Les Palestiniennes sont victimes d’intimidations et de violences aux mains des forces de sécurité israéliennes et au sein de leur propre communauté, déclare Amnesty International dans un rapport intitulé "Conflit, occupation et patriarcat : Les femmes portent le fardeau".

Certaines accouchent à des barrages israéliens où on ne les laisse pas passer pour se rendre à l’hôpital, et d’autres succombent à des "crimes d’honneur" commis par des membres de leur propre famille. L’organisation affirme que les habitantes de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont de plus en plus fréquemment victimes de violences, autant de la part des Israéliens que des Palestiniens. "Les Palestiniennes portent le fardeau de l’escalade du conflit, et celui de plusieurs décennies d’occupation israélienne, tandis qu’au sein de la société palestinienne elles sont soumises à un système de lois et de normes qui fait d’elles des membres de seconde zone de la société", affirme Amnesty.

Ce rapport, intitulé "Conflit, occupation et patriarcat : Les femmes portent le fardeau", est publié dans le cadre d’une campagne d’Amnesty contre les violences faites aux femmes.

Il brosse un tableau plutôt sombre.

Les restrictions de déplacement, combinées avec la résurgence de traditions tribales, rendent difficile sinon impossible pour les femmes et les filles dont le comportement est jugé insultant pour leurs familles d’échapper à un crime d’honneur, explique Amnesty. Le délitement de l’Etat de droit dans les secteurs gouvernés par l’Autorité palestinienne signifie en outre que les auteurs de tels crimes demeurent souvent impunis, ajoute l’organisation. "Même s’il n’existe pas de statistiques fiables, les violences contre les femmes au sein de la famille, et notamment les agressions sexuelles, les viols et les crimes d’honneur (...) ont apparemment augmenté depuis quatre ans et demi", souligne Amnesty. "Mais souvent les auteurs de tels crimes n’ont pas été traduits en justice."

ACCOUCHEMENTS SUR LE BORD DE LA ROUTE

Selon Amnesty, plus de 3.200 Palestiniens, dont 600 enfants et 150 femmes, ont été tués par l’armée israélienne au cours de la deuxième intifada palestinienne, tandis qu’un millier d’Israéliens, dont 100 enfants et 200 femmes, ont été tués par des groupes armés palestiniens. Les mesures de sécurité prises par Israël dans les territoires occupés a accru dans des proportions sans précédent la pauvreté, le chômage et les problèmes de santé parmi les Palestiniens, et notamment chez les femmes, souligne Amnesty. "De nombreuses femmes ont été contraintes d’accoucher à des barrages, sur le bord de la route, et plusieurs d’entre elles ont perdu leur bébé parce que des soldats israéliens leur interdisaient le passage", poursuit le rapport.

Amnesty cite un exemple précis, celui de Roula Achtiya, qui s’est vu refuser le passage, le 26 août 2003, au barrage de Beït Fourik, alors qu’elle souhaitait se rendre à Naplouse pour accoucher.

"J’étais étendue par terre, dans la poussière, et j’ai rampé derrière un bloc de béton, près du barrage, pour avoir un peu d’intimité, et j’ai accouché là, dans la poussière, comme un animal", raconte-t-elle, citée par le rapport. "J’ai tenu le bébé dans mes bras, et il a bougé un peu, mais après quelques minutes il est mort dans mes bras." Selon Amnesty, le refus de passer opposé par les soldats à Roula Achtiya viole les conventions de Genève, qui s’appliquent à Israël en tant que puissance occupante dans les territoires.

En conclusion, l’organisation exhorte les autorités israéliennes à lever les barrages et les restrictions de déplacement frappant les Palestiniens. Parallèlement, estime Amnesty, l’appareil de sécurité de l’Autorité palestinienne doit faire en sorte, pour que les femmes ne soient pas victimes de violences et d’intimidations, que les auteurs de tels actes soient traduits en justice.

Reuters - Rapport d’Amnesty international -
jeudi 31 mars 2005, 7h04
http://fr.news.yahoo.com/050331/290...