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Ceux qui sortent et ceux qui sont encore en prison

jeudi 20 octobre 2011 - 08h:19

José Luis Moraguès - CCIPPP

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L’annonce de la libération prochaine de 1027 prisonniers palestiniens contre un soldat israélien et la libération effective le 18 octobre 2011 de 447 palestiniens est une grande victoire pour le peuple palestinien.

En raison du nombre élevé obtenu dans l’échange mais aussi parce que sont libérés des prisonniers issus des territoires occupés en 48 et des prisonniers d’Al-Qods, ce qu’Israël avait refusé depuis la dernière opération d’échange en 1985, al-Nawras. Après l’échec moral et militaire de l’armée israélienne en 2006 au Liban, c’est au tour des services secrets israéliens (Shinbet et Mossad) d’essuyer un échec cinglant : en 5 ans ils n’ont pas réussi à percer les rangs de la résistance palestinienne.

Il ne fait aucun doute que le rôle de la nouvelle Égypte et le poids des révolutions du Monde arabe ont été déterminants dans les négociations.

Mais les politiques français et les grands médias ne se soucient pas des Palestiniens. Au lendemain des échanges, 1789 occurrences sur Google titrent sur la libération du soldat israélien. Appelé de son nom, de son prénom, décrit dans son entourage familial etc. comme si c’était quelqu’un de notre famille ! Ce qui n’empêche pas Le Figaro de titrer « Le Hamas met en scène la libération des prisonniers » !

Au prétexte qu’il a une grand-mère française et la nationalité française, ce soldat israélien capturé, en train de faire la guerre, dans son char, par un groupe de résistants palestiniens est transmuté en « otage français » au même titre que la dizaine d’otages journalistes et autres civils de par le monde qui sont mentionnés chaque soir en fin de JT. Le soutien à la politique coloniale de l’État d’Israël est à ce point installé dans l’État français et les médias dominants qu’il en devient une seconde nature. On ne compte plus les municipalités de droite comme de gauche (PS) qui ont affiché des portraits géants du soldat israélien et ont réclamé sa libération. Et on peut s’attendre à des réjouissances des mêmes pour sa libération.

A l’inverse silence radio total sur l’étudiant franco-palestinien Salah Hamouri qui n’a commis aucun délit (!) et qui est emprisonné depuis 6 ans par Israël.

Bien plus grave, aucune de ces grandes âmes, si sensibles quand il s’agit du sort d’un soldat membre d’une armée coloniale criminelle condamnée pour crime de guerre, n’a manifesté le moindre soutien aux milliers de prisonniers politiques palestiniens qui au mépris des conventions de Genève sont emprisonnés en Israël.

Depuis 1967, Israël a emprisonné plus de 700 000 Palestiniens (hommes femmes et enfants) soit 20% de la population. Fin août 2011 le PCHR (organisation palestinienne des droits de l’Homme) annonce qu’il y a plus de 6000 prisonniers palestiniens dont 272 en détention administrative, c’est à dire sans accusation ni procès de la façon la plus arbitraire et illégale qui soit.

Depuis septembre 2000, Israël a arrêté et emprisonné plus de 7000 enfants palestiniens. En août 2011, il y avait 180 mineurs palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Parmi eux, 34 avaient entre 12 et 15 ans. l’infraction la plus courante est le lancement de pierres et de cocktails Molotov ; dans la plupart des cas, aucune pierre n’a été véritablement lancée, ou l’a été sans toucher de cible, ou sans causer de dommage ; en aucun cas, en provoquant un grave préjudice ;

- dans 94 % des cas, les enfants ont été détenus en détention préventive et n’ont pas été libérés sous caution ;

- dans 100 % des cas, les enfants ont été reconnus coupables d’une infraction ;

- 87 % des enfants ont été soumis à une forme ou une autre de violence physique pendant leur détention.

Dans son rapport annuel de 2011 le même rapport d’Amnesty International indique : « Les allégations répétées de tortures et autres mauvais traitements, y compris sur des enfants, sont fréquemment relevées. Parmi les méthodes les plus couramment citées, il y a les coups, les menaces auprès des détenus et de leurs familles, les privations de sommeil et l’imposition de postures douloureuses pendant de longs moments. Des aveux qui auraient été obtenus sous la contrainte ont été acceptés comme preuve par des tribunaux militaires et civils israéliens ».

Par contre le soldat israélien a déclaré en toute liberté à la TV égyptienne avoir été bien traité.

Alors qu’il n’y a plus un seul soldat israélien détenu par les Palestiniens, il reste encore plus de 5000 civils (hommes et femmes) détenus dans les prisons israéliennes. Le 27 septembre, 50 prisonniers palestiniens entamaient une grève de la faim illimitée pour protester contre les conditions d’incarcération. Initiée par des prisonniers du FPLP, dont le secrétaire général Ahmad Saadat soumis à l’isolement individuel depuis près de deux ans. Les grévistes sont aujourd’hui plus de 2000. Parmi eux, Ahmad Saadat, chef de file du FPLP et gréviste de la faim vient d’être hospitalisé.

JLM. CCIPPP34

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19 octobre 2011 - Diffusé par l’auteur


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