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Élections israéliennes : le retour de la question sociale ?

mercredi 23 janvier 2013 - 10h:00

D’après al-Jazeera

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On peut considérer que les résultats de l’élection de mardi ont réussi à limiter les dégâts pour l’image de marque internationale d’Israël, et qu’ils sont l’expression d’une insatisfaction au plan de l’économie, mais un nouveau gouvernement de coalition n’améliorera probablement pas les perspectives de paix avec les Palestiniens, ont déclaré des analystes à Al Jazeera.

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Manifestation en août 2012 à Tel-Aviv contre les mesures d’austérité du gouvernement israélien - Photo : AFP/David Buimovitch

Le Premier ministre en fonction, Benjamin Netanyahu, a remporté une victoire avec l’alliance Likoud/Yisrael-Beiteinou qui obtient environ 31 sièges sur les 120 de la Knesset d’Israël, selon les sondages à la sortie des isoloirs.

« Il va nous falloir former un gouvernement large, ce que j’ai déjà commencé à faire », a-t-il déclaré à ses partisans qui l’acclamaient mercredi.

Le Likoud a perdu 20 % de ses sièges sur les élections de 2009.

Beaucoup voient Yesh ATid (Il y a un Avenir) comme le grand gagnant de la campagne. Il devrait obtenir 19 sièges, selon les sondages. Le dirigeant du parti, un ancien journaliste de télévision, Yair Lapid, que l’on considère comme un centriste, rejoindra probablement un gouvernement de coalition avec Netanyahu.

« Une chose est sûre, c’est que les Israéliens ont voté pour les deux partis de statu quo », a déclaré à Al Jazeera, Dimi Reider, collaborateur à la rédaction de 972 Magazine et membre associé au Conseil européen des Relations étrangères. « Ils ont voté pour le Likoud, qui a créé le statu quo (avec un processus de paix inexistant avec les Palestiniens) et pour le Yesh Atid, le parti qui est le moins susceptible de changer le statu quo. »

Les projections montrent les partis de droite avec une force combinée de 61 à 62 sièges, contre 58 à 59 pour le centre gauche. Trente-deux partis se présentaient à l’élection et la participation électorale est plus élevée qu’à l’élection précédente (2009).

« Les questions urgentes »

« La population d’Israël… veut un pays qui s’occupe des questions urgentes, et notamment une réforme du logement et une réforme de l’éducation » a affirmé devant la presse le rabbin Dov Lipman, du parti Yesh Atid.

« La campagne qui s’est concentrée sur les questions intérieures a trouvé un écho chez les électeurs, » dit Lipman. « Avant le vote, de nombreux observateurs pensaient que les préoccupations à propos du programme nucléaire de l’Iran et des perspectives dans les négociations de paix avec les Palestiniens joueraient un rôle plus important dans la campagne. »

Le Parti travailliste, qui s’était lui aussi focalisé sur l’économie, obtient la troisième place avec 17 sièges. Le Foyer juif, parti nationaliste dirigé par l’ancien commando des Forces spéciales, Naftali Bennet, devrait arriver en quatrième position avec 12 sièges, un résultat qui surprend de nombreux analystes.

Avant l’élection, l’extrême droite était attendue pour réaliser des gains importants.

« Ce qui est certain, c’est qu’il y a un glissement de la droite vers le centre » affirme Yehuda Ben Meir, chercheur à l’Institut des études de la Sécurité nationale en Israël.

« Je pense que le partenaire évident d’une coalition pour Mr Netanyahu est Mr Lapid » et le Foyer juif est lui aussi susceptible d’être inclus dans le prochain gouvernement, a déclaré Meir aux journalistes, lors d’un briefing de presse.

Certains sont en désaccord avec l’analyse de Meir et les négociations en coulisse entre les partis pour la formation d’une coalition gouvernementale vont sans doute se poursuivre durant les prochains jours.

La nouvelle droite a été supplantée par un parti qui représente le centre traditionnel d’Israël, principalement en raison des inquiétudes à propos de l’économie, estiment les électeurs et les analystes.

« Les gens pensent qu’ils ont besoin d’un changement dans la situation économique » a dit à Al Jazeera, Hila Fishov, une étudiante de Tel Aviv qui soutient Yesh Atid. « Je ne sais pas quelle sera la position de Lapid sur les colonies ».

Les questions non réglées

Certains observateurs considèrent les colonies israéliennes construites sur la terre occupée après la guerre de 1967 comme le plus gros obstacle à un accord de paix de long terme avec les Palestiniens.

Netanyahu dit croire à une solution à deux États au conflit. Cependant, il a continué les constructions de colonies sur la terre palestinienne occupée en Cisjordanie, ce qui conduit à le critiquer et à prétendre qu’il n’est pas sérieux à propos de la paix.

Beaucoup dans la droite israélienne, et certains même à gauche, semblent en faveur du maintien du statu quo vis-à-vis des Palestiniens.

« Le processus de paix lui-même n’a pas beaucoup dominé dans cette élection », a dit à Al Jazeera, Neta Oren, spécialiste en politique israélienne et professeure invitée à l’université George Mason. Probablement que le prochain gouvernement ne « changera rien » de ce côté-là, a-t-elle dit.

Sur le plan intérieur, Israël est confronté à un déficit budgétaire d’environ 40 milliards de shekels (environ 8 milliards d’€). Incapable de faire voter un budget en octobre, Netanyahu avait décidé de dissoudre le gouvernement et de lancer les élections.

« Si Netanyahu reste Premier ministre, scénario probable, Lapid pourrait devenir ministre des Affaires étrangères, ou ministre des Finances, » dit Reider.

Le budget d’Israël est monté à 4,2 % du PIB en 2012, le double de l’estimation initiale.

« La responsabilité du budget pourrait bien être un cadeau empoisonné pour le nouveau venu télégénique, dit Reider, car la population n’appréciera pas les plans d’austérité. »

Représenter l’image de marque d’Israël

En tant que ministre possible des Affaires étrangères, Lapid aurait la responsabilité de l’image de marque d’Israël dans le monde extérieur. L’image du pays en a pris un coup récemment, avec des alliés comme les États-Unis et le Royaume-Uni se plaignant de la poursuite de l’expansion coloniale et de l’intransigeance générale.

William Hague, ministre des Affaires étrangères britanniques, a mis en garde Israël mardi contre la perte d’un soutien international, parlant de perspectives d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien quasiment mortes à cause de l’expansion des colonies juives.

Sans bagage politique et avec son comportement lisse, Lapid pourrait être la bonne personne pour expliquer les positions souvent controversées d’Israël à des organismes comme les Nations-Unies.

« Si vous le comparez (Lapid) à (l’ancien ministre des AE) Liberman ou Bennet, oui, il fera du bien à la réputation (internationale) d’Israël. »

Les résultats officiels seront annoncés le 30 janvier et le prochain gouvernement devrait probablement prendre ses fonctions mi-février.

Lire également :

- Les Palestiniens en Israël attendent peu de choses des élections à la Knesset - 21 janvier 2012

23 janvier 2013 - al-Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.aljazeera.com/indepth/fe...
Traduction : Info-Palestine.eu


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