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Le ministre du Travail de l’AP : “Notre projet est de nous développer, pas d’être aidés”

vendredi 5 mai 2006 - 15h:00

Mohammad Barghouthi, ministre du Travail palestinien

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Tous les travailleurs dans le monde, et en Palestine, ont célébré le Premier mai. Ceux de Palestine subissent le chômage à cause des opérations militaires israéliennes et des checkpoints qui les empêchent de gagner leur vie.

Amin Abu Warda - Palestine News Network - a interviewé Mohammad Barghouthi, ministre du Travail palestinien.

Quels sont vos projets pour le développement de l’économie palestinienne et pour les salariés ?

L’économie palestinienne est très faible et elle souffre de défaillances persistantes à cause des opérations militaires israéliennes et des bouclages.

Nous discutons des moyens pour réduire les crises auxquelles les travailleurs palestiniens sont confrontés et des projets immédiats d’interventions.

Le programme pour l’emploi a été détourné de son objectif initial, il est devenu un programme d’aides. Nous voulons que ce programme assure notre développement afin de donner du travail au lieu de faire la charité. Nous devons aussi nous concentrer sur des projets moins importants, surtout dans le secteur agricole, l’agriculture étant l’un de nos principaux moyens de subsistances dans les Territoires palestiniens. Pour l’avenir, nos projets visent à soutenir les diplômés d’universités, en plus du développement de l’agriculture et de l’incitation aux investissements privés en Palestine.

Comment envisagez-vous de traiter le problème du chômage dans les Territoires palestiniens ?

Le chômage est un problème mondial, mais en Palestine, nous connaissons une situation particulière, nous avons un nombre croissant de demandeurs d’emplois à cause du mur d’annexion israélien, des bouclages continuels et des violations de l’armée.

Une économie forte requiert la stabilité et des investissements en plus de relations régionales et internationales mais nous n’avons rien de cela, l’économie palestinienne est détruite et les Territoires palestiniens sont complètement isolés du reste du monde.

Nos dernières statistiques chiffraient à 200 000 le nombre de résidents sans emploi officiellement, 400 000 autres sont enregistrés comme demandeurs d’emploi dans les services du ministère du Travail.

Le ministère, dans les circonstances actuelles, ne peut régler le problème du chômage sans la coopération entière du secteur privé, des pays arabes et islamiques.

Il y a un grand nombre de Palestiniens qui ont l’habitude de travailler en Israël ; que fait le ministère pour les aider, quels rapports entretenez-vous avec les Palestiniens qui travaillent dans les colonies et en Israël ?

Nous avons un secteur chargé de la question des droits des salariés, et nous faisons face à d’énormes difficultés pour traiter tous les cas étant donné que les salariés n’ont pas de travail fixe et que les employeurs israéliens ne reconnaissent pas les droits des salariés palestiniens, les tribunaux israéliens également ne font pas respecter leurs droits.

Pour remplacer le travail dans les colonies et en Israël, il faudrait fournir à ces salariés des emplois dans les Territoires, or l’Autorité palestinienne n’est pas en mesure de leur donner, on ne peut donc pas leur demander d’arrêter de travailler en Israël et dans les colonies.

Seriez-vous prêts à agir de façon coordonnée avec les syndicats israéliens ou avec les Israéliens en général ?

Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n’avions aucun problème pour de telles coopérations, sauf si cela signifie entériner l’occupation.

Qu’envisagez-vous comme aide aux diplômés universitaires ?

Nous avions projeté de leur proposer 10 000 offres d’emplois mais la situation est différente maintenant, nous avons des organismes privés ou gouvernementaux capables de les employer.

Nous avons aussi renouvelé les contrats de 760 employés intérimaires, des coordinateurs et des chercheurs de terrain. Le ministère assure aussi la formation professionnelle de 3 000 étudiants, organisant une session dès que nous avons atteint ce nombre de demandeurs. Le ministère de l’Education est sollicité pour assurer les spécialités nécessaires.

Comment envisagez-vous les rapports entre votre ministère et les syndicats de salariés ?

Nous traitons avec eux d’une façon claire et pratique, nous espérons être capables d’unifier les syndicats par l’adoption d’une nouvelle loi qui fusionnerait ces organisations afin de travailler tous ensemble et d’aider les salariés d’une manière plus efficace.

Quels sont les principaux obstacles auxquels votre ministère est confronté ?

Nous connaissons une situation économique très difficile depuis de nombreuses années, nous manquons aussi d’infrastructures depuis qu’Israël a endommagé les installations palestiniennes tout au long des années d’Intifada. Nous devons mettre en application les lois qui garantissent la protection, les retraites et les droits des travailleurs. Nous avons besoin aussi de lois pour réglementer le travail des syndicats afin de soutenir le droit du travail.

Il y a beaucoup de lois qui n’ont pas encore été votées par le conseil législatif. Nous sommes dans une phase fondamentale de reconstruction de notre économie et de notre législation.

Que pensez-vous des produits importés qui remplissent les marchés palestiniens ?

Nous devons établir un équilibre entre les intérêts des gens et ceux des salariés ; notre économie est totalement dépendante d’Israël, les Israéliens contrôlent toujours notre économie, nos déplacements et les frontières, en plus de leur politique d’isolement des Territoires palestiniens.

Dans combien de temps pensez-vous pouvoir créer des « Tribunaux du travail » ?

Les Tribunaux du travail sont un projet qui n’a encore jamais vu le jour, ces tribunaux sont très importants pour les salariés, surtout maintenant que les tribunaux de droit commun mettraient des années à juger, avec au bout des années, la perte des droits pour l’avocat. Nous devons faire respecter la loi pour garantir le droit des salariés.

Quels commentaires faites-vous sur les pressions pratiquées contre le gouvernement palestinien ?

Notre gouvernement a beaucoup de problèmes, nous ne pouvons pas payer les salaires de nos employés ni fournir aux citoyens les services dont ils ont besoin. Ou nous réussissons et prouverons au monde nos capacités en dépit de la situation actuelle, ou nous échouons, mais si nous échouons, le monde entier saura que nous n’avons jamais trahi nos principes ni faibli.

Que la volonté de Dieu soit faite, nous réussirons avec l’aide de nos amis, de nos frères et notre peuple. Nous resterons déterminés et nous relèverons tous les défis, unis et forts.

Mercredi 3 mais 2006 - Traduit de l’arabe par Saed Bannoura
http://www.imemc.org/content/view/1...
Traduction de l’anglais : JPP


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