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Moyen-Orient : Sarkozy et Hollande, c’est « blanc bonnet et bonnet blanc »

lundi 7 mai 2012 - 09h:39

Patrick Galey - Al-Akhbar

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Lorsque le peloton de tête dans la course présidentielle en France a s’est assis, jeudi soir pour un débat télévisé final, c’était avec des lignes de combat supposées fermement ancrées.

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Sarko et Hollande faisant leur cour au président du CRIF, lequel est assuré que son lobby sortira vainqueur, quel que soit le résultat des élections

Le président sortant Nicolas Sarkozy et le dirigeant du Parti socialiste François Hollande avaient passé le mois précédent sur un sentier de campagne au vitriol, voulant marquer de profondes divisions sur l’économie, l’immigration, et l’énergie nucléaire.
Mais l’acteur le plus important dans l’élection de dimanche, qui selon la plupart des sondages va se jouer sur le fil, n’était même pas dans le studio.

Les deux, Hollande et Sarkozy, sont conscients du fait que les 6,4 millions qui ont voté pour le courant fascisant de Marine Le Pen du front national auront une incidence importante sur les résultats de dimanche. C’est pourquoi ils ont cherché à faire écho à la violente rhétorique anti-immigration de Le Pen qui a touché aussi bien les électeurs désenchantés que les plus radicalisés à droite.

Haro sur l’immigration...

Ce n’est que dans les dernières minutes du débat de jeudi que la question de la politique étrangère a été soulevée. Hollande a promis de réduire l’immigration économique à un moment où la France ressent les effets de la tourmente financière de la zone euro. Sarkozy est allé plus loin, faisant référence à Le Pen par son nom et affirmant qu’il avait l’expérience et le bon sens requis pour mettre coup d’arrêt significatif sur l’immigration en réduisant par deux le nombre de personnes entrant dans le pays.

Judy Dempsey, un associé senior au Carnegie Europe, a déclaré que même si l’immigration a été présentée comme une question intérieure par les deux candidats, utiliser cette question comme un édulcorant pour attirer les électeurs d’extrême-droite pourrait avoir un effet négatif sur la France au niveau international.

« L’immigration fait partie de la politique étrangère et quand ils parlent de l’immigration aujourd’hui en France, c’est l’Europe forteresse », dit-elle. « [Hollande et Sarkozy] ne voient pas l’immigration dans un sens positif et ils envoient un très mauvais signal à la jeune génération et aux nouveaux cercles économiques au Moyen-Orient. »

Ce n’est que dans les dernières minutes du débat de jeudi que la question de la politique étrangère a été soulevée.[...]

Corruption

Sarkozy a évité de mentionner la Libye dans le débat de jeudi après les allégations très embarrassantes [par Médiapart] selon lesquelles sa campagne présidentielle de 2007 avait bénéficié d’un financement en provenance de Tripoli [50 millions d’Euros]. Sarkozy voulait lancer une action en justice, mais se ravisa à cause des risques encourus.

Les déclarations publiques de Hollande veulent mettre en évidence les similitudes avec la politique au Moyen-Orient du gouvernement actuel. Comme Sarkozy, Hollande a déclaré qu’une arme nucléaire iranienne serait inacceptable pour l’Europe. Comme Sarkozy, Hollande, a appelé à une solution à deux Etats en Palestine, tout en claironnant que la sécurité d’Israël était une préoccupation française majeure.

Le leader socialiste a été encore vague sur certains points sur la politique étrangère française. Il manque actuellement d’un conseiller dédié aux les affaires d’outre-mer. Au lieu de présenter des plans détaillés pour les relations internationales de la France, le challenger socialiste a fait un point de critiquer Sarkozy à cet égard.

Dans la perspective de la prochaine législature, Hollande a adopté un ton remarquablement similaire à l’actuel gouvernement.

Bellicisme en Syrie

Sarkozy et le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, ont été parmi les dirigeants les plus bellicistes en Europe face à la crise syrienne, soutenant la fermeture de l’ambassade française à Damas et appelant à plusieurs reprises le président Bachar al-Assad à démissionner. [...]

Hollande, pour sa part, a déclaré le mois dernier qu’il allait appuyer une intervention militaire en Syrie, « si cela se fait dans le cadre des [Nations Unies]. » Juppé a tenu des propos dans le même sens ces dernières semaines.

Selon Thomas Klau, chercheur en politiques au sein du Conseil européen des relations étrangères, à la fois Sarkozy et Hollande vont devoir attendre et voir ce qui se passe en Syrie avant de faire évoluer le discours français sur le gouvernement de Damas.

« Le gouvernement actuel et Juppé ont été très actifs sur le dossier Syrie et ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour pousser la Russie à se changer sa position, » a dit Klau à Al-Akhbar. « Je ne m’attends pas à ce que la politique française soit différente avec Hollande. Une grande partie de sa politique sera déterminée par les événements sur le terrain et le succès - ou l’absence de succès - des efforts de médiation de Kofi Annan. »

Dempsey ajoute que Hollande avait soulevé la perspective d’une intervention militaire en Syrie « parce qu’il peut le dire sans avoir à prendre la responsabilité » de la rendre effective. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France a encore une certaine influence au niveau mondial, mais pas assez pour convaincre la Russie ou la Chine de bénir à l’avance une guerre contre la Syrie. Les deux candidats sont d’accord sur cela, et la continuité dans l’approche française à Damas est plus probable que le changement de cap.

L’influence déterminante du lobby pro-israélien

De la même manière, avec Paris le lobby pro-israélien est aussi influent chez les socialistes qu’il l’est dans l’UMP de Sarkozy, et en cas de victoire de Hollande, la ligne actuelle de la France sur la Palestine ne devrait pas bouger.

En dépit de quelques gaffes diplomatiques, y compris avoir traité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « de menteur », Sarkozy a passé une grande partie des cinq dernières années à fournir son soutien aux responsables israéliens.

Hollande, avec influentes personnalités pro-israéliennes autour de lui, comme Dominique Strauss-Kahn qui a l’oreille de nombreux socialistes parisiens, aura du mal à se séparer d’un tel engagement.

« Nicolas Sarkozy est personnellement convaincu que l’intérêt national d’Israël est très proche de l’intérêt national français, » dit Thomas Klau. « Avec François Hollande, son attitude n’est pas très significative. Aucun d’entre eux ne se place dans la tradition arabisante de la politique étrangère française, qui a perdu de toute façon de sa pertinence. »
[...]

Cela ne veut pas dire que Sarkozy et Hollande sont d’accord sur tous les domaines de la politique étrangère.

Un retrait anticipé des troupes françaises d’occupation en Afghanistan

Hollande a utilisé le débat de jeudi pour répéter une promesse de campagne, que s’il était élu, il retirerait toutes les troupes françaises qui servent au sein de l’OTAN de l’Afghanistan d’ici la fin de l’année 2012 - une année complète avant le retrait prévu, et au grand dam de Nicolas Sarkozy. Le président français a dit qu’il préfère ne pas revenir sur le calendrier de retrait en cours d’accord avec l’OTAN.

Ces derniers mois, Sarkozy a fait face à la colère de la Turquie, l’un des premiers partenaires commerciaux de la France, en poursuivant un projet de loi qui rendrait illégal le fait de nier le génocide arménien. Au milieu de l’opprobre d’Ankara, le président a poussé en avant avec le projet de loi controversé, que les critiques ont dénoncé comme une tentative cynique pour obtenir le vote d’environ 400 000 Arméniens de souche.

Une rupture avec le racisme anti-turc de Sakozy ?

Sarkozy n’a fait aucun secret de son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et les retombées sur le projet de loi sur le génocide n’est que la dernière d’une série de prises de bec avec Ankara. Hollande a également indiqué qu’il s’opposerait à l’adhésion de la Turquie à l’UE, mais, de façon significative pour les fonctionnaires à Ankara, il n’a pas exclu de futures négociations.

« Sarkozy est ouvertement hostile à l’idée que la Turquie puisse adhérer à l’UE, tandis que la position des socialistes, c’est que cette porte doit rester ouverte », a déclaré Klau.

La faiblesse des relations diplomatiques de la France avec Ankara peut être considérée comme une tache noire sur les initiatives de Nicolas Sarkozy en politique étrangère, quelque chose dont Hollande devrait chercher à tirer profit, selon Dempsey.

« Sarkozy a toujours eu quelque chose comme du mépris pour la Turquie et il n’y a pas d’amour perdu entre Ankara et Paris, » dit-elle. « Cela changerait lentement sous Hollande. Il est temps que la France considère [l’engagement avec la Turquie] comme étant son intérêt stratégique à long terme, et c’est une chose que Hollande pourrait être en mesure de changer, s’il gagne. »

Avec la France embourbée dans le mécontentement sur les questions domestiques, il n’est pas surprenant que ni Hollande, ni Sarkozy aient été trop disposés à confronter leurs opinions sur les affaires mondiales.

5 mai 2012 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net - Naguib


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