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Turquie : une colère qui vient de loin

jeudi 6 juin 2013 - 06h:59

Hüsnü Mahalli

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En l’espace d’une seule nuit, ce qui était autrefois un consensus sur la stabilité du gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, s’est transformé en une rupture. La barrière de la peur s’est effondrée et et les manifestations se sont répandues à travers tout le pays, avec des affrontements qui ont blessé de nombreuses personnes. Cependant, le « Sultan » ne bouge pas, au moins pour l’instant.

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Des manifestants portent un blessé, à Ankara le 2 juin 2013 - Photo : AFP

La vague très violente d’affrontements en Turquie au cours des deux derniers jours a soulevé de nombreuses questions - dont le pourquoi d’une réaction disproportionnée du gouvernement turc - qui font considérer la possibilité d’un « printemps turc ».

Les informations sont contradictoires, mais il y a une constante : la barrière de la peur qui a protégé le Premier ministre turc Erdogan qui exerce son autorité sur l’ensemble du pays, s’est écroulée. Bien que le point de vue qui prévaut est que Erdogan est toujours fermement aux commandes, on ne peut nier que les événements ont pris tout le monde par surprise.

Il est clair que la question dépasse l’évènement déclencheur. La transformation d’un lieu public en un centre commercial ne justifie pas des centaines de blessés et d’arrestations, ou que les gens de 47 districts descendent dans la rue.

Erdogan a accusé le Parti républicain du peuple (CHP) et son président Kemal Kılıçdaroğlu. Pourtant, il est indéniable que le contrôle et l’hégémonie exercés par Erdogan - qui a transformé les principaux médias en organes officiels du gouvernement - est un facteur important dans cette mobilisation.

La raison pourrait aussi être l’ingérence d’Erdogan et de son parti dans les affaires privées des individus, comme la récente décision d’interdire l’alcool. Ou peut-être le mécontentement populaire avec le traitement de la question syrienne, certains sondages indiquant que 80% des gens ne sont pas satisfaits de la situation.

Kılıçdaroğlu s’était exprimé avec clarté. La politique du gouvernement envers la Syrie est une menace pour la Turquie, la sécurité intérieure, nationale et internationale. La réponse de M. Erdogan, comme d’habitude, a été violente et provocatrice, l’accusant de « soutenir le président syrien Bachar al-Assad parce qu’ils sont tous les deux alaouites. »

Certains pensent de leur côté que les attaques d’Erdogan contre le Hezbollah et l’Iran représentent une autre raison à l’origine du mécontentement populaire à l’égard du Premier ministre. Il y a environ 20 millions de Turcs alaouites, bien connu pour être les plus ardents défenseurs de la laïcité dans le pays.

Peu importe.. La force d’Erdogan réside dans le soutien politique, économique et moral des États-Unis. La Bourse d’Istanbul dépend pour 66% des investissements étrangers. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que M. Erdogan, qui a vendu la quasi-totalité du secteur public, est aujourd’hui l’otage de cet argent et des investissements. En cas de baisse des investissements étrangers, nous connaîtrons un nouvel effondrement économique, qui emportera avec lui Erdogan et son parti de la Justice et du Développement (AKP).

L’AKP est arrivé au pouvoir suite à un effondrement économique. Il reste au pouvoir grâce à des « réalisations » économiques. Il était intéressant de constater que dans toute cette confusion, plusieurs journaux turcs, américains et britanniques ont ancré leur analyses dans ce cadre. Cependant, ils diffèrent quant aux implications.

Ceux qui estiment que nous sommes face à un printemps turc citent des causes à la fois économiques et culturelles, ainsi que la peur de l’islamisation de l’État. La presse turque estime pourtant que parler d’un printemps turc est « exagéré ». Certains spécialistes de la Turquie sont d’accord pour dire que les événements actuels sont « un tournant pour l’image de M. Erdogan et de son parti. »

La presse turque a convenu dans son ensemble que les manifestations « révélaient le fossé entre les opinions des citoyens et les vues de l’AKP au pouvoir. »

3 juin 2013 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu - Naguib


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