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L’impasse israélo-palestinienne au sommet de Riyad

mercredi 28 mars 2007 - 14h:26

Gilles Paris - Le Monde

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Le sommet de la Ligue arabe, organisé les mercredi 28 et jeudi 29 mars à Riyad, va consacrer l’Arabie saoudite comme principale puissance arabe. Il couronne l’intense activité diplomatique déployée par le royaume depuis le début de l’année sur les quatre principaux dossiers du Moyen et du Proche-Orient : l’échec irakien, les ambitions de la République islamique d’Iran, la crise libanaise et l’impasse israélo-palestinienne.

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Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas , avec le roi Abdallah à son arrivée à l’aéroport de Riyad, le 27 mars 2007 (AFP/Hassan Ammar)

Sur ce dernier point, l’apport saoudien a été déterminant. N’étant ni lié diplomatiquement à Israël, ni dépendant financièrement des Etats-Unis, doté au contraire des arguments procurés par les prix élevés du pétrole et enfin "Protecteur des lieux saints", le roi Abdallah est parvenu à forcer les deux principales factions palestiniennes - le Fatah et le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) - à s’entendre le 8 février, à La Mecque, pour constituer un gouvernement d’union nationale auquel Washington était d’abord hostile.

L’unité arabe sera aussi au rendez-vous à Riyad (à l’exception de la Libye, absente) sur la question des relations avec Israël. La Ligue arabe va en effet réaffirmer son attachement à une initiative lancée il y a cinq ans par le roi Abdallah, alors prince héritier, et adoptée en mars 2002 lors du sommet de Beyrouth. Cette initiative prévoit une normalisation complète des relations des pays arabes avec Israël en échange d’un accord avec les Palestiniens. Le gouvernement israélien, qui l’avait repoussée cavalièrement en 2002, s’est dit prêt à la réexaminer à condition qu’elle soit modifiée dans le sens de ses intérêts.

A la veille de l’ouverture du sommet, le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, recevant des journalistes, a souligné que cette quasi-unanimité constitue une situation "totalement nouvelle". "Il s’agit d’une proposition claire et simple", à l’opposé de la "feuille de route" (un plan de paix international) "qui ne va nulle part", et qui impose, selon lui, une réponse d’Israël sur les principaux points de blocage : le sort de Jérusalem, les frontières et les réfugiés.

Ces points doivent faire l’objet de pourparlers bilatéraux sur la base de l’initiative qui renvoie aux principales résolutions de l’ONU adoptées sur le sujet. Excluant toute réécriture du texte, le prince Saoud a rappelé que cette initiative concerne "toutes les terres" occupées à la suite de la guerre de 1967 et notamment l’évacuation du Golan syrien par l’Etat juif.

Le consensus arabe que le chef du bureau politique du Hamas, KhaledMechaal, qui multiplie désormais les visites à Riyad, s’est engagé à "respecter", devrait être moins assuré sur les autres conflits de la région. Si le prince Saoud se déclare convaincu que la question palestinienne est "au c ?ur" des problèmes de la région, il ne peut que déplorer le blocage politique au Liban, matérialisé par l’envoi de deux délégations rivales. "C’est un cauchemar, surtout pour les Libanais." Il en va de même pour l’Irak. "Le gouvernement irakien", contrôlé par la majorité chiite, "doit encore apporter la preuve qu’il est le gouvernement de tous les Irakiens", indique-t-il. Ce n’est qu’à ce prix, selon le prince, qu’il pourra parvenir à dissocier au sein des groupes armés sunnites ce qui découle de la "résistance" de ce qui relève du "terrorisme".

Le sommet devrait également refléter la perplexité, voire l’inquiétude arabe, suscitée par l’activisme iranien. "Nous leur parlons beaucoup, pour qu’ils comprennent qu’ils doivent prendre en compte les intérêts de tous", insiste le prince. "Pourquoi cette hâte qui exacerbe la situation ?", s’interroge-t-il à propos du programme nucléaire que le régime de Téhéran entend développer en dépit des sanctions internationales. "Nous leur avons fait une proposition de consortium pour l’enrichissement de l’uranium, afin qu’ils ne soient pas dépendants du bon vouloir occidental", indique le ministre des affaires étrangères saoudien, qui se déclare favorable à un Proche et un Moyen-Orient débarrassés d’armes de destruction massive, "sans aucune exception", y compris Israël.

"Il faut que nous montrions que nous sommes capables de régler nous-mêmes nos problèmes et qu’il est plus compliqué de s’en remettre à d’autres", espère le chef de la diplomatie saoudienne. Le sommet de Riyad devrait cependant montrer que ce v ?u est encore loin d’être exaucé.

Le plan de paix de 2002

Le 28 mars 2002, la Ligue arabe adopte à l’unanimité "l’initiative de paix" proposée par l’Arabie saoudite. Elle prévoit :

Le retrait total des territoires arabes occupés, dont le Liban sud et le Golan syrien, jusqu’aux lignes de 1967.

Une solution juste du problème des réfugiés palestiniens en conformité avec la résolution 194 de l’ONU qui prévoit le dédommagement des réfugiés et leur droit au retour.

L’acceptation d’un Etat palestinien indépendant et souverain sur les territoires occupés en 1967, en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capitale.

La Ligue arabe promet en échange :

Un accord de paix avec Israël, en garantissant la sécurité de tous les Etats de la région. Et l’établissement de relations normales dans le cadre de cette paix globale.

Gilles Paris, envoyé spécial à Riyad - Le Monde, le 28 mars 2007

Par le même auteur :
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