La situation embrouillée israélo-palestinienne est en grande partie due à des agendas politiques entremêlés de connotations religieuses. Cependant, la crise humanitaire des Palestiniens est le problème le plus mal interprété et le plus insuffisamment rapportée. Deux éléments essentiels seront abordés ici : les agriculteurs, et les prisonniers palestiniens.

Les forces israéliennes ont rasé 1300 oliviers cette dernière semaine, rien qu’à Hébron, sans parler d’autres villages. La terre agricole palestinienne est une cible délibérée en raison de son immense valeur économique et de son importance au regard des objectifs expansionnistes d’Israël. La détruire, c’est tenter d’obliger les Palestiniens à partir afin d’étendre les colonies réservées aux seuls juifs. Selon l’Initiative commune de playdoyer (JAI – Joint Advocacy Initiative), des experts en agriculture ont relevé qu’environ 548 000 oliviers ont été arrachés depuis septembre 2000. Face à cet anéantissement méthodique par Israël, JAI a lancé la Campagne de l’Olivier (1), replantant sur les terrains mêmes qu’Israël a détruits, utilisant en même temps l’olivier comme un mécanisme de défense pour la cause palestinienne.

L’autre grande cible d’Israël, c’est le peuple, avec les prisonniers qui sont les objectifs les plus directs et les plus accessibles. Les droits fondamentaux sont refusés aux détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.

Des procédures comme la détention administrative et les transferts forcés sont imposées aux civils palestiniens, bien que prohibées par le droit international. Les forces israéliennes effectuent des raids sur les villages palestiniens, arrêtant des jeunes et des adultes, sans aucune accusation formelle ni procès, les détenant pendant des périodes prolongées. Les avocats se voient refuser l’accès à leurs clients emprisonnés en détention administrative, une détention interdite par la Convention contre la torture (art. 6 - ndt). En outre, les ordres de détention administrative sont donnés par les commandements militaires israéliens (et non par un juge) et peuvent être renouvelés un nombre infini de fois, enracinant en fin de compte une routine arbitraire et laissant les Palestiniens sans possibilité de recours légal ou à la justice. Par suite, le cycle incessant de détentions de civils palestiniens sans crimes commis devient la norme. Les moyens d’arrestation contraires à l’éthique de l’armée israélienne et l’injustice du système judiciaire d’Israël quand il s’agit de Palestiniens, mettent en évidence la violence de l’occupation israélienne, laquelle exige d’urgence l’intervention internationale.

Par conséquent, les prisonniers palestiniens ont souvent mené des grèves de la faim dans l’espoir d’attirer l’attention internationale sur les violations des droits humains par Israël. Un exemple : le prisonnier Samer Issawi est maintenant connu comme celui qui a suivi la plus longue grève de la faim dans l’histoire en protestation de sa détention administrative illégale. Les dirigeants israéliens ont d’abord tenté de lui faire arrêter sa grève de la faim avec un éventuel accord où il devrait s’exiler de sa ville natale de Jérusalem, en violation de la Quatrième Convention de Genève. En conséquence, Samer a refusé la libération conditionnelle proposée par Israël, et qui aurait légitimé ses pratiques illégales. Un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge a déclaré que « choisir entre rester en détention ou être libéré dans un lieu autre que son lieu de résidence habituel ne peut être considéré comme l’expression véritable d’un choix de plein gré ».

Enfin, cette semaine, après 266 jours sans nourriture, Samer a signé un accord avec Israël garantissant sa libération sans expulsion (2). Dans un triomphe honorable, la détermination et le courage de Samer, défiant les mesures oppressives d’Israël, sont un symbole pour tous les prisonniers palestiniens. Alors qu’il a été contraint de sacrifier sa santé physique pour obtenir le respect de ses droits humains les plus fondamentaux, il a déclaré au monde que les Palestiniens étaient déterminés à résister à l’occupation d’Israël et à vivre une vie de liberté et de dignité.



Nejwa Ali écrit pour le département Média et Information du MIFTAH (Initiative palestinienne pour la promotion du dialogue global et de la démocratie). Elle peut être contactée à l’adresse : mid@miftah.org.


(1)

Garder l’Espoir en Vie – La Campagne de l’Olivier

La Campagne de l’Olivier a pour objectif de replanter des oliviers dans les zones où ces arbres ont été déracinés et détruits, ainsi que dans les zones où les champs sont menacés de confiscation par l’armée israélienne d’occupation et les colons.

Depuis 2001, Israël, par l’action combinée de son armée et des colons de Cisjordanie et de Gaza, a déraciné, détruit et brûlé plus de 548 000 oliviers qui appartiennent à des propriétaires fonciers palestiniens. La plupart de ces arbres avaient des centaines voire des milliers d’années. Nous savons que nous ne remplacerons pas la vie de ces oliviers, ni l’histoire et la vie autour d’eux, mais nous essayons de faire échouer ces pratiques barbares, irresponsables et insouciantes en donnant un signe d’espoir pour les générations futures.

Lorsque la campagne a été lancée en 2002, il s’agissait tout d’abord de replanter 50 000 oliviers dans les Territoires Palestiniens, grâce à un parrainage actif de particuliers, des YMCA et YWCA, des églises, des organisations liées à l’Église, des organisations de défense des Droits de l’Homme, et de tous les groupements solidaires envers la Palestine à travers le monde. En replantant des oliviers, cela envoie un message d’espoir aux Palestiniens, ce qui les encourage à réaffirmer leur engagement d’œuvrer pour la construction d’une paix juste.

Le réseau de cette campagne est en constante extension, grâce aux amis et partenaires qui ont décidé de la rejoindre pour Garder l’Espoir en Vie. Ces partenaires travaillent tous dans le but de sensibiliser le public de leur pays à la situation de la Palestine, ainsi qu’à développer le parrainage d’oliviers dans de nombreux pays comme aux Pays-Bas, en Norvège, Danemark, Suède, Japon, Royaume-Uni, Suisse, États-Unis, Irlande... L’objectif est d’apporter 350 nouveaux sponsors chaque année pour aider à replanter 8 000 arbres par an.

Jusqu’à présent, la Campagne de l’Olivier a participé à la plantation de plus de 50 000 oliviers dans des centaines de champs de Palestine, Cisjordanie et Gaza. De nombreux champs d’oliviers donnent d’ores et déjà des fruits pour les agriculteurs et leurs familles, les arbres plantés les ont aidés à rester présent dans leurs terres en faisant face à l’armée israélienne et à ses pratiques injustes. De plus, la campagne permet de sensibiliser un maximum de personnes à travers le monde, personnes qui deviennent alors conscientes de la situation des Palestiniens en Palestine.

Tableau montrant les progrès de la Campagne (jusqu’à la saison 2008-2009)

Source : JAI



(2)

Abu Dis, al-Qods occupée - des Palestiniens fêtent la victoire du héros Samer Issawi

(Source : ISM)

25 avril 2013 - MIFTAH - traduction : Info-Palestine/JPP