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Barhain : torturés et condamnés à la prison pour avoir soigné des manifestants

vendredi 30 septembre 2011 - 12h:17

Martin Chulov - The Guardian

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Vingt médecins bahreïni qui ont soigné les militants blessés pendant les manifestations antigouvernementales ont été emprisonnés pour entre cinq et 15 ans, dans des jugements qui ont été immédiatement dénoncés par les instances médicales et les groupes de de défense des droits humains à travers le monde.

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Hôpital Salmaniya le 15 mars 2011 - La police du Bahrain fait usage d’armes de chasse pour s’attaquer aux manifestants - Photo : AFP

Les peines ont été prononcées par un tribunal militaire mis en place pour organiser les procès, suite à la révolte inspirée du printemps arabe et qui a secoué le pays en février et mars de cette année. Cette révolte a été écrasée avec l’aide des armées de l’Arabie saoudite et les Etats du Golfe. Treize des médecins et infirmières condamnés ont reçu des peines de 15 ans de prison, tandis que sept autres ont reçu des peines de cinq à 10 ans.

Tous les accusés ont été inculpés sous l’accusation d’avoir commis des crimes contre l’Etat lors du soulèvement, qu’ils affirment avoir été pacifique et d’inspiration populaire.

La plupart ont travaillé au Centre médical Salmaniya à Manama, qui est devenu un lieu important dans la révolte dans le minuscule royaume du Golfe. Les représentants du gouvernement prétendaient qu’il avait été transformé en une base pour un complot visant à renverser la monarchie vieille de 200 ans.

Les accusations formulées sont le vol de médicaments, la possession d’armes et l’occupation d’un hôpital gouvernemental. Les médecins ont également été accusés « d’incitation à la haine et à l’insulte contre le régime, de fomenter la haine contre une autre secte et d’entraver la mise en ?uvre de la loi, de détruire des biens publics et de prendre part à des rassemblements visant à compromettre la sécurité générale et à commettre des crimes. »

Les médecins, qui ont tous nié ces accusations, ont été parmi des dizaines d’autres arrêtés pour avoir rejoint les protestations dirigées par la majorité chiite du Bahreïn contre le gouvernement dirigé par le pouvoir minoritaire sunnite dans le pays.

Les protestations ont été rapidement brisées par le gouvernement de Bahreïn et dénoncées comme un complot sectaire commandité par l’Iran. La répression qui a suivi les manifestations ont conduit à l’imposition de la loi martiale et l’envoi de troupes par le conseil de coopération du Golfe.

Amnesty International a présenté ces condamnations comme absurdes. « Il semble que la véritable raison pour cibler ces travailleurs de la santé a été le fait qu’ils aient dénoncé la répression du gouvernement contre des manifestants dans des interviews aux médias internationaux », a déclaré Philip Luther, représentant de l’organisation pour l’Afrique et le Moyen-Orient. « Le gouvernement en place veut clairement envoyer un message disant que tous ceux qui seront perçus comme prônant des réformes politiques seront sévèrement punis. »

William Hague, le secrétaire britannique pour les Affaires étrangères, s’est joint à la condamnation internationale. « Ces jugements semblent disproportionnés par rapport aux accusations portées », a-t-il dit. « Ce sont des développements inquiétants qui pourraient nuire aux initiatives du gouvernement de Bahreïn pour le dialogue et la réforme nécessaire pour la stabilité à long terme à Bahreïn. » [On admirera les formules ampoulées, alambiquées, typiques du langage de faux-culs qui a cours dans les chancelleries européennes lorsqu’il s’agit d’éviter de condamner clairement de tels dénis de justice. Mais il est vrai que la Grande-Bretagne vend des armes au Bahrein et que celui-ci héberge la 5e flotte militaire américaine... - N.d.T.]

Plusieurs de ces médecins, interrogés par le Guardian cette année, affirment qu’ils ont été précipités dans un rôle politique par une répression de plus en plus violente exercée par les troupes gouvernementales à la mi-février au moment de l’expulsion les manifestants du centre de Manama - un rond-point connu sous le nom de Pearl Square.

Un médecin qui a été condamné a déclaré jeudi que les événements du 17 février - un assaut particulièrement sauvage sur le rond-point - avait changé la nature de l’insurrection.

« Ce jour a changé ma vie », a déclaré la femme médecin. « Je me sentais mal de voir mon propre peuple traité comme des animaux. »

« En avril, mes craintes se sont confirmées et j’ai été enlevée de ma maison par plus de 30 hommes masqués armés de fusils, en face de mon fils que j’ai dû laisser seul. »

« J’ai été abusé physiquement et émotionnellement, les yeux bandés et menottés. Ils m’ont battue à coups de poings et de pieds, et avec un tuyau. On m’a fait subir des chocs électriques. Ils ont menacé de me violer. Ils ont menacé de me tuer pour que je confesse de fausses accusations. J’ai été harcelée sexuellement et humiliée. »

[...]

Dans un autre jugement devant le tribunal militaire, un homme a été condamné à mort, accusé du meurtre d’un policier. Les sentences sont tombées un jour après que le tribunal ait reçu l’appel lancé par 21 militants, dont de hauts responsables du bloc principal parti d’opposition, Al-Wefaq, contre les condamnations à la prison à vie reçues sous l’accusation de complot pour renverser la monarchie.

Environ 30 personnes ont été tuées dans une série d’affrontements avec les forces de répression cette année. Au moins 1000 personnes ont été arrêtées. Le dictateur du Bahreïn, Sheikh Hamad bin Isa Al Khalifa, a cet été appelé au dialogue. Cela a été rapidement boycotté par les groupes d’opposition.

Il a également annoncé une commission d’enquête sur les accusations de massive discrimination contre la majorité chiite du pays, laquelle est exclue d’une grande partie des institutions.

Des centaines de chiites qui avaient participé aux manifestations pro-démocratie en février se sont plaints qu’ils avaient depuis été licenciés ou suspendus de leur emploi, tant dans le secteur privé que public.

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30 septembre 2011 - The Guardian - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.guardian.co.uk/world/201...
Traduction : Info-Palestine.net


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