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Pourquoi les Palestiniens ont-ils entamé une grève de la faim ?

mardi 8 mai 2012 - 07h:38

Middle East Monitor

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1.1. La question relative aux prisonniers Palestiniens est l’une des conséquences les plus fâcheuses de l’occupation israélienne. Depuis 1967, plus de 700.000 Palestiniens, soit 20% de la population de Ramallah et de la Bande de Gaza Occupées ont été emprisonnés. Ce taux représente 40% de l’ensemble de la population masculine dans les Territoires Occupés.

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Une manifestation, le 16 avril 2012, près de Jénine, en Cisjordanie, pour la libération des Palestiniens détenus en Israël - Photo : AFP/Saif Dahlan

1.2. Il y a aujourd’hui environ 6000 prisonniers enfermés dans 17 prisons israéliennes et centres de détention. Ce nombre comprend 6 femmes et 200 mineurs.

1.3. Pas moins de 330 Palestiniens sont en détention administrative sans qu’ils ne soient officiellement inculpés devant le tribunal. Cette catégorie compte 28 parlementaires et 3 anciens ministres.

1.4. Ces prisonniers Palestiniens sont actuellement détenus dans des endroits très éloignés de leurs maisons et en dehors des Territoires Occupés. Ce point constitue une violation manifeste de la Quatrième Convention de Genève, relative à la Protection des Personnes Civiles en Temps de Guerre. L’Article 76 de la Convention stipule :

« Les personnes protégées inculpées seront détenues dans le pays occupé et si elles sont condamnées, elles devront y purger leur peine »

L’Article 49 stipule :

« Les transferts forcés, en masse ou individuels, ainsi que les déportations de personnes protégées hors du territoire occupé dans le territoire de la Puissance occupante ou dans celui de tout autre Etat, occupé ou non, sont interdits, quel qu’en soit le motif »

1.5. L’Article 32 interdit expressément « le meurtre, la torture, les peines corporelles, les mutilations et...toutes autres brutalités, qu’elles soient le fait d’agents civils ou d’agents militaires » Depuis 1967, 202 prisonniers Palestiniens sont décédés des suites des tortures subies dans les prisons israéliennes.

1.6. Israël traduit systématiquement les Palestiniens devant les tribunaux militaires qui, faut-il le signaler, ne répondent pas aux normes les plus fondamentales du droit international ; notamment les lois relatives au traitement des prisonniers de guerre et des personnes vivant sous occupation.

1.7. A la lumière de ce qui précède, des appels sont lancés pour la poursuite judiciaire des officiels israéliens devant un tribunal international.

Isolement cellulaire

2.0. L’isolement cellulaire reste la méthode préférée des autorités pénitentiaires israéliennes dans le but de punir les prisonniers Palestiniens. Plus de 1600 prisonniers se sont engagés, le 17 avril, dans une grève de la faim sous le slogan « Nous vivrons dans la dignité » Ils revendiquent la fin de la tourmente qui est devenue une partie intégrante du vocabulaire de l’existence Palestinienne.

2.1. La grève de la faim massive a commencé le 17 avril 2012 pour marquer la Journée des Prisonniers Palestiniens. Cependant, plusieurs prisonniers avaient auparavant entamé une grève de la faim ; certains ont même dépassé le cap des 50 jours.

2.2. Deux cas ont été largement médiatisés durant cette période de grève. Il s’agit de Khader Adnan et de Hanan Al Shalabi.

2.3. Certains prisonniers ont, vers la fin de l’année 2011, entamé une grève de la faim de 20 jours. Du fait de la médiation égyptienne, les prisonniers et les autorités israéliennes sont parvenus à un accord stipulant la suspension de l’isolement cellulaire.

2.4. Peu de temps après, Israël a rompu le contrat et a de nouveau eu recours à l’isolement cellulaire, en imposant cette fois-ci aux prisonniers des mesures encore plus strictes.

2.5. Les prisonniers sont enfermés dans des cellules minuscules de 1.8 m sur 2.7 m. Cet espace réduit ne permet pas aux prisonniers de bouger ni de ranger leurs effets personnels.

2.6. Les cellules d’isolement sont spécialement conçues pour resserrer l’étau sur les prisonniers en les soumettant à des pressions physiques et psychologiques. Les cellules sont constituées de murs en ciment, sans finitions, peints avec des couleurs ternes, et un faible éclairage. Dans un petit coin du mur, il y a souvent une petite ouverture qui permet à peine la pénétration de l’air à l’intérieur. De plus, les cellules sont très humides, ce qui favorise la transmission des maladies, notamment les problèmes respiratoires et les maladies de la peau.

2.7. Outre les coupures d’électricité, les prisonniers se voient souvent refuser le droit à la visite des proches et des avocats.

2.8. Israël se sert de l’isolement cellulaire comme mesure punitive contre les leaders de la résistance les plus influents et ce, dans le but d’anéantir leur détermination et d’affaiblir leur endurance physique et morale.

2.9. Le gouvernement actuel de Netanyahu a voté une loi dite « loi Shalit », suite à laquelle les conditions de détention se sont remarquablement détériorées. Cette loi est intervenue avant la libération du soldat israélien capturé, Gilad Shalit.

2.10. Les prisonniers qui ne sont pas en isolement cellulaire ouvrent généralement droit à une sortie en plein air, une heure par jour dans le but de bénéficier des rayons du soleil ; un moment de répit légal qui n’est pas accordé aux prisonniers en isolement. Toutefois, il leur arrive d’en bénéficier suivant l’humeur des geôliers qui peuvent décider à n’importe quel moment de faire sortir les prisonniers. Parfois, la sortie est programmée à 6h du matin, même s’il pleut ou s’il fait très froid. Bien entendu, le prisonnier n’a pas le droit de demander le report de la pause, et si tel est le cas, il risque de perdre l’occasion de sortir pendant toute la journée.

2.11. S’agissant de la nourriture, la règle fait qu’elle soit affreusement de qualité médiocre et immangeable. Par voie de conséquence, les prisonniers, lorsque l’occasion s’offre à eux, font souvent des achats de la cantine de la prison. Cette mesure pèse davantage sur la situation financière du prisonnier et de sa famille.

2.12. Quant aux prisonniers en isolement, les cantines leur sont interdites ainsi que l’argent ou les cadeaux reçus de leurs familles ou autres. Ils sont cependant obligés de consommer la nourriture qui leur est proposée, et souffrent constamment de malnutrition, de troubles de la vision et d’anémies. Les différentes carences sont le résultat des repas insuffisants en quantité et en qualité. En effet, les prisonniers ont seulement le droit de demander de l’eau à des moments précis, ce qui n’arrange pas trop les choses, notamment pendant l’été où ils ont le plus besoin de consommer de grandes quantités d’eau.

2.13. Les autorités israéliennes utilisent une forme de punition exceptionnellement rigoureuse. Il s’agit du principe du « sunduq » (boîte), une cellule de 180 cm de long sur 150 cm de large. Inutile de préciser que cet espace suffit à peine à dormir ou à faire la prière et contient deux récipients, le premier pour boire de l’eau et le second pour uriner. Ceux qui ont eu la malchance de se retrouver là ne sont autorisés à aller aux toilettes qu’une fois par jour. Pour surmonter cet obstacle, les prisonniers essaient de manger le minimum afin de réduire le besoin d’aller aux toilettes.

2.14. Les prisonniers du « sunduq » n’ont pas le droit d’avoir des montres, des horloges, des radios, des journaux ou des télévisions. Ils n’ont pas le droit d’acheter ce dont ils ont besoin et ne sont même pas autorisés à avoir des oreillers.

Revendications fondamentales - Vivre dans la dignité et :

Mettre un terme à la pratique arbitraire qu’est la détention administrative.

Mettre un terme à l’isolement cellulaire.

Alléger les cellules encombrées.

Lever les restrictions imposées aux visites des proches.

Améliorer les soins médicaux.

Mettre un terme à l’humiliation que subissent les proches des prisonniers au niveau des checkpoints, qu’ils soient sur le chemin de la prison ou sur celui du retour.

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Le 26 avril 2012 - Article disponible à :
http://www.middleeastmonitor.org.uk...
Traduction : Info-Palestine.net - Niha


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