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Le Document Kairos-Palestine. Pourquoi ? Comment ? Pour qui ?

vendredi 14 juin 2013 - 10h:24

Nora Carmi - Palestine-Diplo

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Nous publions ci-dessous l’intervention de Nora Carmi lors du colloque Franco-Palestinien sur le thème : du sionisme chrétien au Document Kairos – Palestine - Approches chrétiennes de l’avenir

Salam, Shalom, Paix. Une salutation connue à travers le monde et les religions, qui reflète le désir de ce qui est bon et beau pour tous. Désir aujourd’hui absent. Comment traduire ces mots dans la réalité actuelle ? Et quelles approches chrétiennes adopterons-nous, nous réunis ici ?

Je suis reconnaissante à vous tous, et surtout aux organisateurs courageux de ce colloque : les Amis de Sabeel France et le Réseau Chrétiens de la Méditerranée. Oser parler du sionisme chrétien en toute franchise est déjà une réussite en soi. Merci, Mme Katell Berthelot et Professeur Sébastien Fath, de nous avoir rappelé les origines de ces problèmes que nous affrontons ensemble aujourd’hui.

La Bible vient de la Terre sainte, mais le sionisme chrétien n’a pas ses racines dans notre région. Heureusement que ce phénomène, cette idéologie ou hérésie, comme l’ont dénommée des responsables d’Églises en Terre sainte depuis 2004, ne fait pas partie de nos convictions chrétiennes locales, à l’exception d’un petit groupe protestant soutenu par des Églises évangéliques des États-Unis. Par exemple à Beit Sahour et en Galilée.

Pour les Palestiniens chrétiens qui adhèrent à la Sainte Bible dans sa globalité, il y a toujours confusion lorsque certains chrétiens d’Occident accordent plus de poids à des textes de l’Ancien Testament qu’à la personne, au message, et à la vie du Palestinien juif Jésus Christ, et semblent oublier que les prophéties ont été accomplies en lui, le Sauveur. Les Palestiniens chrétiens accusés de soutenir une théologie seulement christologique ne nient pas le fait qu’en effet notre foi est ancrée dans le Sauveur incarné, qui nous a révélé Dieu dans sa bonté, sa miséricorde et son amour envers tous et pour tous, sans parti pris, ni exclusion ou inégalité. Dieu peut-il être le créateur d’un seul peuple choisi ou élu ? Peut-il appartenir seulement à un groupe qui déclare que toute la terre de Palestine est son patrimoine éternel accordé par Dieu ? Le sionisme, phénomène laïque plus que centenaire, nourri de principes et d’interprétations soi-disant chrétiennes, a produit des résultats catastrophiques en Terre sainte : l’établissement d’un État Juif aux dépens du peuple palestinien et le conflit palestino-israélien, qui dure depuis presque un siècle. Les diverses raisons qui ont causé le soutien mondial apporté à cette injustice ne sont pas le sujet de ce colloque, mais il faut se demander où sont passées les valeurs morales de la compassion et de l’amour, et pourquoi les Droits de l’Homme et le droit international sont violés au quotidien ?

Établir une relation entre la question du sionisme chrétien et le document Kairos et Kairos-Palestine est pour nous, rassemblés ici, un défi, une tâche difficile mais bénie, afin de travailler ensemble à lutter contre tout ce qui s’oppose à la dignité de l’être humain, ou menace de l’amoindrir, de l’effacer, en défigurant aussi l’image divine présente en chacun de nous, -si nous croyons que toute personne est créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Kairos-Palestine, « Une heure de vérité », est un appel sincère, un cri, une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne, qui n’apporte sûrement pas de solution à tous les problèmes de la région, mais qui a touché un grand nombre de cœurs dans le monde depuis trois ans et demi.

Commençons d’abord par répondre à ces questions : Pourquoi ? Comment ? Pour qui ?

Qu’est-ce que Kairos ? Dans sa présentation, en décembre 2011 à Bethléem, le Révérend Naïm Ateek, théologien et fondateur de Sabeel, l’un des auteurs du document, a dit en résumé : Il y a deux mots grecs pour définir le temps, les âges, les siècles, etc. : Chronos, et Kairos. Chronos est le temps ordinaire, chronologique, de nature quantitative. Mais Kairos désigne un moment précis, décisif, ayant une connotation spirituelle, théologique, et qualitative. C’est le présent, le moment commandé par Dieu. C’est le niveau où l’intervention divine et les événements de l’histoire s’entremêlent.

Dans le document Kairos, l’idée théologique est que le Dieu de l’histoire contrôle les événements historiques et en décide. Kairos est un temps exceptionnel, un temps qui conduit au changement ou à une réorientation des êtres humains sur les plans individuel ou communautaire. Kairos est un temps où la grâce de Dieu nous aide à découvrir le commencement d’un monde nouveau. Nous ne pouvons pas saisir ce moment opportun sans reconnaître notre responsabilité d’y participer. Le mot Kairos est mentionné 85 fois dans le Nouveau Testament, dont 30 sont sous la signature de saint Paul. Lire à ce sujet l’article dans “Kairos for Global Justice” sur le site www.kairospalestine.ps !

Le document palestinien « Un moment de vérité », comme d’autres documents Kairos dans le monde (le plus connu étant le document de l’Afrique du Sud en 1985), a utilisé cette expression de kairos comme voulant dire aussi AGIR MAINTENANT.

C’est au début de décembre 2009, lors de la Journée internationale des Droits de l’Homme, que le document Kairos-Palestine a vu le jour à Bethléem. Ce « moment de vérité », cette parole de foi, d’espérance et d’amour venant du cœur de la souffrance palestinienne, fut le fruit de mois de prières, de recherches, de consultations et de réflexions d’un groupe de chrétiens palestiniens qui ont ainsi lancé un appel, un cri jailli de l’injustice et de la violence qui déchirent leur pays et risquent d’ effacer tout espoir et toute espérance.

Fondé sur une foi profonde et inspiré par le succès particulier du document Kairos d’Afrique du Sud, celui-ci a été rédigé en arabe par 15 personnes, douze hommes et trois femmes, de diverses confessions chrétiennes, personnalités laïques respectées sur les plans culturels et théologiques, ou responsables d’organisations d’entraide reconnues et appréciées dans la société. La richesse de la diversité, et les différences d’opinions et d’âges ont aidé le groupe à rendre public, après 18 mois de travail, un message clair et ferme sous forme d’un document qui, jusqu’à présent, a été traduit en 20 langues, y compris l’hébreu (sous le contrôle du Père David Neuhauss).

Il était nécessaire de commencer par décrire la réalité atroce de l’occupation et le passé historique douloureux de tous les Palestiniens, résumé par une citation du prophète Jérémie (6,14) qui vient de Anatot, le village de Anata, dans les Territoires occupés : “Ils annoncent la paix alors qu’il n’y a pas de paix”, suivie par une longue liste d’obstacles à la paix : mur de séparation, colonies, séparations de familles, démolitions de maisons, menaces d’évictions, vols de terre, refus de leurs droits aux réfugiés, des milliers de prisonniers, le défaut d’accès aux sites religieux, la mainmise sur la ville de Jérusalem, les humiliations aux postes de contrôle, etc…

Ensuite, il y a un développement détaillé sur les notions de foi, d’espérance et d’amour, telles que nous les comprenons et les vivons. 1) La Parole de Dieu s’est adressée à l’humanité dans notre pays : Après avoir à maintes reprises et sous différentes formes parlé autrefois par les prophètes, en ces jours qui sont les derniers, Dieu nous a parlé par le Fils qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles (Héb. 1,1-2). 2) La terre a une mission universelle. « La terre et tout ce qu’elle contient appartiennent au Seigneur ; le monde et tous ceux qui y vivent » (Ps. 24,1) Nous lui appartenons donc, et il n’y a pas d’autre voie. Les obstacles politiques et certains points théologiques tabous (impossible d’en parler !) comme la promesse, l’exploitation, ainsi que l’abus du recours à la Sainte Bible provoquent beaucoup de controverses.

Suite à cette analyse, plusieurs choix et options sont proposés. Surtout : une résistance non-violente sous maintes formes, qui pourrait aboutir à un changement favorable aussi bien pour les opprimés que pour les oppresseurs. L’enjeu est de ne pas détruire la création de Dieu, notamment l’humanité. Que pourrait-il y avoir de plus réconciliateur que de pratiquer la justice ? N’est-ce pas là une voix prophétique ?

Ce document est le résultat d’expériences personnelles communes, et semblables à celles de tous les opprimés. Le drame du peuple palestinien arrive dans une impasse. Il continue à être manipulé, et géré par des acteurs/joueurs capables de prendre des décisions mais nullement prêts à agir sérieusement pour trouver une solution, difficile mais non pas impossible, au conflit. Il ne s’agit plus simplement d’une question politique, mais plutôt d’une politique qui détruit la personne humaine. Alors les questions des fidèles surgissent : Que fait l’Église ? Que fait la communauté internationale ? Que font les responsables politiques en Palestine, en Israël et dans le monde arabe ? Et les superpuissances ? Pourquoi cette souffrance qui dure depuis si longtemps, et ce soi-disant processus de paix de 20 ans qui tourne en rond sans résultat ?

C’est sans doute pourquoi cet appel adressé aux chrétiens, aux musulmans et aux juifs, comme aux responsables religieux et politiques du monde entier, à la société locale et internationale, a fini par attirer tant de réactions, en général positives mais aussi négatives. Religieux et laïcs, mouvements de jeunesse, mouvements ouvriers ont conclu des alliances pour travailler ensemble à mettre fin à l’occupation israélienne, péché contre Dieu et contre l’humanité.

Vous trouverez sur le site www.kairospalestine.ps la longue liste des soutiens locaux et internationaux, la liste des critiques, et les réponses. Vous remarquerez sûrement que ce document qui aurait pu rester un document oublié sur quelque étagère poussiéreuse ou dans des archives, est devenu un mouvement qui se répand dans le monde entier.

Quelques exemples de soutien local et international : * La bénédiction des responsables des Églises reconnues à Jérusalem a été suivie par des centaines de signatures de chrétiens et de musulmans. La société civile, des partis politiques, le gouvernement palestinien, et des gouvernements arabes l’ont accepté. La Cisjordanie, la Galilée et Gaza se sont engagés à partager une vie commune. * Des échos sont parvenus du Liban et même de Syrie. * L’encouragement de théologiens musulmans tel que celui du Docteur Mohammad Sammak, engagé dans le dialogue inter-religieux, en a poussé d’autres à prendre des positions semblables. * Farid Esack, théologien d’Afrique du Sud, et une centaine d’autres musulmans ont répondu à l’appel du document (voir le livre Kairos for Global Justice sur le site www.kairospalestine.ps/webmail . J’espère le voir traduit en français bientôt ! * Le soutien international est immense, du Canada au Sri Lanka : des conseils œcuméniques, des organisations internationales, des universités et des séminaires du monde entier ont opéré une prise de conscience. Des voix juives aussi ont dit « Enough is Enough » : Ça suffit ! C’est maintenant le moment d’agir contre le lobby sioniste qui collabore avec l’Ambassade chrétienne internationale à Jérusalem, qui adhère aux principes du sionisme et qui a critiqué non seulement le document mais aussi ses auteurs. Tout un groupe connu, dont Camera, NGO Monitor, le Centre Simon Wiesental et Gatestone, continue à attaquer le document, le présentant comme antisémite et terroriste.

À noter que depuis décembre 2011, le document a pris davantage d’importance et continue à se développer dans un mouvement global. L’appel de Bethléem, lancé à la fin d’une rencontre de trois jours en 2009, a invité chaque pays à reconnaître que l’heure est arrivée pour lui de rejoindre les efforts de formation et de plaidoyer, pour arriver à une justice globale fondée sur la théologie et le droit international. La base commune en est l’homme et l’humain. À noter deux initiatives : celle de Kairos-USA, et celle de Kairos-Royaume Uni adoptée à Iona en Écosse.

En ce qui concerne le thème d’aujourd’hui, le document Kairos-Palestine a déclaré clairement : “Nous voyons certains théologiens occidentaux vouloir donner une légitimité théologique et scripturaire à l’injustice commise à notre égard. Selon leurs interprétations, les promesses bibliques sont devenues une menace pour notre existence, et la Bonne nouvelle même de l’Évangile est devenue pour nous une annonce de mort. Et au chapitre 2.4, nous déclarons “que le recours à l’Écriture sainte pour justifier ou soutenir des choix ou des positions politiques se fondant sur l’injustice pratiquée par un être humain contre son prochain, ou par un peuple contre un autre, transforme la religion en une idéologie humaine, et prive la Parole de Dieu de sa sainteté, de son universalité et de sa vérité”.

D’où notre refus d’une lecture totalement littéraliste et d’une approche évangélique qui essayerait de justifier le soutien total à l’État d’Israël et de promouvoir l’injustice de l’occupation sous prétexte d’un lien avec le peuple élu de l’Ancien Testament, ou du projet de la conversion des Juifs, essentielle pour préparer et hâter la seconde venue du Christ. Cela n’est sûrement pas le message du Christ ressuscité.

Avec encore plus de courage nous continuons à dire, en 2.5, « Toute théologie qui prétendrait justifier l’occupation israélienne en se basant sur les Écritures, la foi et l’histoire, est bien loin des enseignements chrétiens, car elle appelle à la violence et à la guerre sainte au nom de Dieu, le soumettant à des intérêts humains, et déformant son image dans les êtres humains qui subissent une injustice politique et théologique. »

Chaque année, pendant la fête des Tabernacles-Shavouot, des milliers de ces chrétiens unis pour Israël paradent dans Jérusalem pour affirmer leur loyauté et leur solidarité envers l’État d’Israël. Depuis trois ans, ils sont stupéfaits et désorientés quand des jeunes Palestiniens chrétiens de Sabeel et de Kairos leur offrent des fleurs ou des gâteaux de Pâques et les confrontent à des versets de la Sainte Bible et des adresses de sites internet qui dévoilent la réalité niée par le sionisme chrétien.

Le salut du monde viendra-t-il à travers l’État d’Israël ? C’est là une théologie qui influence des décisions importantes (surtout aux États-Unis, et tout autant en Europe), et qui est sûrement source d’une complicité dans le projet international d’un nouveau Moyen-Orient.

C’est pourquoi le document Kairos, comme l’a aussi fait le Conseil œcuménique des Églises, a carrément déclaré que l’occupation israélienne des territoires palestiniens est un péché contre Dieu et contre la personne humaine, car elle prive les Palestiniens des droits humains fondamentaux que Dieu leur a accordés, et elle défigure l’image de Dieu tant chez les Israéliens devenus occupants que chez les Palestiniens soumis à des mesures intolérables et contraires aux Droits de l’Homme et au droit international.

Il faut humblement convenir que Kairos-Palestine est arrivé après une série d’efforts conjoints pour mettre un terme à l’occupation israélienne. Ni les négociations, ni la résistance armée, ou la normalisation n’ont abouti à la juste paix tant désirée.

Quelques exemples d’initiatives des chrétiens palestiniens contre l’occupation israélienne :

a) La résistance non-violente des habitants de la petite ville de Beit-Sahour (largement chrétienne) qui, durant la première Intifada de 1987, a été sous couvre-feu pendant des semaines. Ils se sont imposé systématiquement une discipline radicale : le refus de payer des impôts aux Israéliens. Séquestrés, sans travail ni instruction (du fait de la fermeture des établissements scolaires et universitaires), ils ont créé des alternatives en transformant leurs propres jardins pour nourrir la population, en enseignant dans les maisons, et finalement en payant avec la vie de jeunes martyrs.

b) Les marches non-violentes comme celle organisée par le Centre Sabeel depuis 1996 contre l’ouverture d’un tunnel sous l’esplanade de la Mosquée.

c) Les messes œcuméniques, les prières pratiquées sur des sites confisqués et devant le mur.

d) Les rassemblements réguliers de mouvements populaires, plutôt laïques mais parfois en présence de membres du clergé à Bilin, à Budros, à Masara, et plus récemment à Beit Jala et à Crémisan. Résistance créative comme la construction de villages sur des terres occupées comme Bab el Shams, en zone E1 à Jérusalem, et d’autres dans la vallée du Jourdain...

e) Les multiples déclarations des responsables des Églises depuis 1987, les rencontres intra-religieuses et les études œcuméniques et interreligieuses, les efforts individuels ou communautaires des organisations chrétiennes, appelant à des solutions politiques et sociales et demandant la fin de l’occupation israélienne.

f)) Le rôle d’organisations comme la Croix rouge à Jérusalem qui, pendant plus d’un an, a hébergé quatre membres du Conseil législatif palestinien, élus du Hamas et menacés d’exil hors de Jérusalem.

Depuis la publication du document en 2009, la situation au plan politique a empiré. Le gouvernement israélien est sous le contrôle de colons fanatiques, la rupture palestinienne est à son niveau le plus élevé, la communauté internationale est apathique et fuit ses responsabilités. Les tambours de guerre grondent contre l’Iran, le Liban, Gaza, et il ne faut pas oublier la situation volcanique au Moyen-Orient, qui n’annonce pas une solution rapide pour mettre fin au carnage sanguinaire et à la catastrophe mondiale.

Ceux qui se sont opposés au document n’ont pas su y voir le langage de l’amour et de l’espérance malgré la souffrance. Suivant l’exemple du Christ, il faut résister au mal car c’est un droit et un devoir, et l’appel en faveur d’un boycott économique et commercial des produits de l’occupation, aussi bien que le boycott culturel et les désinvestissements, fait partie des campagnes de soutien et de solidarité dont le but n’est sûrement pas la vengeance, mais de mettre fin au mal qui existe pour en libérer et l’oppresseur et l’opprimé. L’objectif est d’affranchir les deux peuples des positions extrémistes, afin de parvenir enfin à la justice et à la réconciliation.

Le dernier acte de courage du document s’exprime dans la demande faite aux Églises d’élever une voix prophétique contre l’injustice et d’oser suivre les pas du Sauveur en refusant de contribuer financièrement à la poursuite de l’occupation, afin que l’État d’Israël respecte les exigences du droit international (N.B. : La colonie Givat ha matos existe grâce à des fonds venant d’Églises des Pays-Bas !).

Il en est résulté une opposition féroce contre la campagne BDS : pressions et menaces du lobby mondial juif contre les Églises courageuses qui osent élever la voix pour prendre des décisions de désinvestissement ou de boycott, ou encore pour critiquer l’État israélien, comme l’ont fait l’Église unie du Canada, les méthodistes, les presbytériens, les mennonites et les quakers, entre autres.

Pour Kairos-Palestine, la base d’une solution politique doit sûrement inclure la ville à laquelle Dieu a donné une importance particulière dans l’histoire de l’humanité : Jérusalem. Le document déclare au chapitre 9.5 : « Jérusalem est la base de notre vision et de toute notre vie. » –Elle est la ville sur laquelle Jésus continue de pleurer du Mont des Oliviers (Luc 19, 41-43).- « Elle est la ville vers laquelle tous les peuples s’acheminent et où ils se rencontrent selon la vision du prophète Ésaie : »Il arrivera dans la suite des temps que la montagne de la maison de Dieu sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines. Alors toutes les nations afflueront vers elle… Il jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leur lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre (Is. 2, 2-5)." C’est sur cette vision prophétique et sur la LÉGITIMITÉ INTERNATIONALE CONCERNANT L’ENSEMBLE DE JÉRUSALEM -habitée aujourd’hui par deux peuples et par trois religions- que nous devons continuer à plaider, pour la reconnaissance de sa sainteté, de sa spiritualité, et de son inclusivité, qui doit relever de la confiance mutuelle et de la capacité de construire un nouveau pays sur cette terre de Dieu.

Que devons-nous faire pour briser le silence et libérer nos consciences étouffées par la peur, la culpabilité, ou pire par l’apathie et le je-m’en-fichisme ?

1. Nous former nous-mêmes, et admettre que l’humanité est plus importante que le pouvoir militaire…
2. Faire un examen de conscience sur les principes théologiques qui nous animent. Nous invitons les théologiens à approfondir leur réflexion sur la Parole de Dieu, et à rectifier leurs interprétations, afin de voir dans la parole de Dieu une source de vie et non de mort pour nous, pour tous les êtres humains et pour tous les peuples (cf. document Kairos-Palestine 2.3.3).

Des exemples concrets :

1. Les discussions sérieuses qui se déroulent au Pays-Bas : Comment justifier le soutien à Israël, cet État soi-disant démocratique, au prétexte de ses liens indestructibles avec l’Israël de l’Ancien Testament ? Et quelle légitimité établir entre la Bible et l’État du 20e et du 21e siècles ?

2. Le 23 mai 2013, les délégués de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse ont adopté/approuvé le rapport du Comité écossais « Église et Société », qui a totalement refusé tout écrit qui offrirait à un peuple privilégié le droit de posséder un territoire particulier... L’argumentation de l’Église d’Écosse établit qu’il est doublement faux de chercher des justifications bibliques au fait que la terre palestinienne est confisquée par l’expansion des colonies, par le mur de séparation, le vol de territoires, et la démolition de maisons.

3. « Venez et voyez ! » (document Kairos 6.2). - Organisez des pèlerinages, des voyages de vérité qui vous aideront à comprendre la réalité. Et nous vous montrerons comment chacun de vous peut être artisan de paix à sa mesure, petite ou grande.

Questions pour les moins pieux et religieux d’entre nous, en France :

Avez-vous le courage d’écouter ce qui vous arrive de Palestine dans cette République dont la devise Liberté, Égalité, Fraternité est devenue un modèle pour d’autres révolutions dans le monde ?
Aurez-vous le courage de remplir enfin votre rôle, pour être les acteurs d’une paix juste et globale, dans un réel partenariat avec nous ?

Plaidez en permanence pour le respect de tout être, selon l’ensemble des lois internationales. Aidez-nous afin que cette terre promise pour tous soit libérée du mal qui menace l’existence et la vision d’une paix juste.

La Palestine n’est pas le problème mais la solution.

Nora Carmi

13 juin 2013 - Palestine-Diplo


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