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« L’idole arabe » réussit à faire l’unanimité

samedi 15 juin 2013 - 06h:44

Khaled Al-Houroub

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Des millions de Palestiniens suivent le jeune artiste Mohammed Assaf - de Khan Younis à Gaza - « l’idole arabe » sur MBC chaque semaine, même s’il faut pour cela tourner le dos aux informations sur les polémiques au sein du Hamas et du Fatah.

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Une affiche représentant Mohammed Assaf, un des concurrents dans le show télévisé « l’idole arabe », est accolée sur un bâtiment dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie - Photo : Reuters/Mohamad Torokman

Chacune des chansons de Assaf sur YouTube a été écoutée au moins 1 million de fois, et certaines chansons de 5 millions de fois - plus que le nombre totale de voix que le Hamas et le Fatah ont obtenu aux élections de 2006.

Les électeurs palestiniens d’Assaf sur « Idole arabe » sont en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans la Palestine occupée en 1948, ainsi qu’à l’étranger. Et ils n’ont pas les mêmes affiliations politiques, culturelles et religieuses : ils sont musulmans et chrétiens, certains impliqués dans la politique et d’autres pas.

Plus d’Égyptiens ont voté pour les candidats de « Idole arabe » qu’ils ne l’ont pas pour le président égyptien Mohammed Morsi à l’élection de 2012. Quelle est l’importance d’étudier les origines culturelles, religieuses et sociales de millions d’électeurs égyptiens, loin du fanatisme religieux et des divisions sociales causées par l’intolérance dans nos pays ? Quelle est la signification du fait que 3 millions de personnes aient écouté une ballade sur YouTube, écrite, composée et interprétée par le concurrent syrien Abdul Karim Hamdan, sur sa ville blessée d’Alep ? Et pourquoi est-il important que des millions de personnes écoutent les chansons d’un jeune chanteur kurde à la télévision et sur Internet ?

Le programme « Idole arabe », qui recherche des jeunes chanteurs de talent, soulève des questions culturelles et sociologiques profondes pour ceux qui s’intéressent aux affaires publiques, en particulier les dirigeants des partis religieux et non-religieux. La politisation de la religion, qu’elle soit faite par les États ou par les mouvements, est la cause de ce fanatisme sectaire qui nous détruit.

Le grand succès de « Idole arabe » nous suggère que les masses se détournent des chaînes d’information politisées, des chaînes religieuses et autres supports de diffusion que beaucoup représentatifs de la culture arabe ? Se pourrait-il que les nouvelles réalités de la politique et de la guerre aient poussé les gens à se détourner des partis politiques, des groupes religieux et de tous ceux qui s’échinent à fragmenter les sociétés arabes ?

Pour « Idole arabe », les Arabes se rassemblent et soutiennent leurs candidats en votant. Pendant un moment, au moins, les Arabes de chaque pays retrouvent une union nationale dont ils sont privés dans leur pays fracturés.

Dans la plupart des pays arabes aujourd’hui, le paysage culturel, sociologique et religieux est embourbé dans l’extrémisme. Les gens se révoltent contre les édits religieux qui étouffent leur vie et tournant le dos à ceux qui veulent les contrôler. Et ils optent pour la coexistence. Ce bloc de citoyens modérés qui rejettent l’extrémisme est la dernière ligne de défense de l’unité nationale.

Il n’est pas exagéré de dire que Assaf est plus efficace pour parvenir à une véritable unité nationale palestinienne et pour faire en sorte que les Palestiniens sentent qu’ils appartiennent à une identité commune plutôt qu’au Hamas, au Fatah età l’Autorité palestinienne. Ou peut-être, Assaf est une survivance de ce qu’ils ont détruit ! La polarisation politique et religieuse est en train de détruire les bases communes dans la société palestinienne, en particulier avec la décision du Hamas d’imposer des restrictions religieuses dans la bande de Gaza.

Dans une perspective plus large, l’art et le chant font une fois de plus la preuve de leur capacité à fédérer une société divisée. Oum Kalsoum était l’une des personnalités du monde culturel pan-arabe les plus importantes en dépit de toutes les querelles inter-arabes. Les chansons de Fairuz dépeignent un Liban uni et multi-confessionnelle. Tous les Libanais écoutent ses chansons, quelles que soient leurs origines. Cheb Khaled a réuni tous les Algériens dans le monde dans leur identité nationale et culturelle, contribuant ainsi à surmonter les divisions de la guerre civile et les appels à la division. Les chansons de Mohammad Abdo d’Arabie saoudite sont chantées par les gens de Hijaz, Najd et de l’est du royaume, où les tournent le dos à l’intolérance entre sunnites et chiites.

Avec « Idole arabe », tous les Arabes - d’est en ouest - chantent les mêmes chansons, et ensemble. Ailleurs, on ne voit que des divisions sectaires, des accusations et des tranchéess. Dans l’art, la littérature et le chant, il y a une langue arabe commune qui réunit tous les publics et transcende le discours religieux qui divise.

« Idole arabe » et d’autres programmes artistiques soulèvent d’importantes questions : les arts et la musique sont-ils de la dernière ligne de défense de l’unité nationale dans les pays arabes ? L’art et la musique deviennent-ils la dernière ligne de défense de la culture arabe ?

9 juin 2013 - al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/cul...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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