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Abbas et la trahison de « la paix économique »

mercredi 29 mai 2013 - 07h:23

Abdel Bari Atwan

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Aujourd’hui l’ex-président palestinien, Mahmoud Abbas, profite de toutes les occasions pour souligner son amitié avec Israël, sa volonté de protéger la sécurité de l’occupant, et la reprise de négociations avec le gouvernement israélien.

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Abbas (à d.), dans le rôle de Pétain et serrant la main du criminel de guerre Peres

Lors du récent Forum économique mondial sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’ex-président palestinien s’est comporté avec son homologue israélien Shimon Peres comme s’il celui-ci était un ami proche et un homme de paix. Abbas s’est comporté de la même façon avec la délégation israélienne composée d’hommes d’affaires et de journalistes.

Abbas et Peres se connaissent depuis longtemps, et leur liaison remonte à loin. Une telle attitude est une véritable tentative de normalisation avec un État qui continue de construire des colonies sur les terres palestiniennes.

Dans le même temps, Israël continue de protéger ses extrémistes juifs qui, semaine après semaine, vandalisent la cour de la Mosquée al-Aqsa. Le même régime est également en train de rédiger une loi pour annexer la Cisjordanie après avoir judaïsé Jérusalem.

L’ex-président palestinien a volontairement renoncé à son droit de retourner sur son lieu de naissance, sous le prétexte d’influencer les résultats des élections législatives et de servir les intérêts de la [prétendue] gauche israélienne. Abbas a déclaré qu’il était fier de voir que les forces de sécurité palestiniennes protégeaient les colons de toutes les attaques possibles. Il a même souligné que les mêmes forces de sécurité avaient restitué leurs armes à plusieurs soldats israéliens, malgré leurs attaques continues contre le peuple palestinien en Cisjordanie.

Le dirigeant palestinien a affirmé que les soldats et les colons israéliens ne devaient pas être enlevés, en référence à la capture du soldat israélien Gilad Shalit par des combattants du Hamas dans la bande de Gaza. Il a clairement oublié que la capture de Shalit a conduit à la libération de plus d’un millier de prisonniers palestiniens, dont des dizaines de combattants du Fatah.

Le problème est que l’approche « flexible » d’Abbas se manifeste alors que le Secrétaire d’État américain John Kerry a lancé une nouvelle initiative pour réduire la question palestinienne à une poignée de projets économiques. Le diplomate américain est un fan de la « paix économique », une idée promue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

La paix économique est aussi la pensée de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, un homme en qui on ne peut placer la moindre confiance étant donné son passif sur la guerre en Irak, quand il a fabriqué son scénario sur les prétendues armes de destruction massive pour justifier le meurtre d’un million de citoyens irakiens innocents.

La nouvelle grande idée vise essentiellement à donner des emplois aux Palestiniens et l’accès aux habitudes de consommation de la société occidentale, pour les distraire des questions fondamentales que sont l’occupation et la résistance.

Le plan de Blair a fonctionné dans une certaine mesure, puisque c’est contre l’Autorité palestinienne que les 150 000 employés palestiniens se sont retournés pour protester quand ils n’ont pas reçu leurs salaires. Pour les puissances occidentales et Israël, cela prouve que les Palestiniens ne sont pas en état de lancer une troisième Intifada.

Malheureusement, un certain nombre d’hommes d’affaires palestiniens ont accueilli favorablement l’initiative de Kerry, qui verrait 4 milliards de dollars injectés pour financer des projets économiques visant à détourner les Palestiniens des vraies questions et de leurs droits juridiques. Quant aux hommes d’affaires, seul importe pour eux l’argent et l’augmentation de leurs avoirs dans les banques.

J’espère que le président palestinien va se souvenir qu’il est à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le chef suprême des forces armées. Il est également le leader du Fatah, qui a lutté pendant plus de 40 ans et a perdu des milliers de martyrs. C’est cela, la lutte... Mais l’ex-président palestinien ne pense qu’à assurer la coordination répressive avec Israël.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

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28 mai 2013 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/english/?p=1708
Traduction : Info-Palestine.eu - Al-Mukhtar


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