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Iran et Royaume-Uni : chaque camp doit arrêter cette folle confrontation, maintenant

dimanche 1er avril 2007 - 04h:59

Craig Murray

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Craig Murray, qui était diplomate au Foreign Office, propose une sortie de crise honorable pour les deux pays engagés dans un dangereuse confrontation.

Il n’existe pas de frontière maritime reconnue entre l’Iran et l’Irak dans le Golfe Persique. Avant le flot de propagande démente de la semaine dernière, personne n’aurait considéré cette affirmation comme étant le moins du monde sujet à controverse. Permettez-moi de citer à titre d’exemple la publication d’extrême gauche bien connue, le Star and Stripes du 24 octobre 2006 [1] .

"Contenir les Iraniens n’est pas aisé dans la partie nord du Golfe Persique ou les lignes entre les eaux irakiennes et iraniennes sont confuses", déclarent les officiels.

"Aucune frontière maritime n’a été acceptée par les deux pays", dit Lockwood.

Il s’agit du Commodore Peter Locwood de la marine Australienne. Il est le commandant de la Task Force combinée au le nord du Golfe Persique.

Je pourrais bien en savoir un peu sur le sujet moi-même, ayant été le responsable de la section maritime du ministère des Affaires Etrangères de 1989 à 1992, et ayant été personnellement responsable au Centre de Surveillance de l’Embargo pour l’obtention en temps réel des autorisations délivrée à la Royal Navy pour les contrôles de navires dans ces eaux.

Comme je le craignais, Blair a adopté l’approche conflictuelle et idiote consistant à publier des cartes ignorant cette dispute frontalière, en déclarant au sujet d’une situation pourtant très confuse qu’elle est claire comme de l’eau de roche et que les Iraniens sont complétement dans l’erreur. Ce qui a poussé les iraniens vers une nouvelle étape dans leur spirale intransigeante et stupide.

Les gouvernements iraniens et britanniques amplifient tous deux cette affaire pour créer le maximum d’effet de propagande et prennent la pose pour leurs auditoires respectifs. Aucun d’entre eux n’a réellement le souci des britanniques captifs, ni des milliers de personnes qui pourraient perdre la vie en Iran ou à Bassorah, si cette affaire dérape.

Le mépris de Tony Blair pour la vie des habitants du Moyen Orient a déjà été amplement démontré en Irak et au Liban. Son manque de préoccupation sincère pour les soldats britanniques s’est manifesté par son constant refus de rencontrer ne serait-ce qu’un seul parent de soldat tué par les guerres qu’il a créé. Il se confronte aujourd’hui aux dirigeants iraniens avec autant d’appétit pour la gloire et que d’absence de sentiments humains.

Il est essentiel pour les deux parties de faire marche arrière. Aucune solution n’est possible si chaque camp persiste à prétendre que l’autre est complétement dans l’erreur alors que lui-même est complétement dans le vrai. Et le premier pas en direction de la recherche d’une issue pacifique est de reconnaitre cette vérité évidente qui est que les frontières maritimes sont problématiques et disputées dans cette zone.

Chaque partie peut en conséquence accepter que l’autre a agi de bonne foi en fonction de sa conception sur la position de la frontière. Elles peuvent également reconnaitre que les mouvements des navires et les coordonnées qui ont été fournies par les parties l’ont été également de bonne foi. Les détenus devraient être immédiatement libérés et, sous les encouragements de la communauté internationale, l’Iran et l’Irak qui sont désormais en bon voisinage devraient nommer un groupe conjoint de juges pour définir une frontière maritime et arbitrer cette dispute frontalière.

Voila la solution de sortie de crise. Mais l’insistance britannique sur leur petite ligne rouge de frontière, ou celle des iraniens sur leurs coordonnées GPS, indique sans conteste une envie de marquer des points dans le domaine de la propagande dans la perspective d’une guerre où de nombreuses vies seront perdues, plutôt que celle de résoudre ce différent et de libérer les captifs. La communauté internationale doit exercer de fortes pressions sur l’Iran et la Grande Bretagne pour mettre un terme à cette confrontation folle.

Les britanniques doivent rompre avec un bellicisme né d’un inquiètude louable pour leurs soldats et soldates, et se rendre compte qu’il ne s’agit là que d’un petit élément de cette folie qu’est une politique de guerres perpétuelles au Moyen Orient. Et c’est cela que nous devons arrêter.

Note :

[1] Craig Murray fait de la dérision. Le Star and Stripes est le journal quotidien officiel de l’armée US.

Craig Murray, ancien diplomate, est écrivain et reporter.

Craig Murray, le 29 mars 2007 - Both Sides Must Stop This Mad Confrontation, Now
Traduction : Contre Info

Voir aussi, par Patrick Cockburn :
- Une incursion et des arrestations américaines ont préparé le terrain pour la capture des marins britanniques


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