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Gaza : l’Egypte veut faire stopper l’activité des tunnels en les inondant

mardi 19 février 2013 - 07h:00

Nidal al-Mughrabi

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Les autorités égyptiennes mènent une campagne pour fermer les tunnels de contrebande sous la frontière avec la bande de Gaza. Elles menacent ainsi de jeter des milliers de personnes au chômage dans le territoire côtier dirigé par le mouvement Hamas.

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Imposer à toute une population de survivre en s’approvisionnant à travers des tunnels creusés sous une frontière, est une des pires abjections commises par les Israéliens et leurs alliés arabes et occidentaux - Photo : Reuters/Mohammed Salem

Le réseau de tunnels a été une planche de salut pour la bande de Gaza, et il contribue à environ 30 pour cent de tous les biens qui atteignent l’enclave assiégée en contournant le blocus imposé par Israël et l’Égypte depuis plus de sept ans.

Les armes pour la résistance sont également passées via les tunnels et au moins 10 000 Palestiniens sont censés travailler pour le réseau souterrain.

Abu Bilal, qui dit avoir transporté du ciment et du gravier à travers les tunnels toutes ces quatre dernières années, a déclaré que l’Égypte avait inondé des dizaines d’entre eux ces deux dernières semaines. Chaque fois que les travailleurs pompaient l’eau, les forces de sécurité égyptiennes en réinjectaient, explique-t-il.

« Beaucoup de mes collègues et moi avons peur, et nous risquons de perdre nos emplois si ils continuent à le faire », a déclaré Abou Bilal, âgé de 30 ans.

Alors qu’en temps normal, il peut gagner 50 shekels (14 $) par jour, Abu Bilaldit dit qu’en raison des inondations, il a travaillé seulement deux jours au cours des deux dernières semaines.

« Nous avons une double crainte : nous avons peur de mourir lors d’une inondation soudaine, et nous avons peur de mourir de faim si nous perdons nos emplois en raison de la répression égyptienne », dit-il.

S’il perd son emploi dans les tunnels, ses espoirs de trouver un autre emploi dans la bande de Gaza - où les économistes estiment le taux de chômage à plus de 30 pour cent - seraient minces.

Parlant de problèmes de sécurité, le Caire a déclaré que certains des hommes armés qui ont tué 16 soldats égyptiens près de la frontière de Gaza en août dernier, avaient traversé la frontière vers l’Égypte par les tunnels, une accusations fermement niée par les Palestiniens.

L’initiative a surpris et irrité le Hamas, qui avait espéré une forte amélioration des liens avec le Caire après l’élection l’an dernier du président égyptien Mohamed Morsi, un homme du mouvement islamiste.

Mort souterraine

Travailler dans les tunnels est une activité dangereuse.

Six personnes sont mortes dans des effondrements de tunnels en janvier, portant le nombre de morts parmi les travailleurs à 233 depuis 2007, selon des groupes de défense des droits de l’homme dans la bande de Gaza. Ce chiffre comprend 20 personnes tuées dans des attaques aériennes israéliennes sur le réseau de tunnels.

Hussam Haweyla se souvient du jour, il y a trois ans, où le tunnel qu’il creusait est devenu un piège mortel. Les travailleurs ont entendu le bruit d’une explosion avant que l’es eaux usées ne l’envahissent. « Les lumières se sont éteintes et que le tunnel est devenu sombre, froid, puant et horrible », a déclaré Haweyla, qui transportaient vers la bande de Gaza des marchandises de contrebande allant des biscuits aux bouilloires.

Ses collègues se mirent à l’abri à l’extérieur du tunnel, mais lui-même s’est arrêté pour se préoccuper d’un ami qui était plus à l’intérieur.

« Je marchais vers lui et je me souviens avoir touché sa main. Je ne sais pas ce qui s’est passé par la suite. Je me suis réveillé à l’hôpital cinq jours plus tard », a déclaré Haweyla, âgé de 31 ans, et résidant dans le camp de réfugiés de Jabalia, au nord de la Bande de Gaza.

« Mon ami est mort », a ajouté Haweyla, qui a cessé de travailler dans les tunnels après l’incident.

Le nombre de tunnels a diminué jusqu’à environ 1000, alors qu’ils étaient le triple de ce nombre en 2007, quand Israël a imposé un blocus sur l’enclave.

Sous la pression internationale, Israël a assoupli l’embargo en 2010 et la circulation des marchandises à travers les tunnels a ralenti parce que la quantité de produits traversant à l’air libre avait augmenté.

Non loin de la frontière égyptienne, Ola Khader, une mère de huit enfants, évoque le jour du mois dernier, où son mari est allé travailler dans un tunnel et n’est jamais revenu. La pluie a inondé le tunnel et son époux s’est noyé.

« Il n’y avait rien dans la maison, pas de nourriture, pas de gaz de cuisine, il a dû aller travailler en dépit de la tempête », raconte Ola Khader alors qu’elle était assise sur un matelas à même le sol de sa maison de deux pièces.

Les propriétaires des tunnel doivent verser entre 10 000 et 12 000 dollars aux familles de travailleurs décédés au travail. La rémunération est fixée par l’agence gouvernementale du Hamas qui supervise le travail à la frontière.

Dans une tentative pour protéger les travailleurs contre les effondrements de tunnels, plusieurs propriétaires ont commencé à construire des couloirs de ciment et à les renforcer sous terre. Mais il est difficile de savoir si un tel renforcement pourrait résister aux bombardements israéliens.

« Les tunnels sont hantés. C’est comme si quelqu’un vous parlait, appelait votre nom dans l’obscurité », raconte Ayesh Srour, âgé 21 ans, qui a perdu un frère dans un effondrement en 2010 et qui depuis a décidé d’abandonner ce travail.

18 février 2013 - Ma’an News - Vous pouvez consulter cet article à :
http://maannews.net/eng/ViewDetails...
Traduction : Info-Palestine.eu


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