La nouvelle Libye souffre aujourd’hui de l’aggravation de la corruption, du détournement des fonds publics, du contrôle des milices sur la situation sécuritaire du pays et sur la carte politique, des rivalités de plus en plus fortes entre les régions et de la faiblesse du Conseil national de transition - incapbale de contrôler la majeure partie du pays.

La dernière controverse consiste à savoir comment Al-Hajj Bashir Saleh, directeur du bureau du colonel Mouammar al-Kadhafi, a pu s’échapper vers Paris, emmenant avec lui de grandes quantités d’argent et de nombreux secrets.

Magouilles sarkoziennes

Salih, qui était le confident du colonel Al-Kadhafi et qui partageait ses secrets personnels et politiques, avait en réalité été arrêté par les brigades Al-Zantan. Mais Sarkozy est intervenu pour le faire libérer, et a envoyé un avion privé en Tunisie, pour le conduire à Paris pour y être reçu avec les honneurs.

Est-ce parce que Salih a supervisé des investissements énormes et des actifs financiers qui sont estimés par certaines personnes à plus de 10 milliards de dollars investis en Afrique et sur les marchés financiers (stocks et dépôts financiers) en Europe et en particulier dans les banques suisses ?

Encore plus grave, c’est que Salih veut revenir à la vie politique par le biais des brigades Al-Zantan. Il a réussi à consolider les relations de leurs commandants avec la France et son président, et les a aidés à mettre en place un parti politique qui se présentera dans toutes les élections futures.

Celui qui possède deux choses fondamentales dans la nouvelle Libye peut faire ce qu’il veut, à savoir, l’argent et des armes. L’argent est ce qui a permis à Salih de se rendre à Paris sans avoir à rendre le moindre compte, et les armes sont ce qui définit actuellement le pouvoir dans la plupart des villes libyennes et décide du sort du pays.

Le peuple libyen, qui a souffert pendant longtemps sous un régime dictatorial corrompu, est désormais victime de beaucoup de mensonges et de tromperies qui tentent de dissimuler les crimes qui sont commis et d’éliminer son espoir de stabilité et d’un avenir meilleur.

L’argent du peuple libyen se fait voler en plein jour et la sécurité et la stabilité sont dispersées par le vent. La faiblesse de leur Conseil national (CNT) augmente de jour en jour, et il n’y a aucune direction alternative capable de diriger le navire.

Les « Amis de la Libye » se sont évaporés, maintenant qu’ils sont assurés de l’écoulement du pétrole et de ses revenus dans leurs poches, que ce soit directement ou indirectement. Certains ont donné libre cours à leur haine et ont pris sa revanche sur le régime précédent et ses dirigeants.

Le peuple libyen est la victime : victime de ses soi-disant amis, victime de ceux qui ont kidnappé sa révolution et vendu son avenir. Nous pensons que la Libye a besoin d’une seconde révolution qui serve réellement les intérêts du peuple libyen, sans ingérences étrangères.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.

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29 février 2012 - Vous pouvez consulter cet article à :
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Traduction : Info-Palestine.net