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K. Habib : Escalade guerrière dans le conflit syrien

mardi 27 août 2013 - 09h:10

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Tout se passe maintenant comme si en Occident la cause est entendue et qu’il y aura une intervention militaire...

Il y a quelques jours, le Russe Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry avaient signé une déclaration commune stipulant la nécessité d’une enquête « impartiale  » sous l’égide de l’ONU sur l’usage présumé des armes chimiques dont l’opposition armée a accusé le régime de Damas. Les autorités syriennes ont donné leur accord à la proposition russo-américaine et autorisé les inspecteurs de l’ONU qui se trouvaient déjà à Damas à se rendre où l’attaque à l’arme chimique se serait produite.

Mais ce geste de la part du régime dont on pouvait supposer qu’il allait s’interpréter comme indice de la sincérité de sa dénégation de l’usage de l’arme chimique par ses forces loyalistes a été aussitôt considéré comme une « ruse de guerre » de sa part par les puissances qui ont a priori décrété sa responsabilité dans l’attaque présumée à l’arme chimique. Même Washington s’est départie de la prudence dans l’accusation qui lui avait fait privilégier l’appel à une enquête impartiale sur le fait intervenu en Syrie et tient désormais pour certaine la responsabilité du régime de Bachar El-Assad, ce qui tend à créditer que les partisans de l’intervention militaire au sein de l’administration Obama sont venus à bout des réticences qu’ont eues la Maison Blanche et le secrétariat d’Etat pour cette option dans le conflit syrien. Tout se passe maintenant comme si en Occident la cause est entendue et qu’il y aura une intervention militaire dont la réunion en Jordanie des chefs d’état-major des armées des principales puissances de ce camp et d’Etats musulmans favorables à l’option a été chargée d’en décider le mode et d’en déterminer les préparatifs.

Il est à craindre que dans leur détermination à attaquer le régime syrien ils n’ont pas mesuré celle que leur opposeront ce régime et ses alliés : la Russie, l’Iran et le Hezbollah pour ne citer que les plus impliqués à son côté. Les partisans de l’intervention armée doivent être convaincus qu’ils viendront à bout aisément du dispositif militaire syrien et que la Russie et l’Iran se contenteront de protestations verbales et platoniques. Ce qu’avait fait effectivement la Russie quand les Occidentaux s’en étaient pris à ses alliés serbes lors du conflit du Kosovo.

Il n’est pas besoin d’être grand politologue pour estimer que dans l’affaire syrienne Poutine est allé trop loin dans l’opposition à l’intervention armée. Une reculade de sa part serait interprétée comme une humiliante capitulation par la majorité des Russes qui lui en feront payer un prix politique colossal. Pour le pouvoir iranien et le Hezbollah, la chute du régime de Damas constituerait le début de la fin pour eux et croire qu’ils resteront à regarder seulement se produire cette perspective relève de la naïveté irresponsable. Dos au mur, le régime syrien n’hésitera pas lui à embraser la région et à utiliser pour cela tout l’arsenal militaire dont il dispose.

La Syrie n’est pas la Libye, les partisans d’El-Assad ne sont pas des mercenaires étrangers comme l’ont été ceux de Muamar El-Kadhafi. Ce sont des Syriens qui sont conscients de se battre pour l’idée qu’ils se font de leur nation et que celle-ci fait l’objet d’une conjuration internationale dont la rébellion n’est qu’un pion. Moscou a pris en tout cas la mesure du danger pour la paix internationale que serait l’intervention militaire qui semble se préparer et a mis en garde sur la gravité extrême de ses conséquences. Ce n’est certainement pas pour se plier au diktat occidental dès le premier bombardement de la Syrie que la Russie a alerté et pris à témoin la communauté et l’opinion internationales.



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27 août 2013 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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