Le Qatar et l’Arabie saoudite ont sur les mains le sang des soldats libanais
jeudi 27 juin 2013 - 14h:10
Ibrahim al-Amin
Peu de temps après avoir repoussé la tentative du salafiste Sheikh Ahmad al-Assir de déclencher une guerre inter-confessionnelle dans la ville de Saida au sud du Liban, tout un chœur de ses bailleurs de fonds de l’occident, du golfe et du mouvement du 14 Mars, s’est levé pour appeler les forces armées à tourner son attention sur le Hezbollah, une organisation accusée d’être dangereuse.
- En mai dernier, les combats entre partisans et opposants du régime syrien avaient fait au moins 23 morts en cinq jours à Tripoli, dans le nord du Liban, dans les violences les plus meurtrières depuis des années - Photo : AFP
Mais ces forces veulent-elles vraiment savoir ce qui a conduit à l’explosion sanglante à Saïda ? L’enquête de l’armée démontrera très probablement que les attaques de Assir sur les points de contrôle de l’armée ont été planifiées à l’avance, dans le but de s’emparer des positions qui donnent sur le quartier chiite de Haret Saidat.
Al-Assir a mal anticipé la réponse de l’armée, alors que son plan était de placer sa milice en face-à-face avec le Hezbollah, après quoi ses alliés du parti du Futur et d’al-Jamaa al-Islamiya (les Frères musulmans libanais) seraient intervenus pour récolter ce qu’ils auraient interprété comme une victoire politique majeure sur la Résistance.
D’autres forces derrière Assir, dont les Saoudiens et les Qataris, avaient de grands espoirs qu’il réussirait à mettre en œuvre son plan, bien que le cheikh radical a sa propre façon de faire les choses, ce qui peut expliquer pourquoi il s’est lancé dans ce qui est apparu à beaucoup comme une initiative suicidaire en attaquant et en tuant en si grand nombre des officiers et des soldats de l’armée libanaise.
Prenez, par exemple, certaines des déclarations émises par le gouvernement saoudien concernant les événements de Saida, où il a exprimé sa « grave préoccupation » et a appelé « toutes les parties à mettre fin aux combats et à empêcher une nouvelle escalade. »
À première vue, on pourrait penser qu’une telle déclaration a été rédigée par le parti du Futur. Celui-ci a répondu aux attaques de Assir en appelant à un cessez-le feu, comme si le conflit était entre deux groupes armés. Les Saoudiens n’ont même pas pris la peine de dire un seul mot dénonçant l’assassinat des militaires libanais.
En fait, l’initiative d’Assir faisait partie d’un plan plus global qui a connu plusieurs répétitions durant l’année écoulée. Mais la multiplication de mauvaises nouvelles en provenance de Syrie - où le régime a fait des progrès sur plusieurs fronts - les a incités à agir prématurément.
Le sang des soldats tombés au Liban tache les mains de l’Arabie saoudite et du Qatar, en plus de ceux qui savaient ce Assir avait l’intention de faire et qui n’ont pourtant pas bougé. C’est pour cette raison qu’eux et leurs alliés libanais font tout ce qu’ils peuvent pour rendre le Hezbollah responsable de toute cette violence.
* Ibrahim al-Amin est éditeur en chef du quotidien libanais al-Akhbar
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26 juin 2013 - Al6Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar