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Le « processus de paix » a la tête sous l’eau

mardi 25 octobre 2011 - 06h:25

Khaled Amayreh

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L’annonce de nouveaux projets de construction de colonies par Israël continue de saper les espoirs de voir reprendre les pourparlers de paix avec l’Autorité Palestinienne.

Apparemment déterminé à saper les efforts renouvelés du Quartet International pour encourager la reprise des pourparlers de paix entre Israël et l’Autorité Palestinienne (AP), le gouvernement israélien vient de faire part de sa décision de construire une grande colonie au sud de Jérusalem en Cisjordanie occupée.

La nouvelle colonie, qui comprendra des milliers de maisons, a pour but de créer une barrière démographique irréversible entre Jérusalem Est, la Jérusalem arabe, et la région de Bethlehem qui comprend les villes palestiniennes de Bethlehem, Beit Jala et Beit Sahur ainsi que des douzaines de petites villes et villages.

La semaine dernière, le premier ministre Binyamin Netanyahou a annoncé la nomination d’un panel qui aura pour mission de "légaliser" les colonies et les avant-postes coloniaux construits illégalement sur des terres palestiniennes privées. Selon le droit international, toutes les colonies juives établies en terre occupée depuis 1967 sont illégales.

La nouvelle colonie au nord de Bethlehem comportera 2610 logements. Selon des sources israéliennes, le nouveau "quartier" encerclera étroitement Jérusalem Est et le coupera, du point de vue démographique, du reste de la Cisjordanie. En d’autres termes, la nouvelle colonie anéantira encore davantage les espoirs palestiniens de faire de Jérusalem Est la capitale d’un futur — et de plus en plus illusoire — état palestinien.

Le cartographe palestinien, Khalil Tufakji, dit qu’Israël a l’intention de construire au moins 5000 logements sur de la terre arabe confisquée coupant ainsi Bethlehem et ses alentours des villages et villes de Jérusalem, soit Beit Safafa, Shofat, Sur Baher et Ain Tuba.

Selon les médias israéliens, la décision de construire cette nouvelle colonie juive a été prise au moment où les efforts du Quartet International (USA, UE, Russie et ONU) pour redémarrer le processus de paix étaient les plus importants. Dans sa proposition, le Quartet stipulait qu’aucun des deux camps ne devrait prendre des mesures susceptibles de porter préjudice à l’accord sur le statut final.

Les membres du Quartet ont dénoncé la décision israélienne. Cependant, Israël se moque pas mal des reproches verbaux.

Au début de la semaine, les diplomates du Quartet ont dit qu’ils allaient rencontrer séparément les officiels palestiniens et israéliens dans l’espoir de ranimer les pourparlers, qui sont au point mort, entre les deux camps. Mark Toner, un porte-parole du Département d’Etat des USA a dit que les diplomates du Quartet essayaient de mettre en place un programme de reprise des négociations.

Entre autres choses, les propositions du Quartet pour reprendre le processus de paix entre Israël et l’Autorité Palestinienne (PA) incluent la clause que la reprise des pourparlers serait basée sur le projet ("roadmap") mis au point par la précédente administration Bush.

Le document, qui a été accepté à contre-coeur par Israël, demande aux deux camps de s’abstenir d’actes unilatéraux qui pourraient peser sur l’issue des pourparlers de paix. Il demande aussi à Israël de s’abstenir d’agrandir les colonies juives, y compris pour la soi-disant "croissance naturelle".

Cependant Israël n’a jamais vraiment respecté le document et a continué à construire des colonies partout dans les territoires occupés et en particulier dans Jérusalem Est.

Le gouvernement de Netanyahou a fait preuve de duplicité en disant qu’il acceptait les dernières propositions du Quartet. En effet la récente décision israélienne de construire plus de colonies en Cisjordanie montre que son accord n’est probablement qu’une ruse destinée à faire échouer les efforts palestiniens pour obtenir de l’ONU la reconnaissance d’un futur état palestinien.

Jusqu’ici, l’AP n’a pas réussi à prendre une position claire par rapport aux propositions du Quartet. Les officiels de l’AP ont réagi favorablement en disant que les propositions contenaient des éléments encourageants. Mais ils ne se sont pas avancés davantage.

Quant à Mahmoud Abbas, le président de l’AP, il a dit que son gouvernement n’accepterait les propositions du Quartet que si Israël acceptait de geler la construction des colonies et de reconnaître les frontières de 1967 comme base des négociations.

Dans le discours qu’il a fait à Ramallah le mardi 18 octobre pour accueillir des dizaines de prisonniers palestiniens libérés par Israël lors de l’échange de prisonniers entre Tel Aviv et le Hamas, Abbas a dit : "Les prochains pourparlers porteront sur un Etat dans les frontières de 1967."

Abbas a aussi révélé que "Il y aura bientôt un autre accord concernant les prisonniers. Je ne trahirai pas de secret en vous disant qu’il y aura un autre accord du même genre. Nous demandons aux Israéliens de respecter leurs engagements, si tant est qu’ils prennent vraiment ces engagements au sérieux".

Selon des observateurs se trouvant dans les territoires palestiniens, Abbas fait l’objet d’une énorme pression de la part du peuple palestinien qui attend des résultats politiques tangibles, surtout depuis que le Hamas s’est fait une énorme publicité en parvenant à un accord avec Israël pour que soient libérés des prisonniers en échange de Gilad Shalit.

De fait, comme Abbas est incapable d’obtenir quoi que ce soit d’Israël, ni la libération de prisonniers de longue durée du Fatah, comme Marwan Barghouti, ni le gel des incessantes constructions dans les colonies juives, les Palestiniens ne risquent pas de lui laisser une période de grâce pour prouver la validité de sa ligne politique, à savoir davantage de négociations.

L’avenir est sombre d’autant que les experts en Israël et en Palestine occupée sont tous à peu près d’accord pour dire que, en dehors du fait que le Quartet parvienne ou non à rétablir les négociations, la réalité sur le terrain a rendu le processus de paix caduque dans la mesure où l’instauration d’un Etat palestinien viable et d’un seul tenant en Cisjordanie est d’ors et déjà devenue virtuellement impossible.

Cela est dû principalement à la prolifération de colonies juives qu’aucun gouvernement israélien actuel ou futur n’acceptera de démanteler pour évacuer des centaines de milliers de colons juifs établis dans les colonies de Cisjordanie.

L’avenir est d’autant plus sombre que le gouvernement des USA se montre incapable de résister à la pression — pour ne pas dire à l’étranglement — des lobbys pro-israéliens de Washington, qui s’assurent qu’Israël puisse bénéficier du soutien des principales superpuissances de la planète (même si celles-ci sont déclinantes).

Du même auteur :

- Une victoire de la résistance - 17 octobre 2011
- Après septembre - 12 octobre 2011
- A Abbas : ne bougez pas face aux pressions américaines - 29 septembre 2011
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- Les Palestiniens réaffirment le droit au retour - 6 juin 2011

20 octobre 2011 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2011/106...
Traduction de l’anglais : Dominique Muselet


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