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Syrie : la barbarie de la guerre en ex-Yougoslavie

mardi 24 juillet 2012 - 07h:20

Robert Fisk - The Independent

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Les scènes effroyables en Syrie commencent à refléter la barbarie de la Bosnie, de la Croatie et de la Serbie

Ils ont frappé jusqu’à la jugulaire à présent. Le beau-frère du Président, le Ministre de la Défense... Une bombe énorme, tout près - voire à l’intérieur - des sièges de l’appareil militaire conduit par le propre frère du Président. Les assassinats demandent du temps pour être planifiés mais c’était à une grande échelle. A l’échelle du bain de sang à travers la Syrie.

La propre soeur de Bashar Al-Assad, Bushra, un des piliers du parti Baath, a perdu son mari dans une explosion énorme au centre même de Damas. Pas étonnant que les Russes parlent de « bataille décisive ».

Ce ne sera pas un répétition de Stalingrad, mais les tentacules de la rébellion se sont maintenant déplacées vers le coeur. Et, naturellement, il y a des massacres à venir. Sinon pourquoi des milliers de citoyens syriens se seraient-ils sauvés hier dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, chercher une protection auprès des citoyens les plus trahis du monde arabe ?

Et il y a suffisamment de haine en réserve pour poursuivre cette attaque sauvage contre le gouvernement syrien. Huit mois plus tôt, pendant l’une des gigantesques manifestations pro-régime dans le quartier de Raouda, je marchais le long du même bâtiment des services de renseignement et de sécurité qui a été attaqué hier à la bombe.

Un ami syrien contempla le bâtiment d’un air lugubre. La torture continue au sous-sol, me dit-il. « Vous ne voudriez pas même savoir ce qui s’y passe. » Mais celui qui réussit à sortir de là serait trop heureux de tuer ses tourmenteurs, sans parler des tortionnaires en chef.
La colère populaire emportera d’autres sommités. Il était typique que dans leur désespoir de combler le vide laissé par les assassinats d’hier, le régime ait choisi une personne insignifiante, Fahd Jassim al-Furayj, pour remplir la fonction de Ministre de la Défense - un homme qui vient de Hama, le centre de tous les soulèvements importants contre le pouvoir central en Syrie.

Nous avons une habitude, nous les occidentaux, de considérer toujours le Moyen-Orient à travers nos propres lunettes - le Moyen-Orient est à « l’Est » de « nous », n’est-ce pas ? - mais inclinez un peu la carte et vous vous rendrez compte à quel point la Syrie est proche des irrédentistes musulmans tchétchènes. Pas étonnant que Moscou craigne la rébellion en Syrie.

Et le vieux Hafez el-Assad, le père de Bashar, s’était toujours inquiété pendant ses dernières années au pouvooir, qu’une rébellion en Syrie prenne la forme du conflit terrible qu’il suivait quotidiennement devant sa télévision : la dissolution de la Yougoslavie « laïque », dont les divisions sectaires étaient alors remarquablement semblables à celles de la Syrie d’aujourd’hui. Et bizarrement, bien que les égorgements, les massacres de civils par des milices et les meutre d’enfants mettent en parallèle la guerre civile de l’allié algérien de la Syrie dans les années 1990, les scènes effroyables qui se déroulent en Syrie aujourd’hui commencent à refléter la barbarie de la Bosnie, de la Croatie et de la Serbie.

Qu’est-ce que Bashar peut faire maintenant ? Un autre ami Syrien m’a posé une question intéressante l’autre jour. Supposez que le Président Bashar, alaouite et chiite, décide de se sauver, me dit-il. « Il sera conduit à l’aéroport par un colonel alouite... Est-ce que ce colonel le laissera partir ? J’en doute. »

Maintenant deux sombres prévisions... Oui, Bashar peut encore s’accrocher plus longtemps que ce que nous imaginons. Et il ne partira pas. Son frère Maher, qui commande la ainsi nommée 4ème Brigade, peut représenter un autre problème. Mais les tanks sont dans les rues de Damas, la plus ancienne ville habitée dans le monde et les tirs peuvent s’entendre depuis le palais présidentiel. Ce sont des jours sans précédent. C’est pourquoi, plusieurs fois la journée d’hier, la télévision Syrienne a été forcée de dire la vérité. Le verdict ? Les choses ne sont pas encore bouclées.

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19 juillet 2012 - The Independent - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.independent.co.uk/opinio...
Traduction : Info-Palestine.net


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