Le 15 août 2011, Omar Abou Shalal voulu traverser le pont Allenby - l’un des points de passage entre la Cisjordanie et la Jordanie - avec sa s ?ur, Samira lorsque les autorités israéliennes l’ont immédiatement arrêté.

Un jeune Palestinien se trouve dans une cage fictive avec les mains attachées par des chaînes lors d’une manifestation après la prière du vendredi dans la ville de Gaza le 27 avril 2012, pour appeler à la libération des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes - Photo : AFP/Mohammed Abed

Omar a été immédiatement envoyé à la prison d’Ofer à l’ouest de Ramallah. Quelques heures plus tard, il a écopé d’un ordre de six mois de détention administrative. Il ne savait ni pourquoi il était emprisonné ni quelles étaient les accusations portées contre lui.

Il se rendait en Arabie saoudite pour un pèlerinage quand il a été kidnappé. C’était le milieu du mois de Ramadan. Alors que sa s ?ur a pu poursuivre son chemin, Omar était transféré à la prison de Megiddo, près de Haïfa.

Omar a toujours vécu sous le régime de l’occupation, où adhérer à un certain discours politique est amplement suffisant pour être emprisonné pendant des années, voire pour la vie. Ce qui rend son histoire unique, c’est qu’il était recherché puis mis en prison par l’armée israélienne et par l’Autorité palestinienne (AP de Ramallah).

Politiquement affilié au Hamas, Omar avait été arrêté en 2002 et condamné à 36 mois de prison. Pendant cette période, la mère d’Omar est décédée sans avoir pu visiter son fils incarcéré, ce qui, comme Samira l’a raconté, a mis celui-ci dans un chagrin profond.

Après les luttes inter-palestiniennes entre les membres du Hamas et du Fatah en 2007, Omar s’enfuit à Jénine pour être moins exposé, car il était recherché par l’Autorité palestinienne toute une année. Après juin 2007, le mois qui a vu le plus grand nombre de victimes dans les combats inter-palestiniens, 4000 partisans du mouvement Hamas [résistance palestinienne] ont été arrêtés dans le cadre des mesures répressives et systématiques de l’AP contre les partisans du Hamas. Trois mois plus tard, l’Autorité palestinienne arrêtait Omar et le condamnait à un an et demi de prison, dans le centre de Jneid à Naplouse, une installation connue pour ses violations des droits de l’homme et l’usage de la torture contre les membres du Hamas. Selon un rapport de l’AP, ces abus auraient cessé depuis 2010.

Âgé de 54 ans, Omar est divorcé et sans enfants. Il vit dans l’un des 3 camps de réfugiés Naplouse, à al-Ein. Il possède un diplôme en maintenance électrique et travaille comme porteur dans le centre-ville, chargeant et déchargeant des camions et transportant des marchandises à pied. Selon Samira, il n’avait pas l’intention de se remarier.

Le 15 février 2012, la détention d’Omar a été prolongée de six mois. Inspiré par les grèves de la faim de Khader Adnan et Hana Shalabi, ainsi que par les grèves de solidarité de Bilal Thiab et Thaer Halahleh, Omar a commencé sa grève de la faim illimitée le 7 mars.

Dans la tente de solidarité mise en place au centre de la ville animée de Naplouse, plusieurs affiches de Omar Abou Shalal ont été mises en place avec des petits papiers collées dessus marquant le nombre de jours de sa grève de la faim. Le lundi avril 30, Omar est entré dans son 56e jour sans nourriture.

« Quand j’ai entendu parler de sa grève de la faim, je l’ai saluée, » avoue Samira. « Dans le même temps, j’ai peur pour lui, car je sais que quand mon frère fixe son esprit sur quelque chose, il ne reculera pas jusqu’à ce que soit réalisé ce qu’il a décidé d’obtenir. Il a toujours eu une foi très forte dans la réalisation de grandes décisions de ce genre. »

L’avocat représentant Omar, Mohammad al-Abed, a raconté que quand il a vu Omar le 22 avril, celui-ci se plaignait de fortes douleurs dans le ventre et à la tête. Sa tension artérielle était basse et ses symptômes de diabète étaient sévères. Malgré cela, al-Abed a affirmé que le moral Omar était très élevé et qu’il était sans faille dans sa détermination à poursuivre sa grève.

« J’ai déposé un appel au nom d’Omar devant la Haute Cour israélienne, » dit Abed. « J’attends de savoir si l’appel sera accepté ou rejeté. Étant donné son très mauvais état de santé, chaque jour qui passe sans recevoir une réponse de la cour induit un grand risque. »

Un appel contre la détention administrative remet en cause l’utilisation abusive de ce type de détention et conteste donc l’emprisonnement de l’accusé sur cette base. Abed envisage de mettre en avant le très mauvais état de santé d’Omar pour remettre en cause sa détention. Mais l’avocat admet qu’il sera difficile que ce soit pris en considération par le procureur et le juge israélien.

Samira critique fortement le silence de l’Autorité palestinienne [de Ramallah] à propos des prisonniers dans l’hôpital de la prison de Ramleh qui ont refusé la nourriture depuis deux mois et sur la grève de la faim de masse qui a commencé le 17 avril et qui est suivie par environ 2000 prisonniers.

« Je demande à Abou Mazen [Abbas] de prendre position sur cette question, qui est l’un des piliers de notre cause. Il a entamé des négociations avec Israël depuis des années et notre situation n’a fait qu’empirer. Il devrait être en négociation pour faire libérer les prisonniers... faire quelque chose de digne. Je suppose que l’Autorité palestinienne a peur que le mouvement actuel de la grève de la faim ne nuise à ses relations avec Israël. C’est pourquoi ils ont gardé le silence. Qu’y a-t-il de plus à dire au sujet de notre ’leadership’ ? »

Ses yeux deviennent humides lorsqu’on l’interroge sur la mort imminente à laquelle fait face son frère. « Nous espérons que Omar reviendra à la maison bel et bien vivant. Tout ce qui va se passer est écrit par Dieu. Notre foi en Lui est immense. »

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30 avril 2012 - Al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net - Naguib