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Égypte : Tarek et John toujours emprisonnés pour avoir été témoins du massacre de la place Ramsès

dimanche 29 septembre 2013 - 11h:09

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Nous avions retenu à cette déclaration, par crainte que les autorités égyptiennes ne nuisent à Tarek et John si nous l’avions difusée. Mais compte tenu de l’annonce de charges imminentes dans le Toronto Star d’aujourd’hui, nous pensons que leurs propres paroles expliqueront le type de « preuves » que les autorités égyptiennes prétendent avoir en leur possession. Nous pensons que ces accusations imminentes ont avant tout à voir avec ce à quoi Tarek et John ont assisté le 16 août.

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Le 24 septembre, des manifestations ont eu lieu à travers tout le Canada pour la libération de Tarek et John

« Nous sommes au 12e jour de notre grève de la faim à Tora, la principale prison du Caire, située sur les rives du Nil. Nous sommes confinés ici depuis le 16 août dans des conditions absurdes : pas d’appels téléphoniques, peu ou pas d’exercice, le partage d’une cellule de 10m x 3m avec 36 autres prisonniers politiques, dormant entassés comme des sardines sur le béton avec des cafards, partageant un seul robinet d’eau boueuse du Nil.

« Nous n’avions jamais prévu de rester en Égypte plus d’un seul jour. Nous sommes arrivés au Caire le 15 août avec des visas de transit et toute la paperasse nécessaire pour nous rendre à notre destination : Gaza. Tarek est bénévole à l’hôpital Al -Shifa à Gaza, et il amène les gens avec lui à chaque voyage. John avait l’intention de réaliser un court-métrage sur le travail de Tarek.

« Suite au putsch militaire, la frontière officielle à Rafah ouvrait et fermait au hasard,et nous nous sommes retrouvés au Caire pour la journée. Nous avions une caméra portable (un spot, un microphone, le HD Canon de John, deux Go-Pros) et un équipement pour l’hôpital (un routeur de réseau wifi si nécessaire, et deux hélicoptères de la taille d’un jouet et démontés pour tester le transport d’échantillons médicaux).

« En raison des protestations sur la place Ramsès et à travers le pays le 16 août, nous ne pouvions pas nous rendre en voiture à Gaza. Nous avons décidé d’aller sur la place, à cinq pâtés de maisons de notre hôtel, portant nos passeports et le caméscope de John. La manifestation était à ses débuts - paisible avec des chants, une légère odeur de gaz lacrymogène, un hélicoptère tournant paresseusement au-dessus - quand soudain on appelle un « docteur ». Un jeune homme était porté par d’autres venus de Dieu-sait- où, saignant d’une blessure par balle. Tarek est alors redevenu médecin ... et il a commencé à intervenir et à faire des interventions d’urgence, essayant de sauver des vies, alors que John saisissait ce qui se passait avec sa vidéo, enregistrant des vues du carnage qui se déroulait. Les blessés et les mourants n’ont jamais cessé de défiler. Rien qu’à nous deux, nous avons vu plus de cinquante Égyptiens mourir : des étudiants, des travailleurs, des professeurs, de toutes les conditions, tous les âges, sans armes. Nous avons ensuite appris que le décompte des morts pour la journée était de 102.

« Nous sommes repartis le soir, quand la situation était plus calme, essayant de revenir à notre hôtel sur le Nil. Nous nous sommes arrêtés pour manger une crème glacée. Mais nous n’avons pas pu trouver un chemin à travers les cordons de police, et finalement nous avons demandé de l’aide à un point de contrôle.

« C’est à ce moment-là que nous avons été arrêtés, fouillés, mis en cage, interrogés et encore interrogés, filmés avec un ’Syrien terroriste’, giflés, battus, ridiculisés, mis en cage, interdits d’appels téléphoniques, dépouillés, la tête rasée, accusés d’être des mercenaires étrangers. S’agissait-il de nos passeports canadiens, ou des images de Tarek intervenant comme médecin, ou de nos emballages de crème glacée qui ont déclenché leur colère ? Ils criaient « des Canadiens » alors qu’ils nous frappaient à coups de pied. John a conservé une ecchymose due à une trace de pied imprimée sur le dos pendant une semaine.

« Nous étions deux parmi les 602 arrêtés cette nuit-là, tous ces 602 faisant face au même ramassis d’accusations ridicules : incendie criminel, complot, terrorisme, possession d’ armes à feu et d’explosifs, attaque d’un poste de police... Les récits de l’arrestation de nos compagnons de cellule égyptiens sont remarquablement similaires au nôtre : des Égyptiens qui ont été ramassés dans les rues sombres après la manifestation, par des voyous ou des flic, à des blocs d’immeubles ou à des kilomètres de la station de police qui est le site présumé des crimes dont on nous accuse.

« Nous sommes ici dans la prison de Tora depuis six semaines, et nous sommes maintenant dans une nouvelle cellule (3,5 mx 5,5 m) que nous partageons avec « seulement » six autres détenus. Nous sommes encore en train de dormir sur le béton avec des cafards, et encore en train de partager un seul robinet d’eau du Nil. Mais maintenant nous avons (presque) un exercice et une douche chaque jour. Toujours pas de coups de téléphone. Le procureur ne dira pas s’il y a une question en suspens qui bloque toute procédure. Le routeur Wifi, les équipements pour filmer, ou les images de Tarek traitant des plaies par balle tout au long de ce long après-midi sanglant ? En effet, nous serions heureux d’être présentés devant un vrai tribunal avec des preuves matérielles, parce que ces images nous serviraient d’alibi tout en servant de témoignage sur le massacre.

« Nous méritons une procédure régulière, et pas des cafards sur le béton. Nous exigeons d’être libérés.

John & Tarek

Contacts : Cecilia Greyson, cgreyson_AT_gmail.com, Justin Podur , justin_AT_podur.org
Consulter le site de solidarité : http://tarekandjohn.com/

28 septembre 2013 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://tarekandjohn.com/press-releases/
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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