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La Jordanie menacée par l’impasse du processus de paix

mardi 5 février 2013 - 08h:55

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Au dernier forum économique mondial de Davos, le roi de Jordanie Abdallah II a déclaré craindre que «  la fenêtre est en train de se refermer pour la solution à deux Etats comme règlement du conflit palestino-israélien ». Pour la monarchie jordanienne, l’échec de cette solution est grosse de menace, car l’alternative dans ce cas pourrait être celle de la création d’un Etat jordano-palestinien englobant le royaume jordanien et une partie de la Cisjordanie.

Le projet n’est pas nouveau, mais l’inquiétant pour le trône hachémite est qu’il ressorte dans un contexte régional et international où s’opère insidieusement un redécoupage de la zone du Moyen-Orient qui remet en cause l’existence des Etats qui l’ont constitué jusqu’à ce jour. La monarchie jordanienne a bénéficié jusque-là de la protection des Etats-Unis qui en ont fait un allié privilégié dans la région et à ce titre défendu contre tous les complots intérieurs ou extérieurs qui ont menacé sa survie. Il se trouve maintenant que l’Amérique ou du moins une partie influente de son establishment politique pousse à la réactivation du projet d’un Etat palestino-jordanien en guise de succédané à la solution de deux Etats dont Israël ne veut pas.

Le plus dangereux pour le royaume jordanien est que cette idée a trouvé des partisans dans le monde arabe, au Qatar notamment dont l’émir tente de lui rallier l’acquiescement de factions politiques palestiniennes. Ce fut l’une des raisons majeures de sa visite à Gaza la fin de la dernière agression israélienne contre ce territoire. L’émir du Qatar s’y est rendu avec l’approbation de Benyamin Netanyahu et de son cabinet qui sont plus que favorables au projet qu’ils espèrent voir substituer à la solution des deux Etats.

Abdallah II tente de prémunir son royaume contre cette visée en frappant à toutes les portes en vue d’une relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens avec pour objectif la réalisation de la solution à deux Etats telle qu’envisagée par les accords d’Oslo et les résolutions onusiennes sur le conflit israélo-palestinien. D’où les contacts pris récemment par lui avec Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien qu’il a tenté de convaincre de reprendre leur dialogue sur cette base, et le déplacement qu’il doit effectuer à Washington dans l’espoir d’obtenir de Barack Obama que l’administration américaine refusera de marcher dans la concrétisation du projet d’Etat palestino-jordanien.

Mais c’est un président qui donne l’impression d’avoir renoncé à vouloir contrecarrer les desseins d’Israël sur le problème palestinien qu’il rencontrera à la Maison Blanche. Son impuissance à faire accepter le plan de la solution de deux Etats au cabinet Netanyahu, ses reculades devant les provocations et la politique du fait accompli que celui-ci multiplie ont créé un climat de pessimisme international généralisé quant à la possibilité d’une reprise du processus de paix qui faute d’autre alternative est en train de rendre envisageable celle de l’Etat jordano-palestinien tel qu’imaginé par les activistes sionistes dont les formations ont acquis une position de force dans la coalition de gouvernement issue des récentes élections législatives en Israël.

Le trône jordanien déjà ébranlé par la contestation interne dans le royaume et désormais confronté à la menace de voir se former à ses dépens un front international qui n’hésitera pas à le sacrifier si cela doit rendre moins explosif le conflit palestino-israélien, ce qui est une autre affaire car le peuple palestinien a une tout autre vision de son avenir.
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5 février 2013 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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