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Le Hamas renforce la séparation des sexes dans le système scolaire palestinien

samedi 13 avril 2013 - 07h:14

Abeer Ayyoub

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A compter de septembre, les filles et les garçons âgés de plus de neuf dans la bande de Gaza seront séparés à l’école en vertu d’une nouvelle loi adoptée par le Hamas, qui administre l’enclave côtière palestinienne.

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2 avril 2013 - Une classe réservée aux filles, dans la ville de Gaza - Photo : AFP

La loi adoptée plus tôt ce mois-ci interdit également aux membres du personnel de sexe masculin de travailler dans les écoles de filles dans la bande de Gaza. Le projet de loi a été critiqué par les groupes de défense des droits et des organisations féminines, comme une tentative d’imposer le programme politique du Hamas sur la société de Gaza.

Les nouvelles mesures sont les dernières d’une série de mesures controversées prises récemment par le mouvement islamiste, qui domine le territoire assiégé depuis 2007.

Walid Mezher, conseiller juridique au ministère de Gaza de l’Éducation, a déclaré à Al Jazeera, que le système éducatif palestinien était « organisé avant par la loi égyptienne pour l’éducation de 1933, et que celle-ci devait être mise à jour. Il est temps pour les Palestiniens d’avoir leur propre loi qui corresponde à leurs besoins ».

En ce qui concerne l’aspect le plus controversé de la loi, qui vise à interdire la mixité dans les écoles, Mezher a déclaré que c’était déjà le cas. La différence maintenant est que ce serait dans la loi et non pas seulement lié à la tradition sociale.

« Même pour les écoles qui sont gérées par l’Agence de secours et de travaux des Nations Unies [UNRWA] et non par le gouvernement, les deux sexes sont séparés à cause des traditions palestiniennes », a-t-il dit.

« Discrimination »

La loi affectera également 7%des écoles de Gaza qui sont privées, dont les écoles chrétiennes. Ces écoles auront besoin de disposer de bâtiments supplémentaires pour être en mesure d’organiser des classes spéciales pour chaque sexe. Toutefois, la loi stipule formellement à présent que les écoles chrétiennes peuvent enseigner aux étudiants non musulmans des sujets liés à leur propre religion.

Avec 1,7 million de personnes, Gaza dispose de 690 écoles avec 466 000 étudiants.

Dans une déclaration à la presse, le Gaza Centre for Womens’ Legal Research and Consulting a condamné la décision comme étant une « discrimination sexiste ».

« De telles décisions ne permettent pas de renforcer la société palestinienne sur le plan de l’égalité et de la justice, pas plus qu’elles n’aident la cause palestinienne et l’unité nationale »,dit la déclaration.

Un autre article de la loi régit les relations entre les établissements d’enseignement palestiniens et l’occupant israélien, en interdisant aux écoles de recevoir une aide destinée à encourager ou à promouvoir la normalisation des relations avec Israël.

La nouvelle décision est l’une des nombreuses mesures sévères que le Hamas a prises récemment. Plus tôt cette année, le mouvement a lancé une campagne de la « Vertu » visant à promouvoir les traditions islamiques de la Charia dans la bande de Gaza en luttant contre l’habillement et les comportements « occidentaux ».

En mars, le Hamas a interdit aux femmes et aux filles de participer au marathon organisé par l’UNRWA à Gaza, ce qui a poussé l’agence des Nations Unies à annuler la manifestation en signe de protestation. Par ailleurs, le Hamas interdit aux femmes de fumer en public le narguilé, d’être à califourchon sur le dos de motos, et d’avoir des coiffures qualifiées de masculines.

« Au cours des six dernières années, le Hamas a été de plus en plus loint - faisant parfois un pas en arrière en raison des protestations - mais il s’agit d’une stratégie pour faire appliquer la loi islamique dans la société », a déclaré Mkhaimar Abu Sada, un analyste politique et professeur d’université dans la bande de Gaza.

Des promesses non tenues

Lorsque le Hamas a remporté les élections législatives dans les territoires palestiniens en 2006, il a promis aux Palestiniens qu’il s’abstiendrait d’interférer avec les libertés individuelles. Deux ans plus tard, le parti [soit-disant] laïc du Fatah a réalisé un coup de force contre le mouvement islamiste en Cisjordanie, après plus d’un an d’escarmouches entre les deux partis.

Avec le Hamas au pouvoir à Gaza - dont les frontières, l’espace aérien et la côte sont strictement contrôlés par Israël - et le Fatah en charge de la Cisjordanie sous occupation israélienne directe, la fracture sociale entre ceux qui vivent dans les deux territoires s’est aggravée.

La nouvelle loi n’a été approuvée que par les législateurs du Hamas à Gaza.

En Cisjordanie, aucune loi n’existe sur la ségrégation des enfants, des hommes et femmes. Cependant, la plupart des écoles publiques séparent les enfants dès la quatrième année.

Mezher pense que tôt ou tard, la division entre Gaza et la Cisjordanie sera abolie. « Alors seulement, nous pourrons nous mettre d’accord sur une loi unifiée entre les deux territoires. »

D’autres pays à majorité musulmane comme l’Irak, la Jordanie, les pays du Golfe, et le Pakistan pratiquent la séparation des sexes, en particulier pour les enfants à partir d’un certain âge.

La majorité des habitants de Gaza semblent à l’aise avec la nouvelle loi, en raison de la nature conservatrice de la société. Bodour Abu Kwaik, une diplômée en journalisme âgé de 22 ans, a déclaré que bien qu’elle appuie le principe de la séparation les sexes dans les écoles, elle s’oppose à l’interdiction à des enseignants masculins de travailler dans les écoles de filles.

« J’ai été éduquée dans des écoles séparées, et je ne pense pas que ce serait un problème si la loi était appliquée", a-t-elle dit. « Mais je ne comprends pas pourquoi les enseignants masculins serait empêchés d’enseigner aux filles. Ils sont suffisamment matures et responsables pour le faire. »

Yasmeen Saleem, une étudiante en psychologie âgée de 21 ans, a dit qu’elle était opposée à ce qu’elle décrit comme une tentative du gouvernement d’imposer une tradition religieuse spécifique sur les gens qu’il administre.

« Il y a des écoles mixtes et séparées dans la bande de Gaza. Les gens devraient avoir le choix de l’endroit où seront éduqués leurs enfants », a déclaré Saleem.

Suivez Abeer Ayyoub sur Twitter : @Abeerayyoub

11 avril 2013 - Al-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/indepth/fe...
Traduction : Info-Palestine.eu


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