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Nasrallah : Comment faire face aux menaces israéliennes ?

samedi 17 août 2013 - 07h:43

Al-Akbar

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Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a lancé un nouvel avertissement à Israël, affirmant que la Résistance bloquera toute violation de la frontière de la manière qu’elle jugera opportune. Nasrallah a également fait la lumière sur les circonstances qui entourent la violation israélienne ratée à Labbouna, et il a révélé des détails jusqu’ici inconnus sur la guerre de Juillet 2006.

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Le secrétaire général a aussi souligné le fait que la Résistance avait protégé Beyrouth durant la guerre de Juillet, pas la direction politique du Liban.
(Photo archives)




Nasrallah a déclaré que l’explosion à Labbouna, contre une unité israélienne qui était à l’intérieur du territoire libanais, ne provenait pas d’une vieille mine, mais de deux dispositifs explosifs installés depuis peu, posés par la Résistance. Il a proclamé : « Nous ne tolérerons aucune violation terrestre de notre terre  ».

Dans une interview à al-Mayadeen TV, diffusée ce mercredi soir, 14 août, Nasrallah a longuement parlé de la guerre de Juillet. « Nous nous étions préparés pour une longue bataille d’au moins six mois  » a-t-il dit.

S’agissant de l’incursion israélienne à Labbouna, Nasrallah a indiqué que la Résistance avait posé de nouveaux dispositifs explosifs avant que le détachement de l’unité d’élite israélienne Golani ne traverse la frontière. Nasrallah a ajouté, « Le premier dispositif a sauté contre la première unité des forces spéciales israéliennes. Quand la deuxième unité est intervenue, l’autre dispositif s’est déclenché.  » Cependant, Nasrallah n’a pas révélé les objectifs de cette incursion israélienne.

Nasrallah a montré que cette violation israélienne n’était pas la première effectuée par l’armée d’occupation israélienne, disant qu’il est « ridicule qu’après 65 ans de confrontation avec Israël, il y ait encore des gens au Liban à faire appel à l’ONU pour dissuader Israël  ».

Il a poursuivi : « Nous avons récemment commencé à remarquer que les violations israéliennes de la frontière avaient pour objectif de réaliser des opérations contre la Résistance et les habitants. L’opération à Labbouna pourrait ne pas être la dernière ».

« Nous ne tolérerons aucune violation terrestre de notre terre. Nous nous y opposerons de la manière que nous jugerons opportune, à tout instant où nous découvrirons que les Israéliens ont pénétré sur nos terres. En tout lieu où les Israéliens passeront, nous leur couperons les jambes  » a-t-il dit.

Nasrallah a soutenu que le silence de la classe politique libanaise à propos de Labbouna « n’était pas surprenant, étant donné que certaines factions au Liban ne considéraient pas Israël comme un ennemi. ». Il a qualifié la requête du Président Michel Suleiman pour déposer plainte contre Israël devant les Nations-Unies de « position faible ». Nasrallah a dit alors, «  Nous admettons que la communauté internationale mette au même niveau la victime et le bourreau, et nous admettons qu’elle condamne Israël et nous avec. Mais c’est notre droit de ne pas garder le silence sur la moindre violation de notre terre. »

Se référant aux incidents de 2006, Nasrallah a dit, « Quand les deux soldats israéliens ont été capturés, nous étions prêts à toute confrontation, c’est-à-dire, à la guerre ; nous nous y attendions avant cela, et nous avons cru que cette guerre avait été retardée jusqu’à 2006. La Résistance n’a été ni troublée ni anxieuse, mais elle a aimé la clarté durant la bataille, parce qu’elle s’y était préparée à l’avance ».

« Dans la guerre de Juillet 2006, notre objectif était d’infliger le plus grand nombre possible de pertes dans les rangs ennemis. Dans certains endroits, nous avons donné aux frères la liberté d’appréciation, et ils ont décidé de conserver le terrain jusqu’à leur dernier souffle à Maroun al-Ras. A Aita, nous avions un grand nombre de frères, et il y a eu tout un moment où nous avons perdu le contact avec eux, et j’ai pensé qu’ils étaient devenus des martyrs.

« Quand le contact a été rétabli, Hajj Imad Mughniyeh m’a appelé et je lui ai dit, "Ne les force pas à rester et à se battre". Mais les frères ont décidé de rester jusqu’à leur dernier moment. A Bint Jbeil, la décision a été de rester et de se battre jusqu’à la fin, et d’empêcher Israël d’entrer. Depuis le premier jour, nous estimions que la guerre durerait au minimum des mois, et nous nous étions préparés en conséquence ».

Et Nasrallah de poursuivre en disant, « Un certain nombre de collaborateurs ont été arrêtés durant la guerre. Ils ont été remis aux services de sécurité libanais et nous ne les avons pas liquidés.

« L’une des raisons de l’échec israélien dans cette guerre est la faiblesse des renseignements qu’ils possédaient. Quand les Israéliens ont mené leur raid sur l’hôpital Dar al-Hikma à Baalbeck, c’est parce qu’ils pensaient que les prisonniers israéliens s’y trouvaient, mais ceux-ci n’avaient jamais été emmenés à Baalbeck, l’information des Israéliens était erronée. »

Le secrétaire général a aussi souligné le fait que la Résistance avait protégé Beyrouth durant la guerre de Juillet, pas la direction politique du Liban. « Les Israéliens ne craignent aucune pression politique, c’est pourquoi [ils] ont mis Dahiyeh contre Tel Aviv. [Ils] ont été en mesure de la bombarder.  »

En ce qui concerne le bombardement d’une frégate israélienne durant la guerre, ce qui fut la première grande surprise du conflit, et les missiles Kornet qui détruisirent 200 chars Merkava et véhicules blindés israéliens, il a dit, « Si la guerre avait duré plus que ces 33 jours, nous aurions détruits des centaines de chars en plus  », révélant que le Hezbollah avait acquis des missiles guidés anti-char (ATGM) longtemps avant la guerre.

Sur question, Nasrallah répond, « Nous avons obtenu des armes directement de la Syrie, avant la guerre de Juillet… pour une grande part, la préparation de la Résistance au Liban s’est appuyée sur les armes venant de Syrie. Beaucoup des roquettes que nous avons utilisées durant la guerre étaient de fabrication syrienne. Durant la guerre de Juillet et dès le début, les dépôts d’armes de l’armée syrienne étaient ouverts à la Résistance ».

Nasrallah a aussi révélé que durant la guerre, le Président syrien Bashar al-Assad avait envoyé un message affirmant que la Syrie était prête à participer à la guerre. Assad, selon Nasrallah, a dit que « l’agression contre la Résistance était régionale et internationale, avec une collusion interne, et que si la Résistance était vaincue, la bataille se poursuivrait vers la Syrie, avec les forces israéliennes provenant de Hasbayya vers Masnaa et Damas.

« J’ai dit à Assad que notre situation était excellente, que nous nous dirigions vers la victoire, que (les Israéliens) ne parviendraient pas à atteindre leurs objectifs, que je n’étais pas inquiet, et que je ne pensais pas que Damas était en danger. Pour cette raison, j’ai appelé à la patience et demandé (aux Syriens) de ne prendre aucune initiative, parce que nous ne voulions pas d’une guerre régionale et que nous étions en mesure de gagner la bataille  ».

Nasrallah d’ajouter, « Nous n’avons reçu aucune arme de l’Iran durant la guerre de Juillet, parce que nous n’en avions pas besoin ».

En réponse à une autre question, Nasrallah a déclaré, « Depuis le début de la guerre de Juillet, le point central était la question de l’armement de la Résistance, c’est-à-dire, de la Résistance elle-même. Quand ils sont allés au dialogue, ils sont venus chercher les moyens de régler le problème des armes de la Résistance. Le véritable objectif du 14 Mars au départ est, "donnez-nous vos armes", et leur unique préoccupation est de se débarrasser de la Résistance.

« La position du 14 Mars dans la guerre était connue, et celles du Premier ministre d’alors, Fouad Siniora, et de ceux qui, derrière lui, avaient adopté les objectifs des autres durant la guerre… Nous avons été contactés par cette faction durant la guerre, qui nous a offert des conditions, dont celle de déposer les armes de la Résistance et de consentir à ce que des forces multinationales se déploient dans le Sud et le long de la frontière avec la Palestine et la Syrie, en plus de rendre les deux prisonniers, mais nous avons refusé  » a ajouté Nasrallah.

Nasrallah de dire alors, « Pendant la guerre, nous n’avons pas eu le sentiment qu’il y avait un Premier ministre ou une faction politique pour sympathiser avec nous, même en s’en tenant à l’humanitaire. C’est Siniora qui a retardé la solution à la fin de la guerre. Le gouvernement aurait dû transmettre notre réponse qui acceptait la Résolution 1701 des Nations-Unies, mais deux ou trois jours ont passé sans que les Nations-Unies n’en soient informées.

« Alors qu’Israël reconnaissait sa défaite, l’équipe de Siniora décidait de s’en prendre à l’arme la plus importante qui avait contribué à notre victoire. Le 5 mai 2008, après que la Commission Winograd a annoncé que le facteur le plus important derrière notre victoire avait été notre réseau de communication, Siniora et son équipe ont voulu la destruction de cette arme ».

S’agissant de la position de Michel Aoun, chef du groupe Changement et Réforme, durant la guerre de Juillet, Nasrallah a indiqué, « Je n’ai pas été surpris par la position du général Aoun qui nous a soutenus  », notant que l’une des caractéristiques distinctives d’Aoun, c’est « de vous dire franchement ce qu’il pense ».

« Quand il a été question de la position dont nous discutions avant la guerre et de sa vision de la Résistance et de la défense du Liban, il avait fermement pris sa décision » a ajouté Nasrallah, disant que la position d’Aoun durant la guerre était « historique  ».

Sur la question de la formation d’un nouveau gouvernement, Nasrallah a estimé que discuter pour un gouvernement neutre était une imposture, et il a dit que la situation actuelle au Liban exigeait un vrai gouvernement d’unité nationale. Néanmoins, Nasrallah a souligné, « Nous sommes toujours avec Tamman Salam et nous le soutenons comme Premier ministre  ».

Nasrallah a noté que la proposition de Saad Hariri pour que le Mouvement du Futur et le Hezbollah restent en dehors du nouveau gouvernement était essentiellement une exigence américaine. Et pour savoir si oui ou non il s’attendait à ce que le Président Suleiman approuve un gouvernement de fait accompli, Nasrallah a répondu, « Dans le passé, je n’aurais pas cru cela possible. Mais après ses derniers discours, peut-être qu’il le fera  ».

Nasrallah a déclaré, en réponse à la position de Suleiman, que d’accuser le Hezbollah d’être derrière les tirs de roquettes à Yarzeh était « ridicule  ». Il a également annoncé qu’il existait des pistes prometteuses dans les investigations en cours sur les bombardements de Bir al-Abed, et il a dit, « L’Arabie saoudite a des comportements hostiles à l’encontre du Hezbollah dans les domaines de la politique, de la sécurité, des médias, et en toute chose  ». Il a ensuite nié que le Hezbollah avait été informé, ou qu’il avait quelque chose à voir avec l’enlèvement des deux pilotes turcs à Beyrouth.

« Siniora nous aurait coupé la tête »

Nasrallah a indiqué qu’il avait chargé le président du Parlement, Nabih Berri, des négociations durant la guerre de Juillet mais pas le Président d’alors, Emile Lahoud, non parce que Berri était chiite, mais parce que des puissances étrangères avaient boycotté Lahoud après que son mandat a été prolongé.

Il a dit, « Je n’en ai pas chargé Fouad Siniora parce qu’il n’était pas fiable sur cette question. La bataille des négociations était essentiellement avec Siniora et son équipe politique plutôt qu’avec les Américains et les Européens, et si nous leur avions tendu nos cous, ils nous les auraient coupés.  »

Nasrallah de souligner encore avoir confié aux anciens Premiers ministres, Salim Hoss et Omar Karami, « nos vies et notre cause, pour que la question ne soit pas sectaire, mais politique ».

Une visite à Beyrouth

Nasrallah a dit que durant la guerre de Juillet 2006, lui et son camarade assassiné, Imad Mughniyeh, « ainsi qu’un certain nombre de frères », étaient venus à Beyrouth. « Nous y avons noté la différence entre la vie tranquille, les sorties le soir, et les mariages dans la capitale, et la calamité (dans la banlieue) à Dahiyeh », a-t-il dit.

Et de poursuivre, « Nous avons marché dans les rues le soir, et nous avons mangé des sandwiches et des glaces, puis nous sommes revenus à Dahiyeh. Nous sentions que nous vivions dans deux pays différents, mais cela nous a réconfortés. En effet, notre objectif était de protéger Beyrouth et sa population contre l’agression, et ce fut une motivation supplémentaire pour nous avant que nous mettions l’équation de Beyrouth contre Tel Aviv  ».

14 août 2013 - Al-Akhbar - traduction : Info-Palestine/JPP


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