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Chavez : comment Alger a raté l’appel de Caracas

samedi 9 mars 2013 - 08h:36

Noël Boussaha - El Watan

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Hugo Chavez s’est éteint mardi après une lutte à la fois discrète et médiatisée contre la maladie. Le Venezuela pleure celui qui a voulu tenir tête aux Occidentaux, aux Américains en particulier, et soutenir des chefs d’Etat qualifiés par ces derniers des « terroristes » ou d’« ennemis de la démocratie ». Un homme controversé, mais qui a voulu tenter, durant ces années à la tête de ce pays pétrolier, de se rapprocher de l’Algérie.

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Alger aurait pu mieux capitaliser une relation exceptionnelle.
AFP




Jamais depuis l’indépendance, un chef d’Etat vénézuelien n’a effectué autant de visites en Algérie. C’est à quatre reprises qu’Hugo Chavez a foulé le sol algérien en 2000, 2001, 2006 et 2007. Beaucoup ont pu croire à un axe Alger-Caracas, à un retour à une diplomatie perdue depuis la disparition de Boumediène. Pour Abdelaziz Rehabi, ancien ambassadeur au Mexique et connaisseur du monde latino-américain, Hugo Chavez « correspond au profil de l’Algérie des années 70-80  ». En tant que membre de l’OPEP, il pouvait même représenter un allié sûr.

« Au sein même de cette organisation, cependant, a poursuivi Abdelaziz Rehabi, il s’était même exprimé contre le projet de loi, très libéral de Chakib Khelil, alors ministre de l’Energie et des Mines. D’ailleurs, il avait réussi le pari de la nationalisation de la compagnie pétrolière vénézuelienne, pour en faire presque une jumelle de notre Sonatrach. » Sur le plan diplomatique, contrairement à l’Algérie, ou à d’autre pays de l’ex-Tiers-Monde, Hugo Chavez représentait l’image d’une « autonomie diplomatique », c’est-à-dire d’un pays inféodé à aucune puissance : « Sur ce plan-là, Hugo Chavez se serait très bien entendu avec Boumediène  », précise Rehabi. Hugo Chavez était admiré par beaucoup d’Algériens pour son antiaméricanisme et en vertu d’une solidarité avec Cuba.

Identité

« Au Venezuela et partout ailleurs en Amérique latine, ce sentiment s’exprime non seulement à travers le peuple, selon Abdelaziz Rehabi, mais également chez les partis dits de gauche. On le voit bien, maintenant à travers les gouvernements de beaucoup de ces pays. Je regrette vivement que l’Algérie ne s’inspire pas ou plus des diplomaties latino-américaines. D’ailleurs, la diplomatie algérienne semble être victime d’une crise d’identité alors que la diplomatie vénézuelienne a une identité. » Autre élément qui pouvait lier fortement Chavez à l’Algérie : le soutien à la cause sahraouie et au Polisario.

A Caracas, la RASD dispose en effet d’une ambassade. Chavez, très actif sur ce plan-là, n’a pas chômé puisque même la Palestine jouit d’un même soutien. Là aussi, Abdelaziz Rehabi le constate : « Hugo Chavez était plus courageux que ne le sont les Algériens en matière de politique étrangère non alignée. » Que pensait réellement Chavez de l’Algérie ? « Il en avait une certaine idée, l’idée d’un pays stratégique avec lequel il souhaitait faire un axe Amérique latine-Afrique, reconnaît Abdelaziz Rehabi, mais, malheureusement, la relation entre nos deux pays est restée purement symbolique. Chavez avait pu mesurer le degré d’indépendance de sa politique étrangère en matière de politique énergétique, ce qui n’est plus tout à fait le cas chez nous, alors que nous avons la même structure économique qui est basée sur le pétrole. Il faut le reconnaître, Chavez était plus avancé que nous, plus courageux. »

Les faits le démontrent : la diplomatie algérienne piétine depuis les années 1990, même si une ouverture avait été entamée, se souvient Abdelaziz Rehabi, dans les années 1980 avec Chadli, puisque ce dernier avait effectué deux tournées en Amérique du Sud, ce qui n’avait jamais été fait depuis l’indépendance. Selon un citoyen rencontré, « Hugo Chavez voulait tendre les bras vers l’Algérie, qui lui répondait timidement », même si, officiellement, le deuil semble être partagé. La rue algérienne, elle, estime que le temps de l’anti-impérialisme est révolu en Algérie, ce qui a réellement marqué le décalage entre notre pays et le Venezuela. Par ailleurs, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a désigné Larbi Ould Khelifa, président de l’Assemblée populaire nationale (APN), pour le représenter aux obsèques de Hugo Chavez. Ultime geste de l’Algérie à l’égard d’ El Comandante.

Réaction : le PST salue l’homme du «  renouveau de l’alternative socialiste et démocratique  »

Le Parti socialiste des travailleurs s’est exprimé, hier, sur la disparition du président vénézuélien Hugo Chavez. Pour la formation d’extrême gauche, la mort du Comandante est une « triste nouvelle pour nous et pour tous les militants de la gauche socialiste, anti-libérale et anti-impérialiste ». Selon le communiqué du PST, « Hugo Chavez incarnait, non seulement pour le peuple vénézuélien et d’Amérique latine, mais pour tous les travailleurs et les peuples du monde, la résistance et le combat contre l’arrogance du libéralisme et la domination des puissances impérialistes d’une part, et d’autre part, l’émergence d’un renouveau de l’alternative socialiste et démocratique post-soviétique  ».

Le parti de Mahmoud Rechidi a évoqué Hugo Chavez comme le « symbole de la lutte du peuple vénézuélien », qui « a démontré concrètement que la chute du mur de Berlin n’était ni le triomphe du capitalisme et de ses recettes néolibérales destructrices, ni la ‘‘fin de l’Histoire’’, de la lutte des classes pour l’émancipation de l’humanité et la construction du nouveau projet socialiste au XXIe siècle ». Pour le PST, l’expérience de Chavez reste un exemple. « Les performances démocratiques, économiques, sociales et culturelles sont bien réelles au Vénézuela, après 15 années de chavisme », a-t-il conclu.

9 mars 2013 - El Watan


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