Il y a rien de neuf sous le ciel d’Hébron et ce qui a été, le sera encore. Il y a quarante ans, Moshe Levinger a tiré profit de la faiblesse et de la cécité du gouvenement, des rivalités et des intrigues de ses ministres. Maintenant Levinger a des successeurs.

Les colonies de 1967 ont été établies par le biais de chicaneries et c’est par supercheries qu’elles continuent de l’être en 2007. Depuis, nous sommes forcés d’avaler la viande pourrie qui est servie au restaurant des colons.

L’éditorial de Ha’aretz au début de la semaine a focalisé l’attention sur le bâtiment dit « maison de la discorde. »
« Ce n’est pas une maison, » dit l’éditorial, « c’est une colonie. » Elle s’étend sur 3.500 m², elle abrite déjà plus de 30 familles et 14 célibataires - et ce n’est pas fini.

Maintenant les agents provocateurs invoquent la loi : « La maison a été achetée légalement. » Après tout, n’ont-ils pas toujours montré leur obéissance aveugle à la loi ? N’ont-ils pas toujours marché dans l’obscurité avec une clause sous la main pour leur montrer le chemin ? Ils ont soigneusement payé aux Palestiniens 400 shekels en argent, tout comme notre père Abraham à Efron le Hittite pour la groote de Machpela. Mais, à Kiryat Arba (Hébron), Abraham a souhaité enterrer les morts et être enterré. Eux par contre, ne cherchent qu’à expulser et régner [par la force].

La colonie juive d’Hébron est née dans le péché et elle vit dans le péché, et toute l’affaire n’est rien d’autre qu’une farce. Comme les bâtards d’Abraham rigolent entre eux ! Des lois sur une terre qui n’est pas la vôtre, sont dépourvues de sens. Leur seul but est de faire que ce qui ne vous appartient pas vous appartienne. L’essence même de l’occupation des Territoires est ouvertement illégale. Seule sa gestion transitoire peut le rendre acceptable ; mais pour les colons, le « provisoire » signifie l’« éternel. »

Aussi tous les débats sur la légalité des choses et qui coupent les cheveux en quatre, nous font rire. L’histoire du prétendu « os casher » planté dans la gorge de la grande ville arabe finira en larmes. Il n’y a rien sous l’occupation des Territoires qui peut être une « affaire casher ». Chaque achat et chaque vente a la puanteur d’un jeu puant aseptisée par un livre de loi. Sodome avait aussi son livre de lois. Clairement, il n’y a aucun achat sans vente, et il n’y a aucun vendeur exempt de pression, de menaces, de supercherie ou de tentation irrésistible. Il n’y a pas de marché libre et il ne pourrait pas y en avoir. L’injustice et l’avidité tiennent lieu d’offre et de demande.

Par conséquent, l’affaire la plus casher est celle qui pue le plus. Elle ne devrait pas être examinée par les juristes mais par des experts en matière d’odeur.
Le Ministre de la Défense n’a aucune chance d’évacuer « la maison » de sitôt. Il est faible et épuisé, battu et piqué de coups de bec. Son hurlement n’est qu’un couinement de souris. Le Ministre de l’Intérieur a été interviewé hier à la radio, et il était clair qu’une autre conspiration Efron-Bar-On-Hébron est train de se concocter avec un Premier ministre retors qui, de nouveau, décide en coulisses.

Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’adresser à ces juifs impitoyables, le reproche du prophète Isaïe : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, qui joignent champ à champ jusqu’à ne plus laisser de place et rester seuls au milieu de la terre » (Isaïe, 5:8).

Yossi Sarid a été député du parti Meretz-Yahad (Israël) jusqu’à son retrait de la vie politique, peu avant les élections de 2006. Ministre de l’Environnement (1992) et de l’Education (1999).

Yossi Sarid - Ha’aretz, le 12 avril 2007 :
Hebron settlement / Born in sin, living in sin
Traduit de l’anglais par D. Hachilif