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Olmert préfère George W. Bush à Condoleezza Rice

jeudi 5 avril 2007 - 20h:59

Aluf Benn et Shmuel Rosner - Ha’aretz

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Plus proche des thèses israéliennes, le locataire de la Maison-Blanche a les faveurs du Premier ministre israélien. Pour le plus grand déplaisir de Condoleezza Rice.

Le Premier ministre Ehoud Olmert joue à une sorte de jeu diplomatique avec Condoleezza Rice lorsqu’elle effectue ses tournées au Moyen-Orient. La secrétaire d’Etat américaine veut montrer que les Etats-Unis sont toujours résolus à trouver une solution au conflit israélo palestinien. Olmert, lui, rappelle poliment à Mme Rice que son patron se trouve à la Maison-Blanche.

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Condoleezza Rice et Ehoud Olmert (AFP)

Lors de son avant-dernière visite à Jérusalem, il y a six semaines, Mme Rice a découvert à son arrivée qu’Olmert avait, la veille, informé les médias de sa conversation téléphonique avec George Bush. "Le Premier ministre et le président sont sur la même longueur d’ondes", a commenté un haut responsable israélien. Le message était sans ambiguïté : ce que dit la secrétaire d’Etat n’a guère d’importance, - Olmert a tout arrangé avec le président. Mme Rice n’a pas apprécié, mais elle a poursuivi sa visite comme prévu en organisant un sommet à trois à Jérusalem avec Olmert et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. La rencontre a bien eu lieu... sans grand résultat.

A son retour dans la région la semaine dernière, Mme Rice s’est de nouveau heurtée au manque d’intérêt du Premier ministre. "Sa volonté de relancer les négociations s’est estompée", note l’un de ses conseillers. Lors de leur entretien, Olmert a refusé d’engager des discussions sur un accord de paix permanent avec les Palestiniens, afin de leur présenter un "nouvel horizon politique". Pour lui, les Palestiniens doivent d’abord libérer le soldat Gilad Shalit, enlevé le 25 juin par le Hamas. Mme Rice s’est contentée de "succès" mineurs, comme la décision de confier au général Keith Dayton, le coordinateur américain pour la sécurité, la réorganisation des forces loyales à Mahmoud Abbas.

Olmert profite des divergences d’opinion au sein du gouvernement américain sur l’opportunité de poursuivre les efforts diplomatiques. Mme Rice et son homologue israélienne Tzipi Livni ont mis au point une initiative visant à renforcer Abbas et à persuader les Palestiniens de combattre le terrorisme. Le but était de démontrer aux forces modérées qu’ils faisaient front pour combattre le terrorisme en ouvrant des négociations sur la nature d’un futur État palestinien.

Mme Rice est l’un des porte-parole les plus engagés en faveur de la cause palestinienne dans l’administration Bush. Son engagement tient autant à son histoire personnelle (elle a grandi dans le Sud raciste des Etats-Unis) qu’au sempiternel dilemme lié à son poste, qui la soumet à la pression des pays arabes et européens.

Elle pense que tout le monde connaît la solution au problème, même si elle est difficile à mettre en ?uvre. Sa vision des choses et les principales caractéristiques de son plan sont proches de celles de l’ancien président Clinton. Mais son chef n’est pas Bill Clinton. Mme Rice doit affronter les sceptiques jusque dans son propre ministère, notamment Elliott Abrams, adjoint du conseiller national à la sécurité chargé du dossier du Proche-Orient à la Maison-Blanche. Selon des sources au sein du ministère des Affaires étrangères israélien, Abrams pense que le plan de Rice est voué à l’échec.

Abrams est souvent décrit comme un faucon, mais il est loin d’être l’homme du Likoud à Washington. Il a participé à la conclusion d’un accord visant à réduire le nombre de colonies israéliennes en Cisjordanie à l’époque où Ariel Sharon était Premier ministre. Contrairement à Rice, il soutient les mesures unilatérales prises dans l’esprit du plan de réalignement d’Ehoud Olmert. Pour sa part, Condoleezza Rice considère que les Palestiniens, représentés par Mahmoud Abbas, sont un partenaire indispensable pour faire la paix.

En dépit de leurs divergences, Abrams et Mme Rice maintiennent de bonnes relations de travail et sont d’accord sur de nombreux sujets. Mais ils n’ont pas les mêmes pouvoirs.

Après tout, Mme Rice fait partie des plus proches alliés de Bush. Mais celui-ci persiste à exiger que les Palestiniens renoncent au terrorisme. Dès lors, le président permet à Mme Rice de voyager et de mener différents pourparlers, mais lui interdit de faire pression sur Olmert, du moins tant que les Palestiniens n’auront pas rempli leur part du contrat.

Aluf Benn et Shmuel Rosner - Ha’aretz, via Le Courrier international, le 4 avril 2007
Version anglaise : Olmert reminds Rice : Bush is still her boss


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