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Écrire l’histoire d’Israël : en imposant des identités sur la Palestine antique

lundi 22 juillet 2013 - 07h:08

Philip Davies - Al Akhbar

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La morale qui est au cœur de ce livre est que les humains partagent une histoire humaine commune.. Mais pour une raison ou pour une autre, nous pensons également nécessaire de créer des niveaux d’identité - personnel, familial, local, national - qui requièrent de se différencier des autres ; et ces identités s’imposent sur le passé. Il nous faut apprendre que ces histoires ne peuvent pas être imposées à d’autres, bien moins prises, et à tort, pour la vérité.

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Une manifestante bédouine est arrêtée par des policières israéliennes lors d’une manifestation contre les projets du gouvernement israélien de reloger les Bédouins dans le désert du Négev, le 15 juillet 2013, au sud de Beersheva.
Photo : AFP/David Buimovitch




« Une révision des rythmes du temps : renouer avec le passé de la Palestine », par Keith W. Whitelam

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Le livre de Keith Whitelam de 1996, L’invention de l’Israël antique : le bâillonnement de l’histoire Palestinienne soutient que l’histoire palestinienne a été évincée par l’histoire d’un Israël antique, réussissant à rayer les populations non israélites de la terre, ou les réduisant à un rôle mineur. Aujourd’hui, il écrit une suite, sous la forme d’une histoire qui doit, estime-t-il, remettre à leur place les narrations habituelles sur la Palestine antique qui prennent comme base la Bible et se concentrent sur Israël.

Comme les historiens le reconnaissent aujourd’hui, la Bible n’est pas l’histoire. Ses légendes de patriarches, de fuite d’Égypte, de conquêtes et d’empire, de déportation et de retour sont des histoires, des mémoires, des exercices en identité de soi – ce que le sémitiste italien Mario Liverani appelle une « histoire inventée » dans son livre L’histoire d’Israël et l’Histoire d’Israël. Quelle est donc, alors, la véritable histoire de la Palestine antique ?

Whitelam n’a pas desserré son étreinte sur les dimensions idéologiques de son sujet. Il commence par une étude sur la façon dont l’ « histoire » romantique de la Terre sainte s’est développée en Europe dans les derniers siècles, avec son petit frère, l’ « Orientalisme ». C’est en grande partie pour cette raison que ce livre se limite à l’âge du fer (1205-500 avant JC), période sur laquelle la mémoire sioniste porte le plus intensément. Mais il évite les récits théâtraux de rois, prophètes, guerres et théophanies et suit ce que Fernand Braudel et l’école des Annales françaises ont appelé l’histoire de « longue durée  », qui suit à la trace les interactions récurrentes de l’existence humaine et du terrain, du climat et de la technologie. Elles suivent les rythmes du temps dans le titre, et le livre remet en question l’idée que la brève période au cours de laquelle les rois d’Israël et de Juda sont apparus, et disparus, était d’époque ou axiale, marquant un changement radical dans les modes de vie. Ces quelques siècles ont reflété plutôt les tendances sur le long terme de la vie humaine par l’agriculture, la migration et le commerce.

Le premier caractère historique à être présenté est les ossements de quatre individus de la vallée de Jezreel, qui ont vécu autrefois à l’aube de l’âge du fer (vers 1250 avant notre ère), et de trois cents autres enterrés dans un mode différent un peu plus au sud. Les étiquettes que nous aimerions attacher à ces humains (cananéens, israélites, palestiniens) n’ont aucun intérêt : la question est plutôt, quelle identité ces individus ont autrefois revendiquée pour eux-mêmes ? Se seraient-ils reconnus les uns les autres comme des parents, des étrangers, des ennemis ? Quelles ont été leurs craintes et aspirations ? En tout cas, ils n’étaient ni des rois ni des nobles, probablement pas des soldats, des prêtres ou des prophètes. Plus de 90 % de la population à cette époque étaient des agriculteurs, dont la préoccupation première était de survivre. Ils étaient aussi, cependant, affectés du comportement humain. La Palestine était la proie des sociétés organisées et agressives d’Égypte et Mésopotamie, mais aussi de populations pratiquant le commerce et la colonisation et venant de l’Est méditerranéen, particulièrement des Grecs. Commerce, migration et guerre, comme l’agriculture, faisaient l’objet de négociations constantes entre la terre et ceux qui l’occupaient. Les frontières politiques, qui n’avaient jamais fluctué, étaient moins importantes que les routes et les ports, dont les tracés étaient fixés par les collines, les fleuves, les côtes, et par les formes de commerce qui exploitaient ces artères.

La morale qui est au cœur de ce livre est que les humains partagent une histoire humaine commune. Mais pour une raison ou pour une autre, nous pensons également nécessaire de créer des niveaux d’identité - personnel, familial, local, national - qui requièrent de se différencier des autres ; et ces identités s’imposent sur le passé. Il nous faut apprendre que ces histoires ne peuvent pas être imposées à d’autres, bien moins prises, et à tort, pour la vérité.



Keith W. Whitelam est un professeur, bibliste et révisioniste anglais auteur de plusieurs livres et publications autour de la bible et Israël . Il est l’un des représentants de l’école de Copenhague fervent défenseur d’une vision minimaliste de la bible au détriment de l’archéologie biblique. Dans son ouvrage "L’invention de l’Israël antique : le bâillonnement de l’histoire Palestinienne", Keith W. Whitelam va jusqu’à qualifier l’histoire de l’Israël antique comme une "invention ". (Wikipédia)

17 juillet 2013 - Al Akhbar - traduction : Info-Palestine/JPP


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