dramatiques à propos de la Syrie et de l’Iran. L’histoire est dynamique et non statique, elle n’est pas au goût des politiciens du statu quo.

Le projet sioniste initial était de contrôler la région entre l’Euphrate et le Nil. Cela fait 130 ans de cela, et même la région entre le Jourdain et la Méditerranée est, à quelque chose près, à parité entre Israéliens juifs et Palestiniens. Quand la Déclaration Balfour a été publiée en 1917, il y avait 650 000 Palestiniens en Palestine ; aujourd’hui, ils sont près de 6 millions.

Assurément, ce n’est pas un scénario dépourvu d’espoir. Après que notre existence même a été niée, le drapeau palestinien flotte aujourd’hui dans toute la Palestine, même à l’intérieur de la Ligne verte. Certes, cela ne doit pas se faire au prix des drapeaux palestiniens sur les uniformes de la sécurité qui empêchent les Palestiniens de s’engager dans la résistance ou, comme toile de fond, des drapeaux israéliens et américains dans des négociations interminables.

Martin Luther King Jr a interrogé : « La lâcheté pose la question : est-ce sans danger ? L’opportunisme pose la question : est-ce politique ? La vanité pose la question : est-ce populaire ? Mais la conscience pose la question : est-ce juste ? Et il vient un temps où l’on doit prendre une position qui n’est ni sans danger, ni politique, ni populaire ; mais une qui doit être prise parce qu’elle est juste. » (Martin Luther King - 1929-1968).



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Le professeur Qumsiyeh enseigne aux universités de Bethléhem et de Birzeit

De Mazin Qumsiyeh :

- Obama et l’Intifada mondiale - 31 août 2013
- Un Palestinien à Hiroshima - 6 août 2013
- Lettre de Netanyahu sur les négociations - 28 juillet 2013
- Réflexions sur l’état de notre monde - 10 juillet 2013
- La Nakba environnementale - 10 juin 2013
- L’attentat de Boston - 16 avril 2013
- La corruption - 18 mars 2013
- Repenser l’Afrique du Sud - 5 mars 2013
- Des enseignements pour le prochain soulèvement - 10 février 2013

[...]

Une interview de Mazin Qumsiyeh :

- La répression israélienne en Palestine s’aggrave - 3 mars 2010

Livre de Mazin Qumsiyeh :

- « Une histoire populaire de la Résistance palestinienne »

- Son site : http://qumsiyeh.org
- Son adresse courriel : mazin@qumsiyeh.org

6 octobre 2013 - Photo Maan/Alexa Stevens - Ma’an - Popular Resistance - traduction : Info-Palestine/JPP


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