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Le mouvement ouvrier égyptien se bat pour la justice sociale

samedi 4 mai 2013 - 07h:19

Mustafa Bassiouni

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Plus de deux années après la révolution égyptienne du 25 janvier 2011, les Egyptiens de la classe ouvrière se retrouvent seuls à se battre pour imposer deux des objectifs majeurs de la révolution : les droits de travailleurs et la justice sociale.

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Un militant égyptien criant des slogans lors d’une manifestation du parti communiste égyptien, aux côtés de travailleurs et de militants politiques pour marquer la journée internationale du Travail, le 1er mai 2013 au Caire - Photo : AFP/Gianluigi Guercia

Le mouvement des travailleurs en Égypte a réalisé des pas significatifs au cours des dernières années. Rien qu’en mars 2013, une étude a signalé plus de 300 grèves ouvrières dans le pays - une augmentation significative par rapport au mois précédent, où 250 grèves avaient été enregistrées.
Mais ces nombres ne disent pas tout à eux seuls, particulièrement si vous évaluez la portée des grèves, qui se sont étendues à presque toutes les régions du pays et ont visé tous les secteurs, publics et privés, de l’économie dont des secteurs très sensibles, comme celui si stratégique des transports.

Ces développements dans la lutte des travailleurs ont été accompagnés d’une évolution également importante des exigences dans travailleurs, qui avaient débuté leur mouvement par des revendications limitées touchant aux échelles des salaires et aux conditions de travail dans des secteurs déterminés. Aujourd’hui, les syndicats ont élargi leur cahier de revendications pour y inclure des exigences qui pourraient changer radicalement la société égyptienne dans son ensemble, comme la revendication d’un salaire minimum et maximum pour s’attaquer à l’écart énorme qui existe entre riches et pauvres.

Le mouvement ouvrier demande également que soit destinée aux plus déshérités une part plus importante du budget de l’État, que soient mis à la porte les directeurs hostiles aux syndicats, que soient re-nationalisées les sociétés perdues dans les privatisations, que le droit du travail soit amélioré, pour ne citer que ces exemples.

Mais peut-être le changement le plus important qui se produit dans ce mouvement social est l’émergence d’un mouvement syndical indépendant. Aujourd’hui, le mouvement syndical comprend deux fédérations indépendantes qui incluent des centaines de syndicats, malgré le fait que ces formations ne sont pas légalement reconnues, suite à la volonté du gouvernement actuel de maintenir le droit du travail hérité du régime de Moubarak.

Tous ces facteurs combinés suggèrent que nous sommes à la veille de connaître un mouvement ouvrier complètement transformé, qui est non seulement passé par un certain nombre d’évolutions qualitatives, mais qui s’est avéré capable de soutenir une marée croissante de protestations remontant à la grève historique de 2006 des travailleurs du textile dans Mahalla.

Malheureusement, la chute du régime de Moubarak n’a pas mis un terme à la répression étatique à laquelle les travailleurs sont confrontés. Une des premières lois passées après la révolution de janvier 2011, a été d’interdire les grèves et les sit-in, ce qui a eu comme conséquence des procès organisés par l’armée contre les travailleurs qui ont outrepassé les interdictions. Sous le Président Mohamed Morsi, des chiens policiers ont été à plusieurs reprises utilisés pour casser des piquets de grèves, en plus du recours à l’armée pour briser les grèves des travailleurs, comme celle dans les transports ferroviaires le mois dernier.

La situation politique en Égypte dans la troisième année après la révolution reste aussi problématique pour le mouvement ouvrier qu’à l’époque de Moubarak. Non seulement l’objectif premier des Frères musulmans a été de renforcer leur hégémonie sur l’État, mais l’opposition - réunie dans le Front du Salut - a peu à offrir en termes de solutions alternatives permettant d’atteindre les objectifs de la révolution.

Pire encore, la Fraternité et le Front du salut sont autant d’accord l’un que l’autre d’accord sur la nécessité de poursuivre dans la voie des politiques néolibérales qui mettent l’accent sur ​ des investissements étrangers et des prêts du FMI pour développer l’économie. Le slogan de « terminer la révolution » est devenu rien d’autre qu’une promesse vide répétée à la fois par le gouvernement et l’opposition sans aucun changement perceptible sur le terrain.

Les progrès imposés jusqu’à présent par le mouvement ouvrier font peut-être de celui-ci - et probablement le seul - candidat pour prendre la tête des catégories sociales qui ont un intérêt dans la poursuite de la lutte pour atteindre les principales revendications de la révolution, avec en tête tout ce qui a trait à la justice sociale.

2 mai 2013 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.eu


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