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Hollande à Bamako : mensonges, mensonges...

samedi 9 février 2013 - 07h:00

Daniel Mescla

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François Hollande est donc allé se faire applaudir au Mali samedi 2 février, marchant ainsi sur les traces de Sarkozy qui, lui, s’était déplacé en Libye en 2011 lors d’une autre intervention militaire française.

Le discours qu’a prononcé Hollande à Bamako n’est qu’un tissu de mensonges. « La France est à vos côtés, non pas pour servir des intérêts, nous n’en avons aucun, non pas pour défendre je ne sais quelle faction... Nous nous battons pour que le Mali vive en paix et en démocratie », a-t-il affirmé.

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"Civilisateurs" français en Côte d’Ivoire - Plus de 10 000 soldats français sont déployés un peu partout en Afrique

Des intérêts, l’impérialisme français en a dans toutes ses anciennes colonies françaises d’Afrique. Ils ont nom Areva, Bouygues, Bolloré, Elf, France Télécom, Vinci et bien d’autres.

Lors de l’accession à l’indépendance de ces pays, les dirigeants français ont tout fait pour que cette zone reste une chasse gardée des sociétés françaises. Les liens personnels et financiers avec les responsables africains, du haut en bas des nouveaux appareils d’État, leur ont permis de conserver jusqu’à aujourd’hui une place incomparablement plus importante que celle qu’elles occupent dans d’autres régions du monde.

Ainsi a été compensée la faiblesse économique de l’impérialisme français par rapport à ses rivaux. Le système a un nom : la Françafrique.

Des accords de défense ont dès le début été négociés comme une assurance-vie pour les dirigeants africains qui les ont signés : la protection militaire de l’ancienne puissance coloniale, en échange d’un droit à piller les richesses du pays. Tel est encore le rôle des troupes françaises en Afrique. C’est le cas au Mali, comme ce fut le cas récemment en Côte d’Ivoire, où l’actuel président Alassane Ouattara a triomphé de son rival Gbagbo grâce à l’aide des soldats français.

Alors, quoi qu’en dise Hollande, la France n’accompagnera pas le Mali dans « le redressement économique, la renaissance des services publics. » En revanche elle maintiendra le pillage organisé, qui fait du Mali ou du Niger des pays parmi les plus pauvres du monde.

Comble de l’hypocrisie, Hollande a cru bon de déclarer « Nous payons aujourd’hui notre dette à votre égard », en évoquant la participation des soldats africains à la Seconde Guerre mondiale. Il faut être menteur ou amnésique pour oser formuler de tels propos, car la réalité fut à l’époque tout autre. Les troupes coloniales n’eurent pas le choix. Elles avaient été formées pour maintenir l’ordre dans les colonies et étaient incitées par leurs officiers français à utiliser pour cela les pires violences. Pendant les deux guerres mondiales, on ne leur demanda pas leur avis. Elles furent envoyées, de force si besoin était, sur les champs de bataille d’Afrique ou d’Europe.

Et il faut encore rappeler qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements français de l’époque ont payé leur « dette » en massacrant ceux qui ne voulaient plus vivre comme avant sous le joug colonial, et les gouvernements socialistes n’ont pas été les derniers dans cette répression.

Voilà la réalité, et les belles paroles de Hollande n’y changeront rien. Que les troupes françaises restent au Mali ou qu’elles transmettent le relais à l’armée malienne et aux troupes d’États africains voisins, elles ne sont présentes en Afrique, aujourd’hui comme hier, que pour défendre le droit de l’impérialisme français à piller les ressources et à exploiter la population.

Daniel Mescla


Les responsabilités de l’impérialisme français

Hollande déclare donner pour objectif à l’intervention militaire au Mali la réunification du pays. Mais l’intervention de l’armée française, loin d’aboutir à ce résultat, ne peut au contraire que creuser un peu plus le fossé entre les populations.

La presse – dans la mesure où l’armée lui en laisse la possibilité – témoigne d’exactions, commises par les soldats maliens quand ils pénètrent dans les villes du nord, contre des habitants qui ont le tort d’avoir une barbe un peu trop longue ou la peau trop blanche et soupçonnés pour cela de complicité ou de sympathie avec les « terroristes ».

Les oppositions entre le Nord et le Sud, ne sont certes pas nouvelles. Dans le passé, à trois reprises depuis l’indépendance, qui a eu lieu en 1960, cette opposition s’est traduite par des mouvements de rébellion touareg, durement réprimés.

La dernière rébellion a abouti à une quasi-sécession des régions du nord, passées dans un second temps sous le contrôle de milices islamistes radicales. Jusque-là, le Mali échappait dans une large mesure à la violence interethnique, qu’aurait pu attiser la propagande ultranationaliste du pouvoir. Une situation d’équilibre précaire, sans nul doute due à la faiblesse du pouvoir de Bamako.

L’intervention française, qui se donne pour objectif de renforcer, si ce n’est reconstruire, le pouvoir d’État de Bamako et placer la totalité du pays sous son autorité, risque par là même d’exacerber les oppositions, voire les violences interethniques. Mais n’est-ce pas là une constante dans la politique du colonialisme et de l’impérialisme français.

De 1883, date à laquelle le Mali devint une colonie française sous le nom de Soudan français, jusqu’à l’indépendance, le pays a connu de multiples découpages, redécoupages de frontières, changements de nom, regroupements de populations, au gré des intérêts de l’impérialisme et au mépris des aspirations de celles-ci.

Avant le découpage artificiel de la région par les anciens colonisateurs au moment de l’indépendance, le territoire des populations touareg correspondait au désert saharien, de la Mauritanie au Niger actuels, en passant par l’Algérie, la Libye et le Maroc.

À la veille de l’indépendance, en janvier 1957, le gouvernement français projeta de regrouper les parties sahariennes de l’Algérie (alors française), de la Mauritanie, du Mali, du Niger et du Tchad, dans le cadre d’une Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), instituant de fait ce qui pouvait ressembler à un État Touareg, encadré par l’État colonial. En fait, il s’agissait, non de faire droit aux aspirations des populations du désert, mais de préparer le maintien du contrôle de la France sur le Sahara et sur ses richesses, notamment pétrolières, qui commençaient à être connues. Le projet finalement tourna court. Les populations touareg se trouvèrent donc réparties entre des pays dont les frontières étaient dessinées par les anciens colonisateurs.

Au Mali, l’administration et l’armée malienne, dont les membres étaient originaires des populations des régions du sud, prirent la place des administrateurs et des militaires français au nord comme au sud, traitant les Touareg comme des citoyens de seconde zone. Depuis, ces derniers s’opposent au pouvoir central de Bamako et revendiquent l’indépendance des trois régions du nord (Tombouctou, Gao et Kidal).

Cette situation, en fait, a été créée et entretenue jusqu’à aujourd’hui par l’impérialisme français. C’est elle qui lui permet aujourd’hui de justifier sa présence militaire, et de continuer à jouer les gendarmes au service des intérêts des trusts français. L’intervention des troupes françaises, qui livrent les villes reconquises à ce qui reste de l’armée malienne, ne peut qu’approfondir encore le fossé entre les populations du nord et celles du sud.

Jean-Jacques Lamy

8 février 2013 - Lutte Ouvrière - Vous pouvez consulter ces articles à :
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