La Syrie n’est que l’étape présente, tous les pays du Moyen-Orient et du Maghreb qui se pensent non concernés par ce plan machiavélique en subiront les implacables machinations.

Les crises et les événements chaotiques dont le Moyen-Orient et le Maghreb sont les théâtres depuis quelques années n’ont rien de spontané. L’embrasement dans ces régions a été mûrement et cyniquement programmé par les idéologues et stratèges du courant néoconservateur et pro-sioniste parvenus aux commandes de l’Amérique dans le sillage de l’élection à la présidence de George W. Bush. Leur cogitation a abouti à l’élaboration du fameux plan dit du « Grand Moyen-Orient » traçant les contours d’une recomposition des entités étatiques existantes dans ces régions sur la base de leur redécoupage obéissant au critère de l’appartenance ethnique ou religieuse des populations qui les composent.

Le coup d’envoi à la mise en œuvre de ce plan a été l’agression et l’invasion de l’Irak dans lequel l’on assiste à la concrétisation de l’objectif de partition prévu par ses concepteurs. L’Irak n’a pas été choisi pour être le terrain d’expérimentation de l’atomisation des États arabes et maghrébins uniquement parce que le régime de Saddam Hussein était devenu insupportable aux yeux de Bush et de ses amis néoconservateurs. Il a été choisi car l’État qui l’incarnait représentait le modèle de nation le plus radicalement antinomique du projet d’organisation étatique que les néoconservateurs ont imaginé pour la région Moyen-Orient et Maghreb.

Le chaos dans lequel l’Irak a été plongé leur a permis de tester la résistance des Irakiens au sort que le plan « Grand Moyen-Orient » a fixé à leur pays. L’Irak étant devenu ce que l’on sait, les maîtres d’œuvre de ce plan en ont programmé la mise en œuvre en d’autres pays de la région et du Maghreb. Elle est l’explication première des crises et événements auxquels l’on assiste dans cette partie du monde. Le Soudan a été après l’Irak soumis à des pressions et des ingérences qui ont abouti à son éclatement Nord-Sud et se poursuivra par une sécession programmée d’autres régions du pays (le Darfour notamment). La Libye ensuite où la chute du régime de Kadhafi a été provoquée par une intervention militaire étrangère dont le résultat a parfaitement abouti au but visé par le plan américain, celui de la dislocation du pays en entités épousant les configurations tribales.

Ce qui s’est passé en Tunisie et en Égypte semble ne rien devoir en apparence à une mise en œuvre pour ces pays du fameux plan américain. Hélas, l’instabilité et les batailles de pouvoir dont ces deux pays sont le théâtre favorisent l’instauration de ce chaos que les néocons ont décrété qu’il sera « créatif ». Le plan est indubitablement en voie de concrétisation en Syrie dont le conflit national a pris la tournure d’une guerre civile opposant les Syriens en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse.

La Syrie n’est que l’étape présente, tous les pays du Moyen-Orient et du Maghreb qui se pensent non concernés par ce plan machiavélique en subiront les implacables machinations. Même ceux qui par lâcheté se sont faits les auxiliaires de son exécution chez les autres en se berçant de l’illusion qu’ils se sont ainsi mis à l’abri. Elle se trompe aussi cette partie des opinions publiques du Moyen-Orient et du Maghreb qui voit dans les ingérences américaine et occidentale une contribution à l’instauration dans leurs régions de la liberté et de la démocratie.



De K. Habib :

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4 septembre 2013 - Le Quotidien d’Oran - Analyse