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Syrie : A qui profite le crime ?

samedi 2 juin 2012 - 08h:25

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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Oui, le régime syrien a perdu toute légitimité à rester au pouvoir dans le pays. Mais ce n’est pas parce qu’il en est ainsi qu’il faut applaudir à des initiatives qui, sous le prétexte humanitaire, bafouent la légalité internationale, et dont le but est de faire prévaloir un ordre mondial conforme aux intérêts d’une poignée de puissances voulant s’ériger en direction du Monde aux lieu et place de l’ONU.

Ce ne sont pas des enfants de ch ?ur qui dirigent le régime syrien. Bachar el-Assad et son entourage sont capables de tout pour conserver le pouvoir. De cela, tout le monde est convaincu. D’où la facilité avec laquelle a été admise l’imputation faite au régime syrien d’être responsable de l’effroyable massacre dont la localité de Houla a été le théâtre. Si cela est vrai, il a, ce faisant, offert à ses ennemis la plus efficace machine de guerre qu’ils puissent utiliser pour en finir avec lui. Sauf que s’ils ne sont pas des enfants de ch ?ur, les dirigeants syriens savent parfaitement qu’un massacre du genre de celui qui s’est commis à Houla les dessert même auprès des alliés étrangers dont ils disposent.

En tout cas, l’opposition et ses soutiens, jouant sur l’odieuse réputation que s’est forgée ce régime, l’accusent d’avoir perpétré ce crime qui heurte les consciences. Sans en fournir la moindre preuve, si ce n’est des témoignages invérifiables en l’état de la situation dans le pays.

L’indignation que le massacre soulève ne doit pas évacuer qu’il est survenu à pic pour une opposition qui ne veut pas du plan de paix du médiateur international Kofi Annan, bien qu’elle se soit gardée de le rejeter publiquement. Ce massacre a été l’occasion pour elle d’interpeller Kofi Annan pour lui demander de reconnaître que son plan a échoué. Il est aussi le prétexte pour les puissances étrangères soutenant cette opposition pour réactiver l’idée de l’intervention étrangère, qu’elles ont dû momentanément abandonner du fait du refus russo-chinois et de l’option par l’ONU et la Ligue arabe d’une médiation entre les belligérants syriens confiée à Kofi Annan.

De ce point de vue, le massacre de Houla est une énorme faute commise par le régime syrien, s’il en a bien été l’instigateur. Car, profitant de l’effet d’horreur qu’il suscite dans les opinions internationales, ces puissances « amies du peuple syrien » cherchent désormais à contourner le Conseil de sécurité, où elles se heurtent au « niet » russo-chinois à l’intervention étrangère, en faisant valoir que la situation en Syrie a atteint le seuil de non-retour qui doit légitimer une opération de cette sorte sans l’aval onusien. Une troublante convergence s’est dessinée sur ce point aussitôt le massacre de Houla connu.

La tuerie a très certainement enterré le plan Kofi Annan, qui n’exclut pas, malgré ses forfaits, le régime syrien du processus de paix. Bachar el-Assad et ses partisans sont-ils fous au point d’avoir servi à leurs ennemis l’opportunité de décréter l’échec du médiateur international ?

Dans ce conflit syrien, tous les protagonistes sont susceptibles de commettre l’abject. L’opposition qui combat le régime n’est pas composée que de pacifistes aux mains non entachées de sang. Ceux qui l’appuient de l’étranger ont démontré qu’en matière de cynisme dans la désinformation et de ce qui est de verser le sang des populations civiles, le régime syrien a encore à apprendre d’eux. Oui, le régime syrien a perdu toute légitimité à rester au pouvoir dans le pays. Mais ce n’est pas parce qu’il en est ainsi qu’il faut applaudir à des initiatives qui, sous le prétexte humanitaire, bafouent la légalité internationale, et dont le but est de faire prévaloir un ordre mondial conforme aux intérêts d’une poignée de puissances voulant s’ériger en direction du Monde aux lieu et place de l’ONU.


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2 juin 2012 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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