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Le régime syrien ne recule pas devant les prises d’otage

mercredi 21 septembre 2011 - 17h:05

Le Monde/ Blog Un oeil sur la Syrie

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La prise d’otages a été utilisée avec un acharnement et une cruauté particulières au cours des derniers mois contre la famille du lieutenant-colonel Huseïn Harmouch.

La prise en otage de citoyens innocents, une pratique couramment utilisée par les moukhabarat au début des années 1980, lorsque le régime de Hafez Al Assad cherchait par tous les moyens à éliminer de la scène locale les derniers survivants des Frères Musulmans, a connu un regain d’actualité à la faveur du mouvement de protestation contre Bachar Al Assad et son pouvoir.

Jamais totalement abandonnée, même après la succession en l’an 2000, elle fait partie de la panoplie des moyens illégitimes auxquels les services syriens n’hésitent jamais à recourir contre les opposants/adversaires/ennemis du régime.

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Harmouch annonçant sa défection

Elle a été utilisée avec un acharnement et une cruauté particulière au cours des derniers mois contre la famille du lieutenant-colonel Huseïn Harmouch. Originaire du gouvernorat d’Idlib, dans le nord de la Syrie, cet officier avait annoncé sa défection des rangs de l’armée syrienne le 9 juin dernier.

Il était apparu dans plusieurs vidéos pour justifier sa décision, dénonçant les ordres de tuer des innocents donnés aux militaires et invitant ses camarades à se ranger au côté du peuple.

Les autorités syriennes sont parvenues, au début du mois de septembre, à le récupérer dans la zone frontalière avec la Turquie, sans qu’on sache encore s’il a été livré par les autorités turques en échange de quelques combattants du PKK, livré par des agents alaouites des services de renseignements turcs ou trahi par le compatriote syrien qui lui avait fourni son logement.

Avant de diffuser ses aveux spontanés à la télévision syrienne, le 15 septembre, le régime de Bachar Al Assad s’était vengé de l’humiliation provoquée par sa fuite en arrêtant et en assassinant plusieurs membres de sa famille, parmi lesquels un enfant, qui n’avaient évidemment rien eu à voir dans la décision de l’officier.

Selon les Comités Locaux de Coordination en Syrie, dès l’annonce de sa défection, les moukhabarat et les chabbiha ont commencé à s’en prendre à ses proches, habitant comme lui le village d’Ablin, dans le Jabal al Zawiyeh, au nord-ouest d’Idlib.

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Le village d’Ablin

La première victime a été son frère, Hasan Harmouch, âgé de 33 ans, qui a été enlevé alors qu’il se rendait à Alep pour y rendre visite à des cousins. Les agents de la sécurité militaire auteurs de ce haut fait l’ont ensuite livré aux moukhabarat de l’armée de l’air, un service réputé en Syrie pour sa cruauté et ses manières expéditives, d’où est d’ailleurs issu l’actuel homme fort de la sécurité d’Etat et du renseignement en Syrie, le général Ali Mamlouk.

Les forces de sécurité ont aussi envahi la maison d’un autre de ses frères, Mohammed. Agé de 74 ans, malade et souffrant de déficit cardiaque, il a été emmené en compagnie de son fils Ahmed (30 ans) et de son gendre Mohannad (34 ans).

Sa femme, blessée à l’épaule et à la jambe par des coups de feu tirés au hasard durant l’opération, a également été kidnappée. Quelques jours plus tard, les dépouilles de Mohammed et de Mohannad ont été remises à leur famille.

Elles portaient des traces de tortures sévères. En revanche, aucune information ne lui a été transmise sur le sort de Ahmed et de sa mère. Un troisième frère, Mahmoud, âgé de 44 ans, est parvenu à fuir hors de Syrie après avoir été blessé à la jambe.

Le 8 septembre, à l’aube, des moukhabarat de différents services sont arrivés dans le village d’Ablin, habillés en civil, à bord de deux camions utilisés pour la distribution de pain. Parvenus devant la maison des Harmouch, où se cachaient plusieurs officiers ayant fait défection et ayant rallié le Mouvement des Officiers Libres Syriens, ils l’ont encerclée.

A 7 heures, des véhicules blindés et deux chars sont à leur tour arrivés sur les lieux. Ils ont bombardé et détruit la maison, faisant 5 prisonniers parmi les militaires qui s’y trouvaient.

D’autres moukhabarat appartenant au service de renseignement de l’armée de terre ont enlevé deux cousins du déserteur : Moussa Harmouch, 22 ans, et son jeune frère Hassan, 12 ans. Leurs cadavres portant des traces de sévices et de tortures ont été restitués à leur famille le jour suivant...

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Huseïn Harmouch passe aux aveux

Les Syriens, atterrés par le raffinement de cruauté des services censés assurer la sécurité de leur pays, préfèreraient que les moukhabarat consacrent leur temps et leurs efforts à déjouer les agressions et attentats commis sur le territoire syrien au cours des années écoulées.

Ils constatent que la lumière n’a jamais été faite, officiellement, sur les nombreuses opérations dont la Syrie a été le théâtre au cours de la première décennie de pouvoir de Bachar Al Assad. Et ils regrettent qu’au lieu de se dédier à leur tâche essentielle, ils passent le plus clair de leur temps à poursuivre et torturer des manifestants pacifiques ou à extirper des "aveux spontanés" à leurs prisonniers, de manière à terroriser l’ensemble de la population en faisant des uns et des autres des exemples.

20 septembre 2011

Source : http://syrie.blog.lemonde.fr/2011/0...


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