16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Les paris arabe et israélien de paix en Palestine

vendredi 20 avril 2007 - 08h:30

Abdallah Al-Achaal - Al-Ahram Hebdo

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Le projet des Arabes est de substituer la paix au conflit en Palestine. Le projet d’Israël est aussi de substituer la paix au conflit. Mais la différence est énorme entre les deux projets. En effet, les Arabes veulent une paix relativement juste qui répondrait aux demandes arabes et palestiniennes, et aussi aux demandes israéliennes.

La position d’Israël envers le projet arabe ne doit pas nous tromper. Nous ne devons pas imaginer qu’Israël possède un projet parallèle et que la conférence régionale est la scène naturelle de l’examen de tous les projets, comme le veut Israël. Selon le projet arabe, il est indispensable d’instaurer une paix réelle dont l’objectif serait d’arriver à la restitution des droits palestiniens et arabes usurpés en 1967. En contrepartie, tous les pays arabes devront reconnaître Israël, normaliser leurs relations avec l’Etat hébreu et mettre définitivement un terme au conflit. Il s’agit d’une paix basée sur un équilibre entre des demandes opposées. Quant à Israël, il veut une paix selon sa propre conception qui réaliserait les objectifs israéliens uniquement, sans aucune contrepartie. Il veut les territoires arabes et la reconnaissance arabe en même temps.

Quant au projet arabe, il compte essentiellement sur une initiative juste car elle donne à Israël tous les territoires palestiniens occupés avant le 5 juin 1967, soit 78 % de la superficie actuelle d’Israël. C’est-à-dire qu’il incombe à Israël de détruire les colonies et le mur de séparation et d’accepter le retour des réfugiés ou de les indemniser, s’ils le veulent. Il est clair qu’Israël a déjà commencé à mettre en exécution les clauses de son projet en Palestine et à se protéger contre les pays arabes en les affaiblissant. Ce alors que les exigences arabes se font de moins en moins nombreuses depuis 1948, soit depuis près de 60 ans.

Dans ce contexte, plusieurs questions s’imposent : quels sont les facteurs sur lesquels parie Israël en refusant l’initiative arabe ? Pourquoi Israël ne reconnaît-il pas l’initiative arabe puis négocie ses détails ? Peut-on considérer la déclaration d’Olmert, selon laquelle certains points de l’initiative sont intéressants, comme une acceptation de l’initiative dans son principe ?

Le discours politique israélien ne peut se traduire comme une acceptation de l’initiative arabe. En fait, Israël parie sur huit facteurs en contrepartie de sept facteurs qui viennent à l’esprit du preneur de décision arabe concerné par cette initiative. En effet, du point de vue pratique, l’initiative n’a aucune valeur si elle ne peut être exécutée. Et dans les circonstances actuelles, cette exécution n’est pas du tout assurée.

Pour ce qui est du premier facteur du pari israélien, il s’agit de montrer un certain intérêt pour l’initiative arabe et de la négocier pour donner aux Arabes une illusion qu’Israël a changé de position.

Le second facteur parie sur l’absence de moyens, notamment les pressions internationales et aussi arabes.

En ce qui concerne le troisième facteur, Israël sait qu’il peut compter de manière absolue sur le soutien américain, permanent et efficace.

Le quatrième facteur s’appuie sur les périodes électorales israéliennes, américaines ou encore palestiniennes propices aux man ?uvres israéliennes. Quant au cinquième facteur, Israël est convaincu de la possibilité de contourner l’initiative sans la refuser franchement et d’appliquer la normalisation coûte que coûte.

Pour ce qui est du sixième facteur, Israël parie sur la poursuite du blocus imposé au peuple palestinien, qui lui permettra de l’alléger un peu si les pays arabes acceptent la normalisation. C’est-à-dire qu’Israël veut la normalisation en contrepartie de la levée du blocus alors que la normalisation était à la base la contrepartie du retrait des territoires occupés.

Le septième facteur parie sur le démantèlement du rang palestinien en conséquence de la poursuite du blocus et des pressions israéliennes. Le fait qui mènera à l’effondrement du gouvernement palestinien d’union nationale. Ce en continuant à soutenir le Fatah contre le Hamas, en continuant à affaiblir le Hamas et à faire chanter le Fatah s’il continue à adopter une position solidaire avec le Hamas. Bref, il s’agit d’anéantir l’accord de La Mecque.

Enfin, Israël parie sur la position du Quartette et de certains pays européens.

Par ailleurs, les pays arabes parient sur plusieurs points comme l’évidence de l’initiative arabe, l’insistance de la soumettre à la communauté internationale et de la mouvoir à travers un comité regroupant 12 pays arabes, sur l’échec des autres projets pacifiques, sur le mouvement médiatique et diplomatique au sein de l’Onu et dans les grandes capitales, sur la conviction que le monde actuel comprend mieux cette cause et enfin sur la cohérence de l’accord de La Mecque et du gouvernement d’union nationale jusqu’à présent. Enfin, il est clair qu’Israël et le monde arabe parient sur la réussite de leurs projets respectifs. Qui prendra le dessus, le pari israélien ou le pari arabe ?

Il semble que le pari israélien, vu les facteurs précités, peut porter ses fruits. Cependant, le monde arabe possède aussi les capacités de faire réussir son projet s’il les exploite au maximum.


Abdallah Al-Achaal est politologue.

Abdallah Al-Achaal - Al-Ahram Hebdo, semaine du 18 au 24 avril 2007, n° 658


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.