Journée de la Terre : Seuls, mais résistants
dimanche 31 mars 2013 - 08h:54
M. Saadoune - Le Quotidien d’Oran
Même seuls au monde, les Palestiniens ont marqué la « Journée de la terre » avec l’entêtement de ceux qui savent qu’ils sont dans leur droit.
La solitude, au fond, ils s’y sont habitués. Tout comme ils ont appris à ne pas se faire d’illusions sur la sollicitude des faux frères. Résistants, ils le sont, au-delà des clivages politiques et religieux. Cela se transmet comme un savoir précieux contre le temps, contre les puissants et leurs ordres.
Les Palestiniens n’ont pas les moyens de changer la donne militaire ou politique au Proche-Orient mais ils seront là en perturbateurs de l’injustice qu’on veut leur imposer comme un ordre naturel, allant de soi. C’est cette résistance, ce refus d’accepter « l’ordre » qu’Israël, soutenu par la plus grande puissance du monde et par l’ensemble des Occidentaux, veut briser. Et pour tous les Palestiniens qui se sont battus et sont tombés dans le combat et ceux qui le poursuivent dans un contexte encore plus difficile, la résistance est bien la seule arme. Et, elle n’est pas, contrairement à la propagande antipalestinienne, réductible à la lutte armée. Celle-ci n’est qu’un moyen de résistance parmi d’autres et sur lequel les Palestiniens ne nourrissent aucun complexe. Ils connaissent parfaitement le couffin de Ben M’hidi face aux chars et aux avions des colons.
L’asymétrie des forces militaires est une donnée réelle mais la résistance des peuples est une force qui a montré, au cours de l’histoire, qu’elle était supérieure. « Pas d’énigme dans le secret de la résistance. Elle est populaire, voilà tout (Ce qu’elle veut, c’est expulser l’ennemi hors de ses propres habits). Et la résistance adhère à la population comme la peau aux os. Nul n’y est l’élève et l’autre le maître ». Qui mieux que Mahmoud Darwiche pouvait expliquer en des mots d’une saisissante beauté et d’une formidable concision le secret de cet entêtement à résister... Car résister pour un peuple qu’on nie et qu’on écrase, c’est tout simplement son seul moyen de vivre ou d’aspirer à la vie. Et c’est cette volonté de résister qu’on a essayé insidieusement de briser dans le cadre du processus d’Oslo.
La création d’une « Autorité palestinienne » a secrété une caste de « négociateurs » qui a accepté de participer à un processus sans but. Cela fait longtemps que des Palestiniens appellent « l’Autorité » à cesser de jouer à la farce des négociations-alibis. Et cela reste toujours valable même si Mahmoud Abbas s’astreint publiquement à dire qu’il n’y aura pas de négociations sans l’arrêt de la colonisation. Or, la récente visite de Barack Obama a été entièrement celle du soutien à ce que fait Israël - et ce n’est pas la rhétorique pompeuse du président américain qui y change quelque chose - et sa « mission » est bien de relancer les négociations-alibis et « sans condition ». Les pressions vont s’exercer sur Mahmoud Abbas qui risque, par égotisme et l’illusion qu’il pourrait obtenir quelque chose avant sa sortie, de reprendre le long chemin de l’errance par Oslo. Cette errance a pourtant trop duré et elle a eu un coût exorbitant en termes de divisions inter-palestiniennes.
L’expérience a montré que les concessions faites par l’Autorité palestinienne ne mènent nulle part, si ce n’est à des exigences de nouvelles concessions. Aujourd’hui, en cette journée de la terre, beaucoup de Palestiniens savent qu’il n’existe pas de perspectives politiques sérieuses sous l’égide des Américains. Ne pas céder. Ne pas courber l’échine. Résister, comme ils l’ont toujours fait. C’est, objectivement, la seule option...
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31 mars 2013 - Le Quotidien d’Oran - Éditorial