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La guerre en Syrie touche maintenant le Liban

samedi 25 mai 2013 - 15h:07

Nasser Chararah - al-Monitor

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Les autorités libanaises ont obtenu des informations au cours de ce mois, selon lesquelles l’émir de l’organisation Jabhat al-Nusra en Syrie, Abu Mohammad al-Golani, avait récemment visité le camp de réfugiés palestiniens de Ein el-Hilweh au Liban.

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15 mai 2013 - Des Palestiniens, militants du Fatah, portent leurs armes tandis ils défilent pour marquer le 65e anniversaire de la Nakba, à Ein el-Hilweh, un camp de réfugiés palestiniens près de la ville portuaire de Sidon, dans le sud du Liban - Photo : Reuters/Ali Hashisho

Les informations rapportent aussi que al-Golani a tenu des réunions avec des groupes salafistes qui soutiennent son action, et plus particulièrement avec les organisations du Fatah al-Islam et du Jund al-Sham, pour aboutir à un accord sur des opérations militaires contre le Hezbollah et la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). Selon des sources bien informées, l’information a été transmise par des sources occidentales, et les détails qui s’y rapportent sont actuellement vérifiés.

Une source militaire des services de renseignement libanais, a déclaré à Al-Monitor qu’il y avait des raisons de croire que la personne qui a visité le camp était un représentant de Golani, et non pas Golani lui-même. Toutefois, les informations à la disposition des organismes de sécurité libanais - à la fois les organismes officiels et ceux appartenant au Hezbollah - ont à leur disposition des informations et des rapports indiquant que Jabhat al-Nusra pourrait commettre des attentats contre le Hezbollah et ses sites, en réponse à la participation militaire de ce dernier dans la bataille de Qusair.

Les informations obtenues par les services de sécurité libanais correspondent à celles venues des services de renseignement étrangers - dont deux proches de l’opposition syrienne - et indiquent que Jabhat al-Nusra en Syrie a décidé d’étendre les combats au Liban, en adoptant des règles d’engagement différentes de celles en Syrie. Le but est de lancer des représailles contre le Hezbollah, et d’aller progressivement vers une guerre totale contre celui-ci.

Cette information est basée sur des changements politiques et militaires importants qui se sont produits à l’intérieur de camp de Ein el-Hilweh au cours des dernières semaines, avec entre autres initiatives le lancement d’une campagne d’entraînement pour les Palestiniens déplacés, par le Fatah al-Islam et le Jund al-Sham. La campagne d’entraînement est organisée sous la responsabilité d’Oussama Shehabi (un militant de l’un des groupes takfiris [radicaux fondamentalistes] liés à Al-Qaïda). D’un autre côté, Mahmoud Issa, également connu sous le nom de « Al-Lino » - un commandant du Fatah qui a une relation compliquée avec la direction de son mouvement à Ramallah - a lancé une campagne d’entraînement parmi les réfugiés pour son propre groupe.

La concurrence entre « Al-Lino » et les forces islamistes affiliés à Jabhat al-Nusra réflète une partie d’un conflit larvé entre le Qatar et les Émirats arabes unis, lesquels mettent indirectement en œuvre un programme saoudien. Le Qatar encourage les chefs de Jabhat al-Nusra à contrebalancer la défaite de Qusair par une riposte au Liban, en enflammant le front de Jabal Mohsen-Bab al-Tabbaneh dans le nord et en étendant l’influence des forces salafistes dans le camp de Ein el-Hilweh.

En revanche, les Émirats Arabes Unis sont impliqués dans ce même camp par l’intermédiaire de Mohammed Dahlan, un ancien responsable de la sécurité au sein du Fatah avant ses désaccords avec l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas. Selon nos informations, Dahlan se préparerait à déclarer un nouveau mouvement militant à l’intérieur du camp de Ein el-Hilweh. Il est donc prévisible qu’il y ait une tension accrue dans ce camp. Cela fait partie d’une lutte d’influence pour contrôler le camp, entre des puissances régionales qui sont divisées sur qui doit représenter l’opposition et qui doit être à l’avant-garde d’un processus de transition en Syrie. Cela montre que tous les éléments du conflit en Syrie se sont étendus au Liban. Un officiel du ministère français des Affaires étrangères a estimé qu’ il faudrait un miracle pour que le conflit en Syrie ne s’étende pas au Liban.

La position du Hamas

Le Hamas adopte à l’intérieur du camp des positions censées le faire apparaître comme partie intégrante de l’axe islamique palestinien allié avec l’opposition syrienne. Ses plus récentes prises de position confirment ce choix. Il y a environ 10 jours, lors d’une réunion des forces islamiques dans le camp avec la participation de quelques factions palestiniennes, le Hamas a rejeté la publication d’une déclaration commune condamnant le raid israélien sur Damas. Lors de cette réunion, le représentant du Hamas, Abu Ahmed Fadl, a justifié cette décision en disant que le groupe prenait ses distances par rapport aux événements en Syrie. Il est cependant clair que le Hamas, par cette décision, prenait ses distances par rapport au régime syrien lui-même, bien que la partie adverse soit Israël.

Récemment, le Hamas a refusé de participer à une force de sécurité palestinienne chargée de maintenir la sécurité dans le camp et d’assurer la coordination entre toutes les organisations pour empêcher tout incident. Le refus du Hamas revient à saper cette nouvelle initiative dont l’objectif est de pouvoir faire face aux graves dangers qui menacent la situation sécuritaire déjà fragile à l’intérieur du camp.

En conclusion, le Hamas a abandonné sa position intermédiaire et cherche maintenant à agir en tant que chef de file du courant islamique dans le camp, en s’opposant au courant pro-Autorité palestinienne.

Selon des sources sécuritaires, le Hamas a décidé de compenser l’évacuation de ses bureaux en Syrie en établissant d’autres représentations dans le camp de Ein el-Hilweh et dans d’autres camps palestiniens au Liban. La force militaire du Hamas à Ein el-Hilweh comprend actuellement de 250 à 300 combattants.

De plus, des sources palestiniennes ont déclaré que les récents affrontements à Ein el-Hilweh en relation avec l’assassinat de l’aide d’Al-Lino, Muawiyah Mazloum, par le groupe salafiste de Badr Bilal affilié à Jabhat al-Nusra, tenait du règlement de comptes entre deux groupes rivaux. Ces mêmes sources ajoutent que le moment [de la confrontation], qui coïncide avec le début de l’offensive de l’armée syrienne sur Qusair, indique que le feu vert a été donné pour déstabiliser la sécurité dans le camp, en prélude de la mise en application du plan de vengeance pour la défaite de Qusair, que ce soit dans le camp de Ein el-Hilweh ou dans celui de Jabal Mohsen, en démarrant à Bab al-Tabbaneh à Tripoli - impliqué depuis près d’une semaine dans des affrontements violents entre les deux camps, l’un soutenant le régime syrien et l’autre s’y opposant

* Nasser Chararah est un écrivain et un contributeur à Al-Monitor’s Lebanon Pulse et dans plusieurs journaux et magazines arabes. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le conflit entre le Hezbollah et Israël. Il est également le directeur de l’Institut libanais pour les études et publications, et il a travaillé pour le Centre de recherche palestinien.

24 mai 2013 - al-Monitor - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.al-monitor.com/pulse/ori...
Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar


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