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Egypte : appui populaire grandissant pour les manifestants de la place Tahrir

jeudi 22 décembre 2011 - 09h:14

Serene Assir

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Un appui du public pour les manifestants qui exigentla fin du régime militaire commence à apparaître, en dépit d’une répression féroce doublée d’une campagne de presse destinée à faire percevoir les militants comme des voyous.

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Des femmes égyptiennes portent des pancartes lors d’une manifestation au centre du Caire, le 20 décembre 2011, pour dénoncer les attaques de l’armée contre les femmes et pour appeler à une fin immédiate de la violence contre les manifestants - Photo : AFP/Khaled Desouki

Le Caire - Le Conseil suprême des Forces armées (SCAF) a lancé une campagne médiatique intense ces derniers mois pour diffamer les manifestants qui exigent que le pouvoir de l’armée soit remis à un gouvernement civil. Cette croisade a atteint de nouveaux sommets lundi Décembre 19, lorsque Général Adel Emara, du SCAF, a déclaré aux journalistes que les manifestants voulaient la ruine Egypte.

Emara a affirmé que les manifestants étaient responsables de la répression menée par les forces de sécurité militaires et policières. Mais ses prétentions font pâle figure face aux preuves, diffusées principalement par les canaux des médias sociaux, selon lesquelles les jeunes avaient en fait été victimes d’une violence excessive, surtout ce vendredi et ce lundi matin.

La violence était telle dans les premières heures de lundi, lorsque quatre personnes ont été abattues - selon des sources médicales sur la place Tahrir - que l’humeur du public a commencé à montrer les signes d’un changement. De façon tout à fait symbolique, les dénonciations de la cruelle répression lancée par l’armée contre les protestations au centre du Caire, ont lieu à l’endroit même où a été organisé la première manifestation en 2005 appelant à la chute de l’ancien président Hosni Moubarak.

Alors que l’armée égyptienne s’est violemment affronté sur la place Tahrir, aux manifestants pour la quatrième journée consécutive, plus de 300 personnes se sont rassemblées lundi à l’entrée de la Cour suprême égyptien pour dénoncer l’utilisation cynique et injustifiée de la force armée. Ils ont également exigé que SCAF cède immédiatement le pouvoir à un gouvernement civil, faisant ainsi écho aux appels manifestants de la place Tahrir.

Parmi ceux qui étaient à l’extérieur de la Cour suprême se trouvaient environs 40 députés et hommes politiques, selon journal égyptien indépendant Al-Masry Al-Youm. Ils ont débuté un sit-in en appui aux manifestants de Tahrir. « C’est juste la première étape », a déclaré Shady Ghazali Harb, le responsable du Parti Waai.

« Nous sommes ici pour défendre les jeunes de Tahrir », a ajouté Ghazali Harb, qui s’est fait connaître lors de la révolution du 25 janvier. « Nous pouvons aller bientôt à la place Tahrir. C’est important pour nous d’aider les Egyptiens qui sont mal informés à comprendre ce qui se passe réellement. Nous sommes donc là pour faire entendre notre voix. »

La foule en face de la cour a grandi tard dans la journée lorsque les manifestants venus depuis l’Université du Caire sont arrivés. « Le régime militaire est honteux et insultant ! », scandaient les manifestants. « Nous sommes les enfants du pain et la liberté. Ils nous appellent infiltrés ! »

Le vétéran de l’action de rue, Kamal Abou Aïta, président de la Fédération des syndicats indépendants, a déclaré : « Il est crucial que nous aidions à briser la barrière fictive que le SCAF a mise en place entre les révolutionnaires et les manifestants. Toute la population égyptienne a pris part à la révolution et la révolution est en cours. »

Abou Aïta pense qu’il ne faudra pas longtemps pour que les demandes des manifestants soient remplies. « À ce jour, toutes les demandes des jeunes ont été respectées », a-t-il dit. « Demain, nous organisons une réunion avec les syndicats pour voir comment nous pouvons agir afin de mettre un terme à cette crise. »

D’autres gouvernorats en Egypte ont également commencé à se mobiliser. Tareq Ezzat, un jeune militant de Suez, est venu au Caire en solidarité avec les manifestants de la place Tahrir. « Nous devons soutenir nos frères révolutionnaires ici », a déclaré Ezzat. « Je peux garantir que dans quelques heures, une décision sera prise à Suez d’agir rapidement. Et si on se déplace de Suez, le SCAF devra remettre le pouvoir à un gouvernement de transition civil. » Si les habitants de Suez prennent des mesures dans les prochains jours, d’autres gouvernorats pourraient suivre, selon les tendances constatées au cours des 10 derniers mois.

Certains ont tracé des parallèles entre les événements récents et ceux du 28 janvie, étant donné le total black-out médiatique imposé par l’armée sur la place Tahrir dans les premières heures de lundi. Sous le couvert de l’obscurité, des snipers ont tiré dans la foule et une attaque armée féroce a fait quatre morts et de nombreux blessés en une seule nuit.

Le sentiment d’espoir que les militants transmettent n’a pas été sans un aspect plus sombre. La douleur intense après à la mort de quatre personnes seulement en une nuit, prouve que le sens des responsabilités et la nécessité d’une solution immédiate sont plus forts que jamais. Mais ceux qui protestent devant la Cour suprême, sont relativement peu nombreux à être réellement prêts à aller pour la place Tahrir, malgré le fait qu’elle était tout proche.

« Ce qui est clair pour nous, c’est le fait que nous ne pouvons pas gagner simplement en restant sur place, ou en attendant une solution qui apparaisse toute seule », a déclaré Ezzat. « Il y a des signes certains que les choses évoluent rapidement. J’espère seulement que nous sommes collectivement suffisamment responsables pour faire ce qui s’impose, et cesser de réagir au coup par coup. »

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20 décembre 2011 - al-Akhbar - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.al-akhbar.com/conten...
Traduction : Info-Palestine.net Nazem


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