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N’y a-t-il aucune limite à l’impudence d’Abbas ?

lundi 5 novembre 2012 - 07h:33

Khalid Amayreh
CPI

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Le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, ne manque jamais de nous surprendre tous, amis comme ennemis.

Au cours d’une discussion à la télévision israélienne la semaine dernière, Abbas a déclaré n’avoir aucun droit à vivre à Safad, sa ville natale, d’où sa famille et des milliers d’autres Palestiniens ont été déracinés et expulsés en 1948 par les envahisseurs sionistes d’Europe de l’Est qui occupaient alors plus de 75 % de la Palestine historique, avec le soutien actif de la Grande-Bretagne et d’autres puissances occidentales.

« Je suis venu à Safad autrefois, mais je veux voir Safad, c’est mon droit de la voir, mais je n’ai pas celui d’y vivre » a dit Abbas sur la Chaîne 12 israélienne, intervenant en anglais, depuis Ramallah en Cisjordanie.

Abbas a dit que pour ce qui le concernait, la Palestine comprenait seulement la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

« La Palestine, pour moi, c’est les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. C’est maintenant et pour toujours. Ceci est la Palestine pour moi. Je suis un réfugié, mais je vis à Ramallah. Je crois que la Cisjordanie et la bande de Gaza sont la Palestine, et que les autres parties sont Israël. »

En outre, Abbad a dit qu’il ne permettrait pas une nouvelle intifada ou soulèvement contre Israël aussi longtemps qu’il resterait à la tête du régime à Ramallah.

A propos de la résistance palestinienne contre l’occupation militaire israélienne, en tant que « terrorisme », Abbas affirme que les Palestiniens ne lanceront jamais de nouvelle intifada sous sa direction.

« Nous ne voulons pas utiliser le terrorisme. Nous ne voulons pas utiliser la force. Nous ne voulons pas utiliser les armes. Nous voulons utiliser la diplomatie. Nous voulons utiliser la politique et les négociations et la résistance pacifique ».

Profondément démoralisé

Au ton de sa voix, Abbas paraissait profondément démoralisé, ayant vu le soi-disant processus de paix, avec un Israël irrémédiablement cupide et constamment en train de chercher toujours plus de lebensraum (espace vital) aux dépens des Palestiniens, se réduire en miettes.

En réalité, Abbas, co-ingénieur de cette tristement malédiction connue sous le nom d’Accords d’Oslo, n’a jamais arrêté d’essayer de vendre des chimères palestiniennes.

Nous nous rappelons tous de ses nombreux jeux de faux-semblants - de son célèbre accord avec Yossi Belin à toutes ses déclarations théâtrales mais vides de droits - (Droit de Septembre, Feuille de route, Conférence d’Annapolis, etc.).

Maintenant à 76 ans, Abbas se rend compte que tous ses espoirs, et à plus forte raison ses désirs, se sont évaporés du fait de l’intransigeance et de l’arrogance de pouvoir israéliennes.

Cependant, au lieu de prendre une position digne face à l’insolence israélienne, le dirigeant de l’AP s’est empressé de ramper aux pieds d’Israël, pensant que les Israéliens allaient se calmer, feraient preuve de magnanimité et accorderaient à l’OLP un État viable sur moins de 25 % de la Palestine mandataire.

A noter que les remarques choquantes d’Abbas coïncidaient avec l’anniversaire annuel de l’infâme Déclaration Balfour qui a offert la Palestine au sionisme sur un plateau d’argent.

Inutile de le dire, cette malencontreuse coïncidence montre que l’actuel dirigeant de l’OLP va jusqu’à manquer de l’élémentaire conscience historique que tout dirigeant palestinien doit posséder afin de progresser vers la libération définitive de la Palestine

Nous ne voulons pas accabler Abbas d’épithètes de trahison et de perfidie. Après tout, l’homme n’est pas Salahuddin. Il n’est même pas Arafat, lui n’aurait jamais abandonné le droit sacré au retour, en dépit de la pression immense sous laquelle se trouvait le regretté dirigeant palestinien de la part de ses amis comme de ses ennemis, ce qui finalement lui a coûté la vie.

Abu Mazen n’en est pas moins allé trop loin dans tous les domaines imaginables de la moralité islamique, ce qui soulève de graves questions à propos de sa capacité et de sa condition physique à rester à la tête de l’AP.

Il y a quelques semaines, il déclarait à un rabbin en visite à Ramallah que si Israël avait été établi c’était pour rester toujours. La remarque, répulsive, a été formulée en arabe, ce qui prouve qu’Abbas n’a que peu, voire pas du tout de respect pour les dizaines de milliers de Palestiniens et d’Arabes, martyrs et victimes, qui ont perdu la vie au cours de la lutte contre les occupants et les oppresseurs sionistes.

Et maintenant, il est en train de dire que les réfugiés n’ont aucun droit au rapatriement dans leurs maisons et villages d’où ils ont été expulsés sous les armes pointées par les terroristes sionistes. Il s’agit purement et simplement d’une apostasie nationale. Abbas n’avait aucun droit à dire ce qu’il a dit. La Palestine n’est pas une communauté privée de sa famille à céder au sionisme. En fait, la seule façon pour lui de se racheter pour ce blasphème serait de démissionner de la présidence de l’OLP et de celle de l’AP. Mais a-t-il le courage moral et la droiture de soumettre sa démission ?

On dit qu’Abbas a son doctorat de sciences politiques. Si c’est vrai, il devrait se rendre compte du fait que le droit au retour est un droit parfaitement établi dans la législation internationale tel qu’inscrit dans la résolution 194 des Nations-Unies.

En effet, si les réfugiés palestiniens n’ont aucun droit au rapatriement et à indemnisation en vertu de la résolution 149 des Nations-Unies, alors dans le même esprit, les Palestiniens ne devraient avoir aucun droit à exiger l’évacuation israélienne des territoires saisis par Israël en 1967, comme stipulé dans la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, et à plus forte raison d’avoir un État viable en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Assurément, les remarques d’Abu Mazem reflètent un profond désespoir, une frustration et même une dépression face à l’arrogance israélienne, de la complicité de l’Amérique et de l’incompétence de l’Europe, aussi bien que de la faiblesse arabo-musulmane.

Cependant, Abbas, ses larbins, et les Palestiniens en général, doivent assimiler le fait qu’il s’agit d’un conflit historique qui se terminera seulement avec la fin et la disparition définitive de cette entité maléfique, connue sous le nom d’Israël.

Nous ne nions pas qu’Israël et ses alliés sont à l’heure actuelle militairement puissants. Nous serions aveugles et complètement insensés si nous n’admettions pas cette réalité importante.

Mais les réalités politiques et militaires ne sont pas des constantes immuables ; ce sont au contraire des variables.

Le regretté Sheikh Ahmed Yasin, assassiné par les nazis de notre époque il y a presque dix ans, avait compris cette importante formule historique. Il a dit, « le fort ne reste jamais fort éternellement, et le faible ne reste pas faible éternellement ».

Autre chose. Il est vraiment honteux que la majeure partie de la direction du Fatah soit demeurée silencieuse, refusant de condamner publiquement les propos ignominieux de son dirigeant, vraiment à la limite d’une trahison nationale.

En fait, certains dirigeants du Fatah, comme Nimr Hammad et Nabil Abu Rudeina, ont cherché à détourner l’attention de ce nouveau scandale. Un employé de l’AP a suggéré qu’Abbas ne savait pas ce qu’il disait.

Bon. Si Abbas ne savait pas ce qu’il disait, alors il lui faut se retirer sans bruit et arrêter d’infliger plus de dommages à la cause nationale.

D’ailleurs, le manque de courage choquant de la direction du Fatah est une preuve supplémentaire que le Fatah est, dans sa structure actuelle, absolument inapte pour conduire le peuple palestinien sur les rivages de la sécurité.

Et maintenant, quelques mots à l’attention des sionistes arrogants, grisés par leur force militaire et leur domination sur le gouvernement américain. Il vous est conseillé de ne pas accorder trop de crédit aux propos frustrés d’Abbas. Ses remarques ne reflètent pas l’opinion de la plus grande majorité des Palestiniens.

C’est tout à fait visible dans les réactions rigoureuses émanant de nombreux milieux de la communauté palestinienne, y compris de l’intérieur de l’OLP elle-même.

Au mieux, ses remarques doivent être interprétées comme une expression supplémentaire de frustration et de désespoir de la part d’un dirigeant démoralisé qui, apparemment, a quelque difficulté à faire une différence entre pragmatisme et capitulation.


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En Cisjordanie, le 3 novembre 2012 - Centre palestinien d’information - traduction : Info-Palestine.net/JPP


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