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Que peut-on qualifier de « victoire » pour le Hezbollah en Syrie ?

dimanche 9 juin 2013 - 14h:49

Al-Monitor

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Selon le correspondant libanais d’al-Monitor, la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie est le produit de sa décision d’intégrer sur ce front une alliance forte qui s’étend de la Russie et de l’Iran, jusqu’au Liban en passant par l’Irak.

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Hassan Nasrallah, premier dirigeant du Hezbollah, mouvement de la résistance libanaise

Un discussion est en cours au sein même du Hezbollah, sur les objectifs à l’origine de la participation du mouvement dans la guerre civile syrienne. Mais la question à présent va au-delà de savoir pourquoi le parti a choisi d’entrer dans cette guerre, la base populaire du parti et ses dirigeants les plus influents étant apparemment convaincus par l’explication fournie par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier a déclaré que plutôt que d’attendre que les islamistes extrémistes viennent combattre son organisation ici même au Liban, il avait été décidé de choisir le moment et le lieu de cette confrontation, qu’ils ont eux-mêmes provoquée.

Par conséquent, une question beaucoup plus complexe est maintenant le sujet de discussions au sein du parti, et le débat est de plus en plus animé derrière les murs à toute épreuve qui entourent le centre de décision. La question qui se pose concerne les objectifs de cette bataille, et les objectifs qui, une fois atteints, permettront au Hezbollah de proclamer qu’il a accompli les buts militaires qui l’ont poussé à participer à cette guerre.

En d’autres termes, quand est-ce que les combattants du Hezbollah rentreront-ils chez eux ? Et quand Nasrallah annoncera-t-il à ses partisans que la mission militaire en Syrie a été remplie avec succès, que ses objectifs ont été atteints et que la victoire qu’il avait promise à son auditoire était bien au rendez-vous ?

Pour l’instant, cette question reste sans réponse officielle et satisfaisante. Certaines fuites venues de l’organisation suggèrent des réponses possibles, mais tout restera dans le domaine de la conjecture jusqu’à ce que Nasrallah ne s’expliquera pas lui-même sur la question. En effet, un phénomène remarquable imprègne le parti et tourne autour du fait que ses partisans, lorsqu’ils sont confrontés à des situations difficiles, attendent patiemment que Nasrallah apparaisse sur leur écran de télévision pour leur présenter de première main des éclaircissements sur la question. Jusque-là, toutes les réponses possibles attestent d’une grande perplexité et d’un réel souci.

Savoir jusqu’à quand le Hezbollah restera engagé en Syrie reste la principale source d’inquiétude pour la base populaire du parti, alors que Nasrallah reste silencieux sur la question. L’origine de cette inquiétude réside dans un ensemble de raisons qui peuvent échapper à ceux qui ne connaissent pas la psychologie qui anime la base sociale du Hezbollah. La peur des gens n’a pas liée au coût humain de l’intervention. Bien que cette crainte existe chez les partisans du hezbollah, elle peut être compensée par une forte mobilisation idéologique et religieuse. Le martyre pour la défense du sanctuaire de Sayyida Zaynab [en Syrie] peut être d’un grand attrait au sein de la communauté chiite du Liban. Ce sanctuaire est considéré comme un motif digne pour envoyer ses enfants mourir à la recherche d’un martyre glorieux pour le bien de la petite-fille du Prophète Muhammad, Sayyida Zaynab, considérée comme le joyau de sa maison et vénérée par les chiites comme l’héritière légitime du califat.

Le fait est que la source du problème se situe dans la base sociale chiite qui est celle du Hezbollah. Cette base célèbre sans problème les victoires passées du parti contre Israël, mais elle est plus réticente au fait de se lancer dans des aventures aux conséquences imprévisibles, et elle préfèrerait donc que ces initiatives prennent fin le plus rapidement possible.

D’autre part, la question principale à l’intérieur de la base même du parti tourne autour de la nature de la victoire que le Hezbollah doit remporter dans cette bataille. Son but est-il de maintenir le président Bachar al-Assad au pouvoir, même si cela nécessite de rester sur le champ de bataille syrien pendant des années ? Ou l’objectif est-il uniquement de protéger les arrières de la résistance ? Ce qui n’est pas non plus un objectif à court terme et exige que le parti se batte simultanément sur deux fronts : celui de la défense contre Israël, et celui nécessaire pour maintenir les lignes d’approvisionnement depuis la Syrie vers la résistance libanaise.

Dans le cadre de ce débat, des réponses mitigées sont données, ce qui indique que l’implication du parti dans les combats en Syrie n’était pas le résultat d’une improvisation avec des effets supposés rapides. En fait, sa participation est le reflet d’une décision d’assurer une alliance forte sur le front en Syrie - une alliance qui s’étend de la Russie et de l’Iran, et va jusqu’au Liban en passant par l’Irak du Premier ministre Nouri al-Maliki. Et dans le cadre de cette alliance, le parti a acquis une stature régionale qui augmente ses capacités défensives, et non l’inverse.

En outre, des informations ont filtré de la direction du parti, mais sans être encore confirmées, que la visite du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, au Liban après un passage à Téhéran le mois dernier, et sa rencontre avec Nasrallah, avaient pour but de coordonner l’entrée effective du parti dans la guerre en Syrie. Avec toutes les réserves nécessaires, la diffusion de cette information est destinée à indiquer que la décision de participer à la guerre est le résultat de calculs bien réfléchis.

Dans le discours au cours duquel il a annoncé la participation du mouvement à la guerre syrienne, Nasrallah a fait allusion aux objectifs directs que son parti cherchait à atteindre, et les a présentés comme destinés à mettre un terme à la présence militaire de l’opposition syrienne dans trois lieux différents : dans la région de Damas, qui est le foyer du sanctuaire de Sayyida Zaynab, dans la région de Homs, qui comprend la ville de Qusair et les villages environnants, et dans la région de Qalamoun, qui comprend la région de Zabadani.

Alors que la bataille pour la région de Damas prend une dimension religieuse car elle se rapporte à la défense du sanctuaire de Sayyida Zaynab, la bataille pour Qusair prend une dimension géopolitique, car son contrôle garantit les voies d’approvisionnement entre les zones chiites dans cette région de la Syrie et leurs coreligionnaires de la région de Hermel près de la frontière du Liban. Il convient de noter que les habitants des villages chiites dans la région de Qusair ont des liens claniques forts avec leurs frères dans la ville libanaise de Hermel. La bataille pour Qalamoun, d’autre part, devrait commencer bientôt par son importance dans les calculs du Hezbollah, puisqu’elle permettrait d’isoler les forces de l’opposition syrienne dans la région de Zabadani, en les coupant des salafistes libanais de la ville d’Arsal et de son large environnement inhabité.

A première vue, le contrôle des trois régions mentionnées ci-dessus fait partie des objectifs sur le terrain pour le Hezbollah en Syrie. On s’attend donc à ce que Nasrallah annonce la fin de la participation du parti aux combats une fois ce contrôle effectif.

Cependant, deux facteurs font douter les partisans du Hezbollah des objectifs militaires directs du parti dans la confrontation syrienne. Tout d’abord, la bataille n’est pas seulement liée à des objectifs militaires précis... C’est une bataille pour la survie. Et par conséquent les combats en Syrie sont une affaire à long terme qui va au-delà d’un raid militaire rapide ou d’escarmouches. Deuxièmement, le Hezbollah n’est pas entré en Syrie avec un plan précis pour en ressortir. Les rôles que lui et le régime syrien ont joué dans leur confrontation avec leurs ennemis communs sont si étroitement imbriqués qu’ils ne peuvent plus être distingués. La réalité sur le terrain nécessite maintenant que les deux alliés s’impliquent dans une coordination militaire qui s’étend de l’Iran au Liban, via l’Irak et la Syrie.

Lire également :

- Le Hezbollah et le bourbier syrien - 3 juin 2013
- Les limites de l’intervention du Hezbollah en Syrie - 1e juin 2013
- Comment la révolution en Syrie a sombré - 30 mai 2013

8 juin 2013 - al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - Claude Zurbach


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