Lorsque Morsi a remporté l’élection présidentielle en Égypte, les Gazaouis étaient ravis et ont manifesté dans les rues leur espoir en des jours meilleurs. Aujourd’hui, leur déception est à la hauteur de leur enthousiasme passé.

Un Palestiniens transporte des sacs de ciment à travers un des tunnels utilisés pour le passage de marchandises, dont des matériaux construction, de la nourriture et du carburant, à travers la frontière entre Gaza et l’Égypte, dans le sud de la bande de Gaza - 23 août 2012 - Photo : AFP - Mohammed Abed

Les Palestiniens se sont sentis frustrés par la décision égyptienne d’ouvrir uniquement trois jours par semaine, le poste frontière de Rafah au sud de la bande de Gaza. Ils avaient espéré que leur situation irait s’améliorant de façon spectaculaire après la victoire de Mohammed Morsi à l’élection présidentielle. N’oublions pas que Morsi est membre des Frères musulmans (Confrérie), un mouvement allié du Hamas.

Al-Akhbar s’est rendu à Gaza pour discuter avec les habitants au sujet de leur situation. Amani Shnino nous dit : « Je pense qu’il est injuste de n’autoriser les passages que trois jours. L’ensemble de la bande de Gaza est en pleine crise humanitaire, et Morsi nous a trompés ».

Walid Iki (24 ans) exprime son souhait que « le passage de Rafah soit ouvert plus longtemps, ce qui permettrait à tout citoyen de Gaza de se déplacer librement. » Il souligne que « la situation à la frontière sous Hosni Moubarak était meilleure. Aujourd’hui, la situation est quelque peu chaotique. » Iki se dit surpris par « le silence du Hamas au sujet de cette décision. »

Après l’attaque du Sinaï dans lequel 16 soldats égyptiens ont été tués, le 6 août dernier, les autorités égyptiennes ont fermé le passage de Rafah. Le gouvernement du Hamas a annoncé qu’il allait fermer les tunnels le long de la frontière sud de Gaza, arrêter la sortie des personnes [par les tunnels] et stopper l’entrée de produits alimentaires et de carburant dans la bande de Gaza.

Ces annonces ont provoqué un vent de panique. Les gens ont afflué vers les stations-service pour faire le plein de carburant, et les files de voitures se sont allongées. La fermeture des tunnels entraîne une coupure des fournitures de gaz, une hausse des prix et des pénuries de certains produits sur les marchés de Gaza.

Les Gazaouis ont été profondément déçus, après avoir manifesté une grande joie lors de la victoire de Morsi.

Le secteur de la santé a été le plus durement touché par la longue fermeture de la frontière. Des dizaines de patients sont restés dans l’incapacité de se déplacer pour des opérations et des soins hors de Gaza.

Le porte-parole du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas dans la Bande de Gaza, Ashraf al-Qudra, a déclaré que « chaque jour où le passage est fermé, les listes d’attente des patients devant se rendre en Égypte augmentent de 40 unités. Cela exige l’ouverture immédiate du point de passage pour une semaine entière afin que les patients puissent voyager pour aller suivre leurs traitements médicaux. »

Il a ajouté : « Tout retard aggrave l’état de santé de nos patients. » Qudra demande à l’Égypte « d’ouvrir la frontière toute la semaine. »

Le Hamas a vigoureusement démenti toute relation avec l’attaque dans le Sinaï, accusant Israël d’être à l’origine de l’agression. Les services de sécurité du gouvernement de Gaza ont fait connaître leur volonté de coopérer pleinement avec les Égyptiens pour identifier les coupables, et le Hamas a demandé la réouverture du point de passage et des tunnels.

L’analyste politique Ibrahim Abrash, a déclaré à Al-Akhbar : « Cette mesure égyptienne sous la présidence de Mohammed Morsi n’est pas différente des mesures antérieures sous Hosni Moubarak. La sécurité nationale égyptienne est prioritaire, quel que soit le président ou la partie responsable. les Égyptiens donnent la priorité à leurs intérêts et à leur sécurité nationale, avant toute autre considération idéologique. Il semble que l’Égypte ait pris cette décision en attendant les résultats des enquêtes à Rafah, craignant que certains Palestiniens soient impliqués dans l’attaque du Sinaï. »

Lorsqu’on l’interroge sur le silence du Hamas au sujet de cette décision, Abrash répond : « Le Hamas ne veut pas d’une relation tendue avec les dirigeants égyptiens de la Confrérie. Il sait que s’il perd sa relation privilégiée avec la Confrérie, il perdra un allié essentiel et sa situation ira en empirant. Après tout, le Hamas est une émanation des Frères musulmans ». Abrash souligne aussi que le Hamas a reçu l’assurance que la réouverture du passage était liée à la clôture des enquêtes à Rafah.

En attendant, le bureau du Premier ministre du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a annoncé que le Premier ministre avait terminé ses consultations pour un remaniement ministériel dans son gouvernement, mais aucun détail n’a été publié. Un communiqué précise que : « Haniyeh a terminé ses consultations après une période de temps suffisante », et il est prévu que le nouveau cabinet soit prochainement soumis au parlement pour un vote de confiance.

La décision attendue Haniyeh est considérée comme une nouvelle tentative de réconciliation palestinienne, sous parrainage égyptien. Le remaniement ministériel viendrait en réponse à un remaniement similaire au sein du gouvernement de Salam Fayyad en Cisjordanie.

26 août 2012 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Claude Zurbach