Des sources proches des décideurs dans le monde arabe et particulièrement dans le Golfe, laissent entendre que de très graves développements sont susceptibles se produire en Syrie en juin prochain.

Novembre 2012 - Manifestation à Amman, en Jordanie, contre la vie devenue trop chère - Photo : Press TV

Bien qu’il n’y ait pas encore de détails précis, plusieurs indicateurs donnent de la crédibilité à ces bruits.

Tout d’abord, les scientifiques travaillant pour l’armée britannique auraient trouvé des preuves d’utilisation d’armes chimiques utilisées dans le conflit en Syrie qui dure maintenant depuis deux ans. Le ministère de la Défense affirme que les échantillons de sol prélevés près de Damas ont prouvé l’utilisation d’armes chimiques, même si personne n’a été directement impliqué, que ce soit le régime ou l’opposition.

Ensuite, CNN a révélé que l’administration américaine remettait à jour des plans pour intervenir militairement en Syrie, en réponse aux pressions exercées par les Démocrates et les Républicains au Congrès.

En outre, les exercices et formations suivis par l’Armée syrienne libre (FSA), encadrée et formée en Jordanie et en Turquie par des forces spéciales américaines et britanniques sous la supervision de la CIA, prendront fin à la mi-mai.

Ensuite, le moratoire sur la décision de l’Union européenne d’imposer un embargo sur les armes à l’opposition syrienne se terminera au début de juin, ouvrant la voie à une action libre et indépendante de la Grande-Bretagne et de la France. Ces pays pourraient ainsi fournir à l’opposition des armes et des équipements modernes, notamment une armement lourd et des missiles anti-aériens.

Et enfin, la dispute s’est aggravée entre les autorités syriennes et et les Nations Unies à propos d’enquêtes internationales concernant l’usage d’armes chimiques.

Les informations livrées au compte-gouttes par le ministère de la Défense britannique concernant des échantillons de sol prélevés près de Damas doivent faire partie d’un plan plus général.

Cela n’est pas sans rappeler un autre incident au cours duquel les services de renseignement britanniques avaient envoyé un journaliste britannique iranien, Farzat Bazoft, à Bagdad pour prélever des échantillons de sol à proximité d’usines chimiques. Un laboratoire britannique avait ensuite prétendu avoir trouvé des traces d’armes de destruction massive (ADM) à proximité.

Cela avait permis de justifier l’invasion américano-britannique de l’Irak.

Il y a six mois, le président américain Barack Obama a lancé un avertissement sévère au régime du président syrien Bachar al-Assad, affirmant que toute utilisation d’armes chimiques précipiterait une réponse internationale.

Ce n’est pas par hasard que le sommet du G8 à Londres la semaine dernière, a répété la même menace.

Ce à quoi nous sommes sur le point d’assister, c’est à une répétition des événements utilisés pour justifier les sanctions économiques contre l’Irak - puis l’invasion - après que des armes chimiques aient tué 5000 civils dans la ville kurde de Halabja. L’Occident avait blâmé l’Irak pour cette tragédie.

La question demeure : est-ce une action militaire qui est prévue ? Ce qui pourrait signifier des zones d’exclusion aérienne ou l’armement de l’opposition, visant à attirer l’Iran dans le conflit. Ou cela prendra-t-il la forme d’une guerre lancée conjointement par les États-Unis, Israël et certains régimes arabes contre l’Iran et la Syrie à en même temps ?

Des rapports israéliens affirment que l’Iran pourrait devenir un État nucléaire avant la fin de l’année. Cela signifie que les États-Unis et Israël ont quelques mois pour arrêter un important changement stratégique dans la région.

Ce qui change les choses dans ce cas - et pourrait tout chambouler - c’est que lorsque le régime de Saddam Hussein faisait face au blocus et à la guerre, il était seul et sans alliés. Sous Gorbatchev, la Russie était en faillite et la Chine était préoccupé par son propre développement économique.

Aujourd’hui, le régime de Bachar al-Assad dispose du soutien de la Russie,de l’Iran, du Hezbollah au Liban et des pays du BRICS (Brésil, Chine, Inde et Afrique du Sud).

Juin est un de nos mois les plus chauds. Il est ironique qu’il débute 40 jours avant le mois sacré du Ramadan cette année.

Je ne serais pas surpris - et je ne peux pas l’exclure - si ce mois de juin devenait l’un des mois les plus incendiaires dans l’histoire du monde arabe.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

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15 avril 2013 - Abdel Bari Atwan - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.bariatwan.com/english/?p=1578
Traduction : Info-Palestine.eu - Al Mukhtar